Affichage des articles dont le libellé est 11100. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est 11100. Afficher tous les articles

lundi 16 janvier 2012

Reviens-moi : Aller, sans retour


Un thème musical principal omniprésent qui gâche le plaisir et un montage bien curieux où les flashbacks s'insèrent après qu'une même scène se soit déroulée. Exemple : deux amants copulent dans une bibliothèque et soudain une petite fille les surprend. On reste donc, dans cette scène, du côté du point de vue de la petite fille. Le temps que se déroule la scène, rebelotte, on se retrouve juste après à revoir la même scène, mais du côté des amants. 

Quel est l'intérêt de cette mise en scène ? Le plus intéressant aurait été d'insérer un plan sur la petite fille outrée entre deux ébats d'amants. Et ce n'est pas la seule lourdeur... Passée la première heure de film, on croit assister à une fin : celle de la guerre, des troubles et donc du retour à l'ordre, du happy end. Mais non ! On se coltine des scènes de vies pendant la guerre peu intéressantes où chacun vaque à ses occupations, isolés qu'ils sont tous, séparés par le chagrin, le tort et la peine causée. 

Ajoutez-y un flot de bons sentiments assez bien à propos mais trop répétitifs pour ne pas être agaçants (le fameux "come back, come back, come back to me" finira par vous faire éclater de rire) et une succession de scènes téléphonées pour venir à bout de votre patience. Le pire c'est qu'on n'oserait pas croire à nos propres hypothèses : ô presque jamais ne se réalise dans un film ce qu'on saurait prévoir, le réalisateur prenant soin de prendre la tangente pour révéler une situation qui ne paraîtrait pas commune. Mais là, non, faîtes votre pari à un instant T, et il se réalisera (3 coups sur 4) dans la minute. Une lettre est donnée à une gamine ? Bien sûr, elle va la lire ! Bingo !

Marre de cracher dans la soupe, du côté de la photographie, c'est plutôt niquel, voire très esthétique et "précieux" par moments. La lumière, tout particulièrement, gagne ses galons, et permet de tenir le coup, de suivre un scénario dont on croit déjà connaitre les moindres caractéristiques, jusqu'à un twist final ma foi plutôt bienvenue. Et c'est bien ce qui le sauve du naufrage, même si on lui reprochera peut-être son côté formel un peu trop éhonté, proche d'un "De l'eau pour les éléphants" par exemple. 



PS : Ah oui, j'allais oublier... J'ai l'impression de voir le même personnage hyper-émotif en la personne de Keira Knightley dans A Dangerous Method et ce film. Un même registre prêt à l'emploi ?
5/10

"Baby please, come back to me" lalalala...


jeudi 5 janvier 2012

Trolilol : Mission Impossible - Ghost Protocol

Un peu de troll à la "Odieux connard" pour faire le malin, avec pas mal de spoils tant qu'à faire.

Un titre français qui bouffe les pissenlits par la racine
Avec une affiche qui n'éveille pas vraiment les neurones mais surtout les soupçons, et une réputation "étiquette" qui lui correspond bien, le dernier Mission Impossible s’embarrasse d'un sous-titre bien lourdaud : "protocole fantôme". Alors pourquoi aller voir ce film, me direz-vous ? Parce que les échos m'ont fait virer ma cuti et adopter la "coolattitude" en voulant m'administrer une dose d'action/espionnage qu'on m'annonçait comme très réussi.

Assassin's Creed gagne des adeptes
La version Rock'n'roll, cuir, flammes et regard sombre
Ezio Auditore, autre version du tombeur de ces dames
Avoir une capuche, c'est l'objet mode du moment. A cet accessoire à fort potentiel charismatique, Tom Cruise y ajoute une démarche "bad boy" consistant à rouler des mécaniques pour montrer qu'il en a, le monsieur. La figure du héros bodybuildé et alerte cache pourtant assez mal le poids des années...


Tom Cruise se fait vieux 
OU "parce qu'il faut bien du people sur mon blog pour améliorer le traffic"

Fais pas cette gueule, Schwarzy est dix fois pire que toi...
Non, pas seulement lorsqu'il enfile le sobriquet de général pour s'infiltrer dans le Kremlin, mais plutôt quand il doit jouer un agent secret en pleine possession de ses pouvoirs. Car sous les séances de muscu se cache un vieillissement des cellules inéluctable, frappant dès le premier regard posé sur ce geôlier sibérien, un peu chiant sur les bords car cherchant à faire capoter l'objectif initialement prévu. C'est à ce même moment que Tom Cruise m'a paru le plus à côté de son personnage, alors même que la séquence était muette. Face à une caméra de contrôle, il faisait des signes à son coéquipier pour qu'il lui ouvre les portes du pénitencier. Et là, c'est le drame. La pantomime ne lui va pas du tout... Et c'est donc pour cela que j'aurais aimé le voir dans une production recyclage comme The Artist pour que le spectacle soit total (mouarf). 

