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jeudi 12 avril 2012

THX 1138 : 1138 mercis


MAINSTREAM, MAIS PAS TROP
Sexe, bouffe digne de ce nom, pilosité, lucidité et pour résumer « humanité » ne sont plus qu'un lointain souvenir. Tout est contrôlé, mesuré, évalué, calibré, modéré, sous la coupe d'une police androïde aussi intelligente qu'un grille-pain à qui on aurait appris à mettre un pas devant l'autre.

Film de SF dystopique typique, qui évoque les Welles les plus connus ou Le meilleur des mondes.
MAIS la mise en scène tue la bite, et subjugue en VO quand la VF laisse septique... Si on reconnaît quelques éléments qui sonnent comme les prémices de Star Wars : son des motos qui fait penser aux pods de La Menace Fantôme, le tintement de la cloche n'est quand même pas le même.

Vachement plus mature (dans le sens désabusé et pas très enjôleur) et abouti esthétiquement, traitant tout à l'épure, pour laisser travailler l'imagination. InTRONisé avant le film de Disney, il en épouse la représentation spartiate allant à l'essentiel tout en empruntant une voie diamétralement opposée. Le blanc laiteux, liquide séminal ou amniotique dans lequel sont plongés les protagonistes fait autant penser à Matrix qu'aux plans d'introduction d'Alien 4.

« WORK MORE. BUY MORE. BE HAPPY ».
Dans le propos, il est revendicatif et dénonciateur, ralliant presque le cynisme mordant d'un film de Romero (Zombi), coupant à la serpe la société de consommation et la religion comme opium du peuple. Pas de geekeries superflues, tout est affaire de société néo-industrielle où les masses sont produites par et pour la production en masse.
Travailler plus pour gagner plus pour consommer plus, déjà vu non ? Le bonheur dans le travail, l'épanouissement de soi par la valeur marchande, autant de valeurs pré-68 dénoncées pendant les années 70, et qui résonnent à pleine turbine dans cette satire à peine dissimulée du capitalisme forcené.

Bref, les paroles sont éculées, mais ça fait toujours du bien de se faire administrer un message subliminal en contre-pied des mœurs bien-pensantes actuelles. Un peu de mauvaise foi et de pas mal de toupet pour (r)éveiller les consciences n'ont jamais fait de mal à personne... L'Etat ultra-patriarcal, si.  
7/10

vendredi 16 mars 2012

Little Odessa : GTAilleurs


Transporté par une musique Pavlovienne qui me fait saliver, tirant la mise en scène vers le haut pour camoufler les nombreuses invraisemblances qui font toujours le charisme indéniable d'un type, d'une gueule, d'un personnage qui porte le film et l'amène à un stade supérieur, celui de la biographie d'un être unique, d'un destin sans pareil.

Icelui, c'est un tueur en série, un homme de main, un tueur à gages... Débarquant d'une famille Juive-Russe, il balance net à la figure, sans ambage, "Nico Bellic a tout tiré de moi". Car oui, tout est affaire de grand crime, grand banditisme, de mafia de petits pères des peuples. 

Et pourquoi ? Pour ce qui est presque un grand film intimiste, sur une personnalité de chien battu qui n'en finit plus de mordre en représailles, servi par un casting d'abonnés aux rôles similaires : du Reservoir Dogs par ci, du American History X par là... Des tranches de vie de malfrats ou de mauvais garçons qui sont tellement épais qu'on a parfois du mal à les imaginer hors de l'écran. Alors d'accord, c'est pas crédible, mais pourtant qu'est-ce que c'est bon... Qu'est-ce que le cinéma a de beau à magnifier des choses aussi abjectes que le meurtre de sang froid, les brimades et les frustrations de l'être, comme pour mieux les exorciser dans l'oeil du spectateur un brin perverti jusqu'à l'os. 

Du plaisir, à l'état brut, avec bien sûr une bonne dose de poésie naphtaline et tragique pour arroser la rasade et faire filer l'heure et demie comme une seconde.  
8/10


mercredi 14 décembre 2011

Shame : It's a...


Shame. Après La Piel que Habito qui le précède de quelques semaines, encore un film qui pose la psychologie humaine sur l'échiquier du cinéaste pour faire l'étude d'un spécimen bien particulier, satyr des temps modernes, et qui par sa figure archétypale s'avère pourtant si commun, si répandu, qu'il renvoie au spectateur sa propre image, blême, avilie, meurtrie. Dégradée, de fil en aiguille, pour recoudre les morceaux de tissu d'une enfance en lambeaux... mais stop, je n'en dirai pas plus.

A vrai dire, ce sont des thèmes connus et reconnus, bien sûr, servis par des manifestations explicites du mal-être, de l'absence d'estime de soi, de profonde vacuité d'âme. Tout cela, ce n'est que pour mieux amener un signifié porté à bout de bras par un signifiant faisant ressortir une sorte d'essentialisme cinématographique, reprenant l'expressivité primitive du cinéma muet en l'encadrant de longues phrases musicales dirigistes... qui ont leur revers, certes, à l'instar de la scène d'entrée des regards croisés dans une rame de métro, presque trop « habillée », dès l'accroche, sans raison apparente, comme si le but était de former une boucle avec le dénouement.

