« Les
Arts Bourrins, vous êtes là !? » - Casimir, sous hélium,
fan-sosie de Ronnie James Dio.
J'ai
pas envie d'faire le zouave à m'étriper la glotte pour m'épandre
en dictées larmoyantes sur c'que j'ai perdu en temps et patience à
bouffer de la merde pendant des lustres. Les baskets bien au sec,
astiquées comme il faut, à côté des buffles stoïques à la barbe
philosophale renfrognée. Ca encore, j'en avais rien à foutre. Mais
me rappeler au bon souvenir visqueux du Hellfest et de ses congénères
dégénérés m'a fait regretter le jour où je suis né. Planter le
décor d'une tente patentée au milieu d'un troupeau zélé c'est
comme planter le drapeau de la pucelle dans le verger des loupiaux ;
c'est fatal. A demi-sec, comme un raisin qui a mal versé, bien
arrosé par la bruine et la rosée du matin, tout juste décollé des
paupières après une soirée passive à se faire scruter le colon à
base d' « Annie Cordy va t'faire enculer » chaloupé de
bonnes flatulences auditives à peine masquées par les relents
verbeux de la bière de bœufs. Bovins à Bové ou second degré ?
Auto-parodie ? Abruti. Tout le week-end.
Premiers
groupes : à chier. A vomir par terre mon envie de tremper ma mèche
imaginaire dans le pot du festival cette année. Quelconque. Le
premier qui passe. A sec. Pas téméraire je suis, couard j'aurais dû
rester. En attente du prochain arrivage, patiemment, passablement
asphyxié, en se tournant les pouces intérieurement, comptant les
moutons au plafond pour se rassurer qu'on est en bonne et due place,
en forme, pas très conforme, les pieds plantés dans le béton armé
d'un gang de lascars panopliés. Armé d'une patience sans faille, on
s'entérine, se ravine,
et c'est reparti de plus belle. Manque la quenelle, toujours, la
tripe et le chanvre piétinés par une singerie de professionnels en
costards vermeils sous leurs T-shirts crados du Wacken-Hasselhof.
Papys teutons ont pris le pas avec tripotée de déambulateurs à
têtes d'ogives nucléaires. Foutu.
J'ai
lutté, j'ai fait ce que zébu. Z'ai pas bu, pourtant, mais z'aurait
dû. Une nouvelle question jaillit : l'alcoolisme est-elle inhérente
au style, comme une praxis émergente au fil des années
d'expérience, ou découle-t-elle de l'abus de ce même style sous sa
forme live ? A trop bouffer de la misère artistique à bas prix, il
faut se trouver de quoi voir trouble pour distinguer un truc dans la
mêlée de riffs et parpaings mal mis au jour, sûrement sortis de
l'utérus d'un rebut d'une atrocité pondeuse de Tchernobyl. Ramasse
tes groupes de Death moule-fritures pas inspirés à gorges
rougeâtres déployées pour capter l'O2 sous les spots lumineux en
bramant des inepties pour expulser le regain de timidité.
Pour
conjurer le sort, les (faux-(cilles)) russkofs étaient de la partie,
aussi, avec du Grind de kolkoze koulaké par la faucille et le
marteau endimanchés de quenottes, aux quenilles ? Nan, aux mimines.
C'était rigolo, le premier à se prendre autant au sérieux que le
public était SxE. J'épargne le reste de la clique parce que j'en ai
ma claque et que je renvoie en rétrocyclette au début de ma
logorrhée égarée.
En
guise de bourrasque tranquille consolante et ravisseuse de deniers,
je me suis réfugié vers les stands d'opium sur galette, plus ou
moins grosses ou petites, plus ou moins dignes d'intérêt. Valeur
refuge, quand le live sent les dessous pas lavés d'un grassouillet
fan D'eath-calotte olympique. Bougre de bouse, suis-je vraiment fait
pour capter les lumières aveuglantes d'une télé à peine plus
réelle ? Où est la subversion dans des pantins en pantoufles
pétochards et partouzards ? Consanguinité scénique, dans la
profusion de familles d'une même communauté. Le tiers-mondisme de
la musique dans un seul et même festival, alors que merde, il y
avait de quoi se réjouir en fin de festoch' !
Mais
il était humainement impossible de se garder un espace de tolérance
dans le coin de la tête pour se résoudre à emporter la déception
sur l'autel du sacrifice. Qu'une envie : fuir, fuir, fuir, de toute
part. Au revoir Prön Flavurdik, tu es le seul qui m'aura
vraiment manqué ; à ma collection de perles canards WC, qui aurait
de toute manière dépareillée, tant tu m'aurais émerveillé.
Découvertes restées vertes et pas mûres, tant pis pour la
braguette, c'est tintin. J'en oublie volontairement parmi les
captations de présences avinées et stan-starisées par la culture
YouTube de la choré parfaite du vrai parfait. Même pas le groupe de
reprises de Black Sab' n'aura réussi à m'esquisser un semblant de
satisfaction brute et sincère. Avec deux grammes dans chaque
parcelle de mon bulbe rachitique qui me sert de capsule cramoisie
pour emmagasiner les blagues et autres répertoires de lieux communs
à éructer en soirée ou bonne société, j'aurais peut-être pu
subvenir, sous peine de frôler le sur-régime, avant de renvoyer sur
les pétunias mon dégoût de la soupe à la rouille (Metal, ok ?).
« Les
Arts Bourrins m'a tuer ». Les 14 euros m'ont pris pour un
bourri ; j'aurais dû tenter
le concours de cris, éclair lumineux dans le ciel gris de la
Normandie.
Ah
oui ! Et puis, à part ça, j'ai quand même aimé 17 Seconds
Left, parce que c'est des gentils, et Last Breath Before The
End, parce que c'est des Caennais et qu'ils ont trois grattes
pour faire du Deathcore semi-bien branlé qu'ils savent même pas que
c'est du Sludge. Sans déc'.
Cette
fois, c'est bon, je vais me coucher, en tout bien tout honneur, avec
ma cousine la fée Mélusine.