Le gecko contre le powerglove
Un gant qui permet de s'agripper aux parois sans aspérités de la plus haute tour du monde
La promesse d'un futur bionique aux joueurs Nes des années 80

Mission Impossible, c'est bien sûr beaucoup de gadgets et d'inventions qui émoustillent l'imagination et font rêver le gosse qui sommeille. C'est aussi malheureusement un procédé temporellement condamné à s'auto-détruire, car ledit objet hi-tech paraîtra forcément obsolète et/ou kitsch avec les années et les nouvelles créations et acquisitions technologiques.

Pour le moment, calé dans le fauteuil, une invention aussi classe que l'"écran de fumée" numérique déployé dans un couloir du Kremlin donne le sentiment d'assister à une nouvelle scène de référence du film d'espionnage. Et c'est dans ces moments là, grisé par un suspens généré par une interface d'infiltration qui ne laisse pas beaucoup de place à l'erreur, que l'on aurait presque envie de s'abandonner au subterfuge et de redevenir le gosse émerveillé par la magie des effets spéciaux que l'on était à peu près tous, casés devant la télé avec la VHS de Star Wars L'empire contre-attaque dans le magnétoscope, avant le dîner. 

James Bond meets Jason Bourne
Pour les gadgets et l'action ? Oui, mais pas seulement, ce serait trop réducteur. Tous ces héros partagent une sorte de "zone commune", où ils peuvent se retrouver le temps d'une pause. James Bond est coutumier de la BA (pas Bifidus Actif hein) qui sauve le monde. Jason Bourne, lui, cherche surtout à sauver sa peau tout en partant en quête d'une identité. Ethan Hunt est un peu limitrophe, à la fois devenu hors-la-loi mais toujours au service de sa mère patrie dans son petit coeur de bon citoyen. 

Ethan Hunt se méfie déjà du futur Jason Bourne
Pour parvenir à ses fins, il compte bien sûr sur les membres de son équipe qui dans un élan de générosité ne prennent pas leurs jambes à leur cou, mais décident de suivre leur mentor, même si cela doit les conduire à la mort. Finalement, on n'est pas bien loin de l'état dans lequel les autorités décrivent l'organisation, "terroriste".

NB : Comme par hasard, l'acteur Jeremy Renner, devenu recrue de la dream team américaine fera aussi son apparition dans le prochain Bourne qui sortira en Septembre prochain.

Cliché, mais pas trop
Les russes sont méchants, tout amateur de cinéma traînant dans les salles obscures le sait, mais ils permettent aussi, indirectement, de sauver le monde d'un grand malade, pourvu de 160 de QI mais terriblement malsain et assez fou pour vouloir atomiser toute la planète, comme dans L'armée des 12 singes, ou presque.
Ceux qui ont le même objectif qu'Ethan Hunt, c-à-d sauver leur mère patrie d'un de leurs compatriotes, sont aussi ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues à cause d'un malencontreux malentendu qui fait croire aux services secrets Russes que les Américains en veulent à leur beau pays, comme au bon vieux temps de la Guerre Froide. 
Heureusement, ce temps est révolu et l'erreur est réparée en dernier recours, une fois le monde sauvé de sa plus grande menace. Revient alors la paix et le calme entre les peuples, l'entente cordiale entre les deux grands ennemis d'antan, ayant trouvé front commun contre le monde scientifique. Décidément, il ne fait pas bon être un "intellectuel" dans le monde d'aujourd'hui. 

Des types, parce qu'il en faut
"Danny Boyle pense sérieusement à m'engager pour le reboot de James Bond"
Le plus marquant d'entre eux, un richissime Indien bedonnant épris de crème chantilly de toute sorte et de décorum baroques. Un peu playboy, assez concon, très bling-bling, il assure son rôle de second plan avec la maestria des personnages kleenex : à la forme bien connue, à l'utilité identifiée et à la durée éphémère.