La beauté de la réalisation est troublante, terriblement efficace pour dénoter ce que l'on veut bien y trouver, une fois le sens primaire du scénario acquis. Si bien que les « orgies du pauvre » sont ostensiblement sexuées, mais ne sont pas fondamentalement racoleuses, tout juste purement dérangeantes, affreusement belles. Érotiques, mais pas érogènes, elles sont l'écho sourd des ombres de monades urbains qui se frôlent sans s'envisager, se parler, se connaître, et qui un court instant partagé, fatalement monnayé, au-delà de l'interface d'une séduction par les mots, se rassasient, pour combler une faim récurrente et inextinguible.
Ces scènes de sexe, en ce qu'elles ont de vrai, de cru, ont toujours tendance à me mettre mal à l'aise. Je ne suis à coup sûr pas le seul dans ce cas, et c'est bien là tout l'intérêt d'un film qui doit mettre à mal nos inhibitions pour susciter l'inconfort puis le dégoût pour choquer, déboussoler, inciter à la réflexion pendant de longues scènes contemplatives, aux confins d'un « 2001du cul », souvent tellement esthétiques qu'elles accentuent notre sentiment de culpabilité... et donc de honte.

En soi, bien mal serait d'avoir totalement honte, car ce sentiment purement social, manœuvré, orchestré par un habitus qui dicte les conduites correctes, n'est pas même respecté des plus puissants, détenteurs de la morale, ou du moins en surface, le temps d'un discours édifiant, démontrant une nouvelle fois la fatuité des mots.

Si des situations peuvent prêter à sourire dans cette partie de chasse, c'est parce qu'une situation psychique extrême appelle conséquemment une emphase de la mise en scène qui me ferait presque honteusement penser à Requiem For A Dream. L'impasse dans laquelle se trouve le sujet place l'absurde au centre du drame, appuyé par la compagnie de sa sœur qui produit un viol de l'intimité et par conséquent une rupture entre son monde intérieur et le monde extérieur.
Et au fond, si l'on peut paraître si cynique, c'est surtout pour se prémunir d'assauts impudiques au moyen du rempart de la moquerie et de la distanciation, comme dénonciation arbitraire du vraisemblable. Heureusement, le cinéma d'auteur fait ses preuves, rigoureusement détaché du documentaire, travaillé au corps et à l'âme, pour exprimer une réalité de l'être peut-être trop démonstrative, mais tellement persuasive...

Aussi, ce que l'on peut voir comme des longueurs n'en sont pas pour moi. Un film plus rapide n'aurait laissé le temps de se dire les choses qu'à demi-mot, de se parler, et de se masturber - comme diraient les mauvaises langues - que de manière superficielle, sans jouir d'une interprétation creusée. Être avec soi, en soi, ne pas sortir de soi, se répandre un instant au dehors, puis retourner en soi. Fixer les traits de Fassbender, capter des bribes de pensées, d'humeur, toutes subjectives, pour la plupart certainement fausses... Puis s'approprier l'autre, pour redevenir soi, et gagner en épaisseur.

Après Hunger, la Faim, Mc Queen (numéro 2) ajoute un nouveau péché capital à ses commandements, la Honte, pour frapper un grand coup et imposer sa vision prophétique du cinéma, sans atteindre le prêchi-prêcha messianique et subrepticement racoleur de Malick dans The Tree Of Life. Est-il temps que le cinéma se mette à nu pour exacerber les courbes d'Eve et d'Adam ? Serait-ce enfin le signe d'un entrebâillement de la maturité du cinéma américain départi de l'emprise d'Hollywood ? Shortbus aura pu ouvrir la voie, d'autres auront su s'en servir bien plus adroitement. Une bonne appréciation du film, un grand coup pour l'expérience.
Vous savez, ce genre de phrases, « vous n'en sortirez pas indemne », « c'est le genre de film qui ne laisse pas indifférent », vous les entendrez, dans votre tête, dans votre entourage... Et une fois la piqûre de xanax administrée, et sans doute avec beaucoup d'empressement à l'autopersuasion, vous comprendrez pourquoi.
8/10

mercredi 7 décembre 2011

Bad Lieutenant : "You know I'm bad, I'm bad, really really bad..."


Aujourd'hui, Bad Lieutenant ne choque plus pour les mêmes raisons qu'à l'époque. Le politiquement incorrect qu'il faisait suinter dans le sillage de Taxi Driver n'a plus vraiment lieu d'être à l'heure actuelle. Si on est dérangé, ce n'est pas tant pour les scènes criminelles impudiques qu'on préfère habituellement nous cacher, que parce qu'on a de l'empathie pour ce représentant de la loi « libéral » qui s'enfonce peu à peu dans la mélasse sans pouvoir s'en dépêtrer.

La figure intemporelle tragique de la chute d'un homme en son corps et âme fonctionne toujours aussi bien. On y voit un ripoux camé du soir au matin, du matin au soir, sans jovialité, sans vie, traînant sa carcasse, laissée vacante à l'écran sans qu'on sache qu'elle a été la berline qui occupait précédemment le garage du poulailler. C'est sans compter sur la religion catholique qui vient mettre son nez dans le merdier des rues sales pour aider à sortir du ghetto mental l'âme en perdition.

Vous l'aurez compris en lisant entre les lignes, le pitch est bon du début à la fin, et c'est tant mieux. La réalisation mange également aux bons râteliers, pour passer progressivement de la loi de la jungle à l'ennui urbain le plus total. Le procédé fonctionne si bien qu'on prend peur de ne pas capter le sens crucial des cinq dernières minutes. Sûrement parce qu'il n'y en a plus dans le quotidien criblé de balles du flic à la démarche vacillante. C'est là que la mise en scène prend donc plus de place et d'ampleur, pour faire part de la neurasthénie de ce type au bout du rouleau, prêt à rendre tout, la bile comme les armes. D'un rien pouilleux, ça devient beau, innocent, et gracieux.