Plus présente, la coéquipière d'Ethan, forcément ascendant bombasse, porte bien évidemment des soutiens-gorges riquiqui pour bomber toute la peuplade au balcon, en temps normal pratiquant plus aisément l'école buissonnière.
Il faut avouer que sans ça, la donzelle n'a pas vraiment de charisme, mais qu'elle remplit relativement bien son office de "wonder woman" inscrite dans le cahier des charges de la plupart des films Hollywoodiens de ces dernières années, le dernier en date à m'être parvenu étant World Invasion : BLA.Une James Bond girl revisitée, en quelque-sorte ? 






Un caméo capilotracté
Plus c'est gros, mieux ça passe. 

"En fait, tu croyais vraiment que ma femme était morte ? Non, en réalité j'ai tout monté de moi-même pour faire en sorte que les gens croient qu'elle est morte et qu'on la laisse tranquille. Je ne pouvais pas lui imposer de vivre perpétuellement dans le danger comme ça...".
Voici les belles paroles de notre destrier Ethan Hunt, essayant tant bien que mal de recoller les morceaux après l'épilogue tragique du troisième épisode. Le scénariste du précédent a dit des conneries pour verrouiller la suite des aventure du héros ? Pas de problème, le scénariste de l'impossible (numéro 4) trouve un moyen de retourner la situation en sa faveur par un joli salto arrière bien périlleux et somme toute assez "WTF!?".
Mais ne vous inquiétez pas, on vous apprend tout ça à la fin, comme ça aucune chance que vous soyez offusqué au point de quitter la salle en plein milieu de la séance, arguant que ce film est pourri et qu'on y raconte n'importe-quoi.

"Non mais tu comprends..."
Pourtant, en général, quand quelque-chose cloche, le script s'empresse de laisser filtrer une explication un peu tirée de derrière les fagots pour faire passer la pilule. 
"- Comment savais-tu que les Russes prendraient pour cible la balise de détresse ?
- Je ne le savais pas, j'ai agi, c'est tout".
Pirouette cacahuète, Ethan Hunt renchérit aussitôt et en vient même pas à se décrédibiliser : 
"Tu sais ces gars ne sont pas des intellos, ce sont de gros bras qui ne réfléchissent pas". 
Bipartite, le monde selon Ethan Hunt serait donc. Tandis que lui, capitalisant intelligence et force, serait une sorte de grand Dieu américain... Ou un "gros bras" prétentieux ?

Des effets spéciaux au rabais
Le fond bleu ne se sera jamais autant fait sentir. Où ont été mis les moyens ? Pas dans les FX, en tout cas, qui peinent à faire illusion, avec presque 10 ans de retard. En 3D encore, je veux bien que ce soit effarant de nullité, mais même en 2D l'impression de voir Tom Cruise évoluer dans un décor numérique fait mal au derrière. 
L'explosion du Kremlin
La tempête de sable à Dubaï

Mais un rythme bien calibré
Les défauts, c'est bien, les qualités inhérentes au genre du film d'action, c'est mieux. C'est ainsi que des scènes plus ou moins marquantes arrivent toutes les 20 minutes pour agrémenter le spectacle et tenir en haleine. Comme je l'ai déjà cité, l'une des plus marquantes repose sur l'utilisation du hi-tech pour créer une illusion d'optique grâce à un écran, et ainsi permettre à la fine équipe de s'infiltrer dans le Kremlin. Non seulement les personnages visitent suffisamment de lieux différents pour en prendre plein les yeux, l'alternance entre scènes de gun-fight, de course-poursuites et d'accalmies est assez bien rôdé pour ne pas bayer aux corneilles. En bref, c'est du classique, mais du classique bien recraché.

Quand même une envie de le sauver
Parce que le spectacle James Bondien est bon, bien mené, et que même si le scénario ne va pas chercher loin, les péripéties sont suffisamment prenantes pour ne pas décrocher. Au bout, on assume assez le plaisir coupable tout en sachant bien qu'on vient de participer à l'effort de guerre pour la propagation du cinéma décérébré "tout 3D". Mais trêve d'esprit réac', Mission Impossible 4 est une production efficace qui remplit son rôle de divertissement, même s'il ne faut pas trop réfléchir après coup à ce qu'on vient de voir pour éviter de choper de l'urticaire...
5/10

vendredi 23 décembre 2011

We Need To Talk About Kevin : Machiavel, l'enfant roi


Le montage, saccadé, bringuebalant d'avant en arrière, tirant le spectateur de part et d'autre d'une vie de mère, mène le spectateur par le bout du nez pour le faire tourner en bourrique. Car l'effet de style cache difficilement un manque de rythme et de scénarisation propre et consistante qui se font tous deux réellement sentir. Goûter du cynisme de ce mioche diabolique est vraiment jouissif, le voir faire ses conneries juvéniles jusque dans l'adolescence m'évoque les films d'Haneke, Funny Games surtout, en tapant un peu dans le sillon du sentiment de culpabilité chez l'Homme.