En retournant sa veste, il avait le choix entre embrasser les pieds de la croix ou la bouche d'un M-16, et je vous laisse le luxe de découvrir ce qu'il adviendra de sa peau flasque et bouffie.  
8/10

Il Divo : Wolf In The Throne Room


Une mise en scène magistrale, moderne et dynamique qui confine parfois au génie. Le travelling rotatif immerge totalement dans un film où on glisse, parfois en vue subjective – et donc dans la peau d'un personnage - à travers les décors animés par C'est un régal de voir Andreotti se liquéfier au fur et à mesure derrière son masque de plomb. Sa face rabougrie de Yoda Quasimodo laisse parfois pénétrer quelques raies expressifs à travers le blême. C'est dans la parcimonie que passe la moindre émotion sur ce bloc de pierre au cœur de choux. La performance d'acteur de Toni Servillo est donc à souligner, car jouer un personnage à l'économie est presque aussi difficile que camper un hyperactif grabataire.

Les tenants et aboutissants des accusations menées contre Andreotti filent à toute vitesse, si bien qu'il est préférable de se munir de son calepin pour noter tous les acteurs de la mascarade et ne pas perdre le fil de péripéties variées qui cèdent assez peu de terrain à l'ennui. Quand pourrait poindre le réquisitoire à charge sérénissime contre un homme politique, débarque un éclair loufoque qui fait penser que si la mise en scène est aussi débridée, c'est aussi grâce à un parti pris du grotesque qui force le respect, tant il s'insère parfaitement dans le speech politique qui gagne en impact. La scène de confession d'Andreotti face à la caméra, seul au milieu de son salon, est impressionnante de puissance émotive, et fait véritablement passer un grand moment de cinéma.

Globalement, les nombreuses astuces de réalisation parviennent à activer le « suspension of disbelief » pour un temps, et ce n'est pas exagérer que dire que la réalisation sauve le film du naufrage activé par une propension à se lover dans la farce de personnages typés au grotesque sur lesquels les traits se tirent à l'infini jusqu'à toucher au folklore d'un Reservoir Dogs.
7/10

La solitude des nombres premiers : A l'ombre de ton nombre


A peine installé, la scène d'intro défrise, d'un kitsch baroque comme seuls les Italiens, voire les grecques, peuvent en faire ; si on oublie les méfaits de Carpenter.

La suite des hostilités expose un montage qui paraît complètement foutraque, alors qu'il s'avère finalement dingue de précision. En effet, faire s'imbriquer pêle-mêle les trois périodes d'une vie (l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte) est déstabilisant, mais est en fin de compte un redoutable (ou fallacieux ?) procédé... Puisqu'on est la plupart du temps perdu. A ne pas avoir l'oreille Italienne, on en oublie vite les prénoms, et ce n'est pas la forte ressemblance entre la sœur du protagoniste, alors gamine, et sa copine à l'adolescence qui y remédieront. C'est un jeu, le cinéaste souhaite perdre le spectateur, ou, au choix, lui coller la nausée.

Globalement, le metteur en scène s'en donne à cœur joie, et c'est communicatif. Beaucoup de plans fourmillent d'idées, que ce soit en terme de cadrage, d'habillage sonore constant, ou tout simplement de décalage de ton entre ce qui est montré et ce qu'on entend. Pour l'ambiance de certains plans, on n'est pas loin d'un Lynch, et on fait un grand bond dans le passé lorsqu'il s'agit d'entendre les inquiétantes mélodies comme Hitchcock savait les dessiner.

Dans la forme, c'est malsain, et dans le fond, ça l'est de manière plus visible. Les situations font une fixette sur le scabreux, l'extraordinaire et la noirceur de l'âme humaine, si bien qu'on croit vite à la thèse du conte sombre et très pessimiste sur la condition humaine, de l'origine à son salut.

La dernière demie-heure est plus décevante, moins exubérante et plus prévisible. Elle est « rangée », peut-on dire, comme ces deux « nombres premiers » qui resteront malgré eux isolés mais qui pour un temps se retrouvent et se réunissent.

Beau, il appartient à la cour des films « coup de poing », qui dérangent, puis choquent. Dans ce sens, il m'a rapidement fait penser à notre Gaspar Noé national : Seul Contre Tous, mais surtout Irréversible. L'ultra-violence autodestructive, latente, évoque un Orange mécanique de la dissimulation.

La solitude des nombres premiers n'est pas un film d'auteur, mais une adaptation que j'imagine libre (sans avoir lu le livre) et donc réussie ; assez en tout cas pour que les infidélités soient gommés par l'essai cinématographique. Et si en plus Mike Patton, celui qu'on connaît pour Faith No More, Mr Bungle et Fantômas, est aux manettes de la BO... Que demander de plus ? Ce que je sais, c'est que ça donne sacrément envie d'en (sa)voir plus au sujet du réalisateur.
7/10

mardi 6 décembre 2011

De l'eau tiède sous un pont rouge : La Fontaine, je boirai de ton eau

Le sujet de départ est incroyablement cru et risible. Pourtant, malgré son côté crade, le film d'Imamura est indéniablement poétique. Je dirais même plus : sa manière de représenter la passion amoureuse est inouïe, que ce soit en termes d'amours naissantes ou de celles en voie d'extinction.

Au diapason, l'ambiance développée par la réalisation contribue à rendre l'expérience suave et paisible. Toutefois, la mise en scène évolue étrangement. Tant est si bien qu'elle est parfois hallucinée, sans vraiment en connaître la justification, au point de totalement dépareiller avec le point de vue classique du cinéma Japonais qui domine le film. Malgré tout, l'esprit général demeure déluré et loufoque, tant le sujet paraît dès le départ incongru. Et c'est justement en cela que réside la prouesse du réalisateur, en cette capacité de transformer la laideur débile d'une femme fontaine ne pouvant contrôler ses « flux » en une fable d'une beauté rare sur les rapports humains.

A rebours, avec du temps et du recul, le film appartient finalement à la catégorie de ceux dont on se souvient plus pour leurs scènes « chocs » et inédites que pour leur propos sous-jacent, ici caractérisé par une histoire d'amour peu banale appuyée par un humour bonhomme et jovial omniprésents.
7/10


vendredi 2 décembre 2011

Album du jour : Clouds - We Are Above You

L'exception confirmant la règle, je me jette sur la carcasse récupérée sur la charogne du binaire. Sorti dans l'anonymat le plus total, je m'apprête donc à explorer une cavité peu encline à la francophonie. Après avoir allumé ma Torche, insérée ma cassette des Melvins dans la boîte à gants et m'être administré une bonne dose de Punkcore'n'roll façon Coliseum, j'ai mis mon manteau, mes mitaines et ai bien sûr pensé à me coincer un doigt dans la porte pour mieux ressentir les sensations du dernier Danny Boyle en 24 heures chrono. Se préparer à la surprise, ce n'est jamais trop peu en faire, et ça évite bien des désagréments. 

Mais dans le cas qui m'intéresse, moi, je, et surmoi, c'est la découverte d'une nouvelle friandise psychédélique que j'aurais pu ranger aux côtés d'Across Tundras sur mes étagères poussiéreuses de jeune campagnard coutumier des étagères fournies ras-la-gueule. Pour un essai de cow-boy perdu dans le middle-west, quelle est la meilleure durée de ballade à cheval, au pas de course, au galop, puis au trot ? 30 minutes me direz-vous ? Mais c'est qu'on n'est pas en la présence d'un Reign In Blood fastcorisant là... Et pourtant, une fois n'est pas coutume, ces 40 minutes en font taper les 20 dans mon horloge interne. 

Si on voit du bien, on y voit aussi du mauvais. Ecouter négligemment tous les morceaux se suivre sans anicroche, c'est aussi ne rien détecter en terme d'hypothétique hit, tube, single, soit ce qui fera vendre dans des milliards d'années lumières, aux abords d'une galaxie remplie de chemises à carreaux et de colliers de barbes ambidextres. Mais ! Suis-je bête ! Oui, on est animalisé, d'accord, mais en bonne compagnie, car le champ masculin viril mais intelligible et bravant à l'unisson les dernières notes de l'humanité sont presque aussi cool que les appels au mosh-pit du Punk Californien qui marche si bien auprès des jeunes jambes à planche montée sur roulettes. Et si en plus de ça la gent féminine y met son grain de riz, que peut-on y faire ? Etre désarmé devant un argument Kylesien renchéri par une guitare aux effets de delay et de wah-wah connus mais si "nice" au soleil de la Toussaint. Du Stoner de metalleux seventies, hippie arrivé trop tard sur le parvis du pacifisme pour ne pas choper les réflexes bâtards de Queens Of The Stone Age et Black Flag.

Trêve de bavardage, je suis un bien pauvre prêcheur de mauvaise foi, car pour peu qu'on tourne le bouton du volume vers la droite pour de bon, comme pour déposer son bardât dans un barouf fracassant, on y trouve un champ impressionnant de fleurs hétéroclites allant du bouquet de pétunias en passant par des pissenlits bouffés par la racine, des paquerettes ruminées par des vaches Margueritte, et des Dahlia pétant de couleurs achromatiques. Synthétisant des époques et des courants avec luxe et talent, Clouds est peut-être le truc le plus viscéralement jouissif, débridé, doué, à la fois addictif, immédiat mais dur à connaître sur le bout des doigts, que j'ai pu écouter depuis les lustres mal décrassés de la confrérie de Buzz Osborne. Du réchauffé, peut-être, à l'emporte-pièce, probablement, mais de la bonne came, pour sûr.
7/10

Allez, parce que j'aime les singles ballade Scorpionometalliquesque cultivés dans mon jardin 100% bio, garanti sans aucune onde radiophonique émanant des producteurs d'Ornithorynques Généralement Mauvais, je vous gratifie du chant féminin Subrosien qui fait fondre. 

mercredi 30 novembre 2011

Album du jour : His Hero Is Gone - Monument To Thieves

Retour, wayback machine pour du Crust à corniches plombant mais toujours moins fondu que ses prédécesseures les galettes, fendues d'enclumes martelant le pavé. On se dit toujours qu'il vaut mieux écouter l'appel du large et revenir aux bonnes sources bien sûres et cristallines, plutôt que cultiver l'ivraie pour trouver le grain minuscule dans la mêlée. Et ce n'est pas vraiment faux, sauf quand ladite pensée est habitée d'une certaine paresse auditive. D'accord, MTT c'est Like Weeds, un phénomène à lui tout seul, abonné à l'intro dantesque et aux summums de l'épopée, mais il faut reconnaître que les 25 minutes défilent sans s'en rendre compte, en passant par un "Chain Of Command" au riff inspiré et infiltré de pessimisme apocalyptique.  Du lourdingue coupé à la gomme à dopamine, qu'on m'en donne, car je ne cherche après tout plus autre chose que me rappeler aux bonnes choses du temps passé. A la fois le meilleur hommage que je peux lui rendre et le pire affront que je peux lui faire. A toi/vous/moi de choisir (ou de moisir ?).

mercredi 23 novembre 2011

5 centimètres par seconde : Le temps d'un film


Pour la chute des pétales, ou que ce soit pour le nombre de kilomètres parcourus par un camion vers la station d'amorçage, le temps s'arrête et les corps s'abandonnent à l'esprit pour laisser libre cours à l'épanchement des sentiments, refoulés, contenus, emprisonnés par des principes d'éducation et de morale.

Le film de Shinkai se donne pour objectif de retracer le parcours psychologique de jeunes en quête d'âme sœur, à travers des portraits classiques reformant par exemple l'essence du triangle amoureux. L'universalité, c'est ce que tente de toucher l'auteur du scénario, en privilégiant une certaine fidélité à la naissance du sentiment amoureux chez un être humain, avec ce qu'elle implique de pureté, d'illusions, d'espoirs, mais aussi et surtout de retenue, de difficulté à se donner à l'autre (une mise en exergue de la soi-disant timidité des japonais ?) ; plutôt que l'innovation dans la divergence, la marginalité. Choix acceptable, mais qui du coup ne le démarque en rien de la masse de films à l'eau de rose, grouillant de bons sentiments, et qui ne se distinguent que par un caché défini par leur provenance.

Visuellement superbe, il joue beaucoup sur le clair-obscur, la saturation des couleurs en contraste, ou tout bonnement la surcharge de détails (le ciel étoilé avec des aurores boréales) pour conférer un aspect riche et vivant aux environnement créés.

La succession des plans se fait ponctuellement de manière saccadée, empressée, donnant un aspect de bande-annonce à un film qui fait dans la rapidité, ne serait-ce que par son format court. Les dernières minutes illustrent parfaitement cela. D'un autre côté, le film se donne aussi les moyens de jouer la carte de la poésie, concept un peu surfait dans le genre romantique, surtout lorsqu'il s'agit d'un film du pays du soleil levant, certes. Pourtant, pas d'autre qualificatif que celui-là pour désigner une œuvre mise en relief par l'entremêlement de la narration et d'une mise en scène essentiellement basée sur la technique numérique.

Le son est aussi un point fort du film. Certaines scènes dévoilent un spectre large d'éléments sonores, avant de brutalement se retirer au profit du silence le plus accablant. Souvent pour souligner un événement anodin, ce procédé permet d'insuffler une nouvelle dose de poésie à travers l'inattendu, l'inouï.

L'animation, enfin, permet de mettre une distance et de prendre ces histoires d'amour pour des contes oniriques, confinés à l'imagination idyllique, image chimérique et quelque-peu stéréotypée de l'amour, sous toutes ses formes. Ainsi, on se permet de rêver au lieu d'être réfractaire à un contenu peu engageant pour un film photoréaliste.

Evidemment, en y réfléchissant bien, on n'échappe pas au sentimentalisme nippon facilement appréhensible, ni aux « japoniaiseries » souvent décriées, mais la sincérité et le cœur à l'ouvrage empêchent de s'adonner à la méchanceté et au cynisme, mais donnent plutôt envie de s'abandonner et de devenir fleur bleue. Pas sûr que la formule aurait marché avec un enrobage occidental, mais après tout, regagner un peu de son innocence ne fait jamais de mal, surtout quand le paysage est aussi beau.
7/10


dimanche 20 novembre 2011

Le dernier combat : Post-apocalyptisme préhistorique



Dans cet essai atypique pour un réalisateur que tout le monde croit connaître, les esclandres mutiques font écho aux bravades étouffées. En somme, Besson est là où on ne l'attend pas. Sur le terrain du film d'auteur, suffisamment ouvert pour être divertissant, pas assez explicite ni expressif pour toucher tout péquin qui baguenaude.

Mais c'est toujours la même rengaine avec Besson, chassez le naturel et il revient au galop : les musiques kitschounettes jouées au clavier prennent trop de place. Trop fidèles à leur temps, elles rappellent au mauvais souvenirs du Grand bleu ou de Nikita... et passent sacrément mal l'épreuve des années. Installées avec ingéniosité pour ponctuer le comique, l'angoisse, l'excitation ou la quiétude, elles gagneraient parfois à ne pas être entendues.

Du cru de l'image, le sésame du noir et blanc n'est pas très stylisé. On n'assiste à aucun effet, aucun habillage d'une réalité terne et sauvage, tout juste embellie par une sorte d'épure « neutre », assez propre pour assurer l'impact de l'action sans pour autant en mettre plein les mirettes.

Toujours dans le dépouillé, la particularité du film tient en son absence quasi totale de dialogues. Juste deux « bonjour » échangés, c'est maigre, et pourtant ça donne tout un charme. Cette caractéristique ne facilite toutefois pas la lisibilité de certaines scènes, qui ont du mal à faire sens dans l'intrigue. Heureusement, le brouillon s'efface devant un jeu d'acteurs auquel il n'y a rien à reprocher, et qui de toute manière n'a aucun rapport avec le réalisme.

Mais la maison sait quand même faire dans l'excentricité scénaristique. La bête humanoïde sortie du coffre par « el padre » du coin fait à tous les coups penser à Pulp Fiction et à « la chose » si bien connue... Et je ne cite là que la scène la plus « cinéphile », car le reste ne dépareille pas, privilégiant le surréalisme de scènes flirtant avec l'improvisation théâtrale.

Pour ce faire, Besson mettait déjà en place son acteur fétiche : Reno. Avec sa barbe surmontée de lunettes de binoclard, il en impose, mine de rien. Son rôle de simili-chevalier de l'apocalypse/des temps modernes préfigure déjà, si on pousse un peu, celui qu'il aura dans les Visiteurs.

En bref, le film est à voir pour savoir que Besson s'est essayé au cinéma avant de produire à la chaîne des divertissements marqués du sceau « approuvé par le public, avec les remerciements de votre banquier ».

7/10



Le journal d'un loser : Suicide collectif à larmes blanches


Le bouchon lyonnais. Ou probablement le trou. L'apathie universelle de la jeunesse, plus sûrement. Se ressasser son pessimisme comme un fardeau de colporteur un peu trop gros pour des épaules de jeunes urbains pas vraiment taillées pour le body-building. Au cœur du point névralgique symbolisé par le couple formé par l'écrivain autobiographe et sa petite amie virginale se greffe une troupe de potes réunis par un même regard désenchanté sur les beautés spécieuses du grand Monde.

Un couple elliptique, pour ne pas s'installer dans la paresse d'une petite histoire réglée pour remplir un projet de motivation d'intrigue. On prend le train en marche, et on en saute pour ne pas connaître le terminus de la bande.

Par bribes, on capte des flots de pensée, mis en commun et aussitôt submergés par le bruit. Concerts arty ou noisy dans des lieux exigus, caves ou semi-squat (le Grrrrrrnd Zero ?), soirées films avec avis divergents et concours de noms d'oiseaux pour cracher dans la soupe du pain quotidien... Une culture du laisser-aller de tous les jours pour voir accoucher un maigre RMI le temps d'un mois, jusqu'au suivant. En attendant, un récital d'états d'âme en soliloques sur ce qui aurait pu être un accomplissement individuel du rêve Blanc.

Point de rêve qui ne soit perdu, point de salut à l'horizon. Visuellement aussi, la figuration prime sur l'onirisme. Les touches picturales embellissent le tableau décrépit d'un dégradé de couleurs au nombre de 3. La technique graphique se nourrit, en négatif, du mal-être des individus pour rendre honneur au silence, et donc à la page blanche. Un standard de noirceur cède à un autre qui le supplante pour un court instant. La valse de la cour des miracles tient au grand hommage artistique rendu à ces anti-héros de tous les jours qui se succèdent et ne marquent pas de leur empreinte les pages de Wikipedia.

Un moment de triste banalité vraisemblable, trop peu noble pour être un roman, pas assez épique pour être une BD à part entière. Une succession de tranches de vie par trop connues, réunies en 120 pages, partageant les mêmes ciel, appartements, rues, histoires, états d'âme, gris, noirs, à peine éclairés par un blanc immaculé, sans espoir de quitter la tourmente de l'ordinaire le plus rasoir.  
8/10


Moon : « I Am ! The one and only... »


Non, il ne s'agit pas d'un son extrait de CSS kikoo-mégaPGM-lol, mais plutôt d'un film qui n'entrerait jamais dans le champ de connaissances du joueur moyen du FPS.
Moon joue plutôt dans la cour des films de SF. Bien large case que celle-ci, où se côtoient les œuvres les plus chimériques et celles les plus cartésiennes. Lui, il ne se détourne pas de la crasse et propose, en plus de décors d'influence Steampunk, une vision pessimiste des lobbys industriels du futur.

Le progrès technologique ne se fait pas réellement sentir, mais on sent la préférence avouée du réalisateur pour une esthétique cinématographique qui a déjà fait ses preuves et qui renvoie donc au bagage représentatif du spectateur. Star Wars (l'intérieur des maisons sur Tatooine, entre autres), Alien (le vaisseau principal), tout paraît fait pour toucher à une esthétique futuriste déjà codifiée, pour la retoucher quelque-peu (clap-clap dans les mains, véhicules lunaires tout-terrain façon Mass Effect), mais sans trop la faire évoluer sous peine de la dénaturer et de perdre en référentiel connotatif.

La mise en scène est d'une sobriété remarquable, plus que le scénario, qui se posent tous deux en antidote de l'école Nolanesque que tant de gens aiment tant... décrier. Cette sobriété est surtout synonyme de froideur aride. Celle-ci transparaît dans le ton des couleurs, quasi absentes, tout juste nuancées par des « couleurs vives » plaquées à l'emporte-pièce pour souligner le désarroi, le désœuvrement, l'ennui et l'attente... voire le drame. Pour faire un parallèle osé, je dirais qu'il est quelque-part dans une même branche génétique que le remake de Solaris, pourtant moins réussi que Moon. Apaisé, clair, limpide, presque onirique. A ce titre, la bande-son au poil y fait beaucoup. Elle s'avère mature et fidèle au sentiment d'isolement et de quiétude que l'on éprouve en suivant les lignes du scénario.

Un des thèmes centraux du film, touchant fondamentalement à la dystopie, est bien sûr l'éthique. Celui-ci est posé de manière inventive et intelligente, si bien que la SF n'est pas une fin mais un moyen. Que ce soit pour un clone ou pour un robot, il est question de conscience, et donc de droit de vie ou de mort de ses créateurs. Si le sujet est cher aux films d'anticipation malins, il est ici traité sous un angle intéressant qui dévie de la moyenne et place le protagoniste face à ses démons.

Après la séance, j'ai eu l'impression d'avoir vu un essentiel de la SF, auprès duquel j'ai ressenti à peu près la même chose qu'en visionnant le premier Alien ; et ça, c'est fort.
8/10

One Second Riot - One Second Riot


Passe, l'impasse, surpasse, dépasse. Mouvasse, mauviette, mauviasse, aux oubliettes. A se shampooiner les regrets, on crée l'absence. A s'ingénier sur le passé, on en oublie l'ivresse. One Second Riot dans ma besace, mes souvenirs à bon compte, beaucoup d'espoir aux pavillons, des salves d'ondes indomptables pour torpiller les tympans. Panpan le lapin ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Faire part de ce qu'on aime, c'est dire n'importe-quoi, exprimer ce qu'on ressent, c'est jouer au petit bonheur la chance. Apprendre des instruments c'est puiser la chimère bonheur là où on ne la trouve plus.
Avec tendresse, les brutes effleurent les cordes. C'est un déluge de bon sens, dans la composition comme dans la manière de transmettre les émotions. Sans trop user de la violence, les messages variés et contraires sont transportés par canaux entiers. Mature, mûr, abouti, tout ce que vous voulez, l'album ne lasse pas et tourne en boucle tant chaque morceau est prévu pour s'inscrire dans la suite de l'autre, en rétablissant un équilibre ou en déconstruisant l'accalmie de courte durée. Dans l'ensemble, l'affront n'est de toute manière pas très violent, le groupe préférant de toute évidence le bâton au lance-roquettes. Après l'effort de guerre passager, la paix dans les bras de la bonne mère la Muse à tous. Des maîtres, on en retire plus qu'un enseignement, une institution. A suivre.
8/10

Splinter Cell : I'm the Fisher man


Rester tapi dans l'ombre. Se faufiler furtivement derrière ses adversaires. S'approcher d'eux, lentement, à petits pas. Puis les saisir au col, et leur faire sentir le poids de ma musculature. Mon nom est Sam Fisher, et le jeu où vous pouvez m'incarner se nomme Splinter Cell.

Ahem... Tout ça parce que Splinter Cell était à peu de choses près le premier jeu d'infiltration autant immersif, avec sa vue à la troisième personne bien rapprochée, sa visée à l'épaule méga classe, ses effets de lumière saisissants de beauté, ses gadgets qui faisait passer chaque boutonneux pour un agent secret, et ses approximations d'IA et de level design qui donnaient l'impression d'avoir réalisé un exploit surhumain en ayant réalisé la combinaison d'actions parfaite.

Souvent, Splinter Cell c'était du Die & Retry. Ou plutôt, du « Fail & Retry », histoire de réaliser la mission sans accroc, sans se faire repérer, sans éveiller aucun soupçon, sans déclencher d'alarme, quoi. Et c'était jouissif, immensément jouissif. Quand Metal Gear frustrait pas mal avec sa vue du dessus pas banale, quand Commando séduisait mais s'avérait trop dur (pour le premier) ou trop brutasse (pour le deuxième), Splinter Cell était la référence du jeu d'action « top classe » qui sous ses dehors d'énième propagande pro-ricaine Tom Clanciesque, donnait sérieusement l'impression de jouer à un jeu de philosophes.

Avec les souvenirs qui enjolivent et qui zappent les défauts, Splinter Cell c'était la Rolls des bécanes pour l'infiltration. Splinter Cell c'étaient quelques bugs louches, des alarmes déclenchées à l'abus (un corps mal planqué, hop, grillé 2km plus loin par M. type à l'oreillette !), une maniabilité parfois horripilante, mais qu'est-ce que c'était bien, beau... Et bon ! LE jeu qui faisait acheter la boîte du monstre 'Crosoft, tout juste derrière la franchise Halo.
8/10

mercredi 16 novembre 2011

Intouchables : Touche-atout dans une paire de manches


Drôlerie, Intouchables est surtout un duo comique aux ressorts diamétralement opposés, qui fait mouche, qui en jette et en impose.

D'un côté, un jeune enthousiaste dilettante des banlieues qui jouit de la vie sans se soucier du lendemain, qualifié d'assisté par le premier venu, fusse-t-il riche ou non. De l'autre, un paraplégique plein aux as dont la fortune ne se mesure même pas. Jets privés, maison luxueuse, œuvres d'art coûtant les yeux de la tête, tout lui sourit, et pourtant sa « poisse » le confine au stoïcisme, à la quête du sacré, de la pureté dans la noblesse de l'Art, et bien sûr d'un compagnon de vie qui saura lui redonner du baume au cœur et une joie de vivre infantile qui l'a déserté.
Il pourrait être facile de balancer du cliché à la pelle, sur la douleur qui tenaille l'handicapé au quotidien, le fossé qui sépare définitivement le riche des beaux quartiers du pauvre de la cité, mais le réalisateur préfère se concentrer sur ce qui différencie deux cultures distinctes pour souligner l'écart qui s'amenuise au fil du développement du rapport d'humain à humain.

On n'évite quand même pas de tomber dans les travers qu'on peut qualifier de populistes de critiquer la culture dite « bourgeoise », parmi l'opéra, la poésie, l'art abstrait, qui ferait certainement grincer des dents les plus éminents critiques professionnels, détenteurs du bon et du beau.

Calé dans son siège, sans en attendre trop qu'un moment de plaisir simple et non coupable, le comique est toujours assez frais et distrayant pour passer outre mesure. Ce qui frappe, surtout, c'est le rythme avec lequel le binôme est mené. Suffisamment bien dosé pour déclencher le rire franc sans discontinuer et surtout sans se lasser, assez bien fichu pour faire retomber les zygomatiques le temps d'une pause plus intimiste où les deux compères se rapprochent et se liguent d'amitié, le film est définitivement bien écrit, savamment réfléchi pour aller chercher la spontanéité d'Omar et attraper le spectateur au rire, sans trop jouer sur la corde sensible du pathos, pourtant marqué à l'occasion par quelques mélodies qui feraient presque décrocher une larme.

En redoutant le pire, le résultat s'avère forcément d'une teneur supérieure aux attentes. Surpris, je me suis laissé gagné par la naïveté et me suis embarqué dans leurs conneries de grands gamins, même si leur réunion est sur le papier fortement improbable, n'en déplaise au cachet « inspiré d'une histoire vraie » qui fait toujours remuer les foules pour vendre de l'ivraie. Toutefois, pour un temps, j'ai relégué le costume de cynique au placard pour me laisser aller sans prétention à une histoire qui peut servir de moteur à une réflexion sur l'amitié et les rapports sociaux prédestinés à être marchands.
7/10

jeudi 27 octobre 2011

Album du jour : Joy Division - Closer

La division de la Joie. Pas de celle des vilains de l'autre côté du Rhin, mais plutôt celle du bonheur de tomber amoureux, d'avant en avant, du Post-Punk des petits déprimés de la musique pop commerciale. 
Avec l'expérience des bottes enfilées après pas mal d'albums, les Joy signent là leur In Utero de la maturation hors d'haleine, après un Unknow Pleasures qui marquera la mémoire rémanente jusqu'au bout du cycle jour/nuit à travers les tintements de "She's lost control" et "Disorder".

Moins dansant, plus cérébral et vivotant, avec toujours une "vibe" à la fibre surannée. Les élans vocaux de Ian Curtis se font plus profonds et en accord avec une musique plus cold, plus dark wave, moins post-punkisante, au final. Feutrée, à pas chalands mais écourtés, glissant précautionneusement le long des planches, dérapant parfois au bord de l'estrade bien trop élevée pour ces p'tits gars. 

Dans mes moments d'intimité variablement isolée, "Isolation" et sa maxime "This is the curse of the beauty" et le phénoménal "Heart and soul" reviendront fréquemment me harceler dans mes moments de sanité occipitale. Méandres enluminées sur la route du succès, les spots dans les yeux en frôlant les miradors, dos aux réverbères mais le tracé mal délimité de la route droit devant. L'impatience du moteur rivalisera mal avec l'impuissance d'une basse régulière qui régule le traffic sanguin d'une batterie assignée au rôle de copilote aveuglé par le brouillard pénétré de lumière jaunisse.  

Roulements de tambours madrilènes et sud-africains, dans les sombres tripots d'une ville entartrée et pavée de macadam blême. Retiens le silence pour t'en servir à bon escient, repousse la nuit qui tout compte fait te tiendra bien trop tôt. Une raison de dépenser un peu de ses points de sommeil pour gagner plus, en se dépensant toujours plus, jusqu'à ce que la corde achève d'enserrer un cou sollicité, cravaté la journée, noué les nuits glacées, et qui se brise, soudain au vent, en un dernier instant de lévitation bien mal intimée.
7/10, counting heartbeats.

La pièce à part, l'épilogue mystique :

mardi 25 octobre 2011

Album du jour : Obituary - Cause Of Death

Death de Darth Vader. Mou du genou, inconfortable, parfois irrespirable, mais bon, tellement bon dans son rôle de grand méchant au casque vermifuge qui te tourneboule les entrailles par la force du poing qui martèle les cymbales et fait frémir les fûts pour leur faire déglutir ce qu'ils ont de mieux dans le ventre. La route du rom, dès la (mise en) bière bien brassée qui fait couler une longue traîne de cadavres somnifères mariés dans le sang coagulé ; succédané des bleus ecchymoses ligués en un patchwork sordide de traits dessinés sous-cutanée.

vendredi 21 octobre 2011

Album du jour : Gospel - The Moon Is A Dead World


Du post-hardcore au sens « noble » du terme, affublé de l'étiquette « Screamo » par je ne sais quelle méprise... Pas celui de Neurosis, plutôt dans une définition semblable à celle du Post-Black à la Virus (« As Far As You Can Throw Me »), et ce toujours avec une dimension progressive qui fait le liant entre les (sous-)genres abordés. Une voix dissonante dans le paysage, qui se propulse aux confins du Post-Rock aux stéroïdes ainsi que du Math-Rock, en apposant les deux univers sans que ça ne fasse jamais tâche. Emo à demi-mot, car l'émotion ne se traduit que dans les instrumentations rehaussées d'un clavier qui fait des merveilles, et qui rappelle les belles heures de Genghis Tron. En parallèle, les cris du cœur se font discrets, plutôt monocordes et suffisamment lointains pour qu'ils n'empiètent pas sur la patience et le moral.

jeudi 20 octobre 2011

Batman Arkham Asylum : Batman de coeur


Énorme avantage du jeu, les musiques sont un régal de noirceur et plongent littéralement dans l'ambiance. Gage de qualité, leurs accès de gravité jettent un pont au Dark Knight de Nolan. Pour une fois, on ne coupe pas le son et on se délecte du Dark ambient quand on n'entend pas claquer les dentiers sur le parvis.
Les instants de plateforme en 2,5 D sont une variation bienvenue dans un gameplay riche qui peine tout de même à se renouveler. Parce que l'horizon vidéoludique de Batman AA n'est pas tout rose.