Un petit démon avec sa mère, un ange avec son père, sans même savoir pourquoi, sûrement parce qu'elle est damnée ; ou serait-ce une allégorie de la tyrannie masculine sur le « sexe faible » ? Le père serait alors le compagnon idéal, car comme chacun le sait, le meilleur moyen d'anéantir son ennemi, c'est de l'attirer dans ses rangs. Chose faite, la mère peut vivre un enfer pendant que son mari n'y voit que du feu.

En quelques lignes, j'ai raconté tout le pitch du film, qui compte sur ça pour nous faire tenir en haleine pendant plus d'une heure et demie. Il est alors plus facile de comprendre qu'il s'agit d'une blague. D'une comédie d'un nouveau genre forgée au 36ème degré, ne faisant certes pas vraiment rire, mais jouant surtout sur le décalage entre la bienséance et ce que se permet ce petit bout pas très bien élevé. Ca pourrait choquer, c'est surtout tellement décalé qu'il est difficile d'y croire. Disons qu'il s'agit d'une blague à effet prospectif. C'est une fois sorti de la salle qu'on peut se fendre d'un rire ducal, un peu encroûté d'un arrière-goût pâteux.

Seulement ces moments de remise en cause de l'ordre et de petit majeur brandi contre la morale ne font pas tout, et on se languit de voir le bout d'une histoire dont on connaît déjà les aboutissants dès les premières minutes du film... A moins que vous n'ayez rien vu/lu/entendu à propos du film ; mais bon, même sans ça, ça se devine...

Reste que l'ambiance est assez fouillée pour qu'on puisse le ranger dans la catégorie des films « bizarres » et expérimentaux qui méritent d'être revus, avec pas mal de plans bien sentis, des abstractions à foison, et une manière de raconter, décousue certes, mais à part.
6/10

mardi 6 décembre 2011

L'Ordre et la Morale : En désordre


Premier point le plus dérangeant, l'interprétation trop maladroite est dominée par l'école théâtrale française traditionnelle, et donne l'impression d'avoir en face de nous de vrais militaires intimidés par la caméra et qui du coup en font des tonnes.
Dans ce registre, Kassovitz n'est pas juste et contribue à rendre de nombreuses scènes qui devraient être dramatiques... comiques. Quand on sait qu'il prend les ¾ de l'écran, devoir supporter sa voix déclamant sans charisme des lignes de dialogue, au premier comme au second plan (voix-off), peut être lassant. En parlant de voix, celle de Jean-Philippe Puymartin, doubleur de Woody dans la « vraie vie », est troublante un petit laps de temps car elle en dénote un personnage autrement plus sympathique et joviale que la tonalité martiale qui incombe à un gradé.

Au rayon des déceptions, commencer par la fin en est une belle. A l'instar d'un Mesrine, le procédé grille tout le suspens et l'intensité d'une scène finale qui devrait être haletante, « in your face », caméra à l'épaule et mouvements saccadés pour reproduire les tumultes de la bataille.
Cette dernière, et quelques autres scènes qui se comptent sur les doigts d'une main, proposent beaucoup d'éléments de mise en scène intéressants qui correspondent aux « pattern » du jeu vidéo : narration introduisant le présent des narrateurs dans le passé, balles illuminées qui fusent dans les assauts...

Si le film peut avoir un minimum d'intérêt, c'est par sa dimension historique, en se faisant l'écho d'une tragédie qui n'a pas eu assez de porte-voix, et d'une lutte qui est toujours en cours en Nouvelle-Calédonie.
D'ailleurs, sa dénonciation des injustices s'inscrit dans une démarche parfois similaire à celle de Platoon, en premier lieu, et de La ligne rouge, dans une moindre mesure. La scène d'intro fait à ce titre sacrément penser à ce dernier, alors que les intrigues politiques qui meuvent l'histoire sont plus identifiables à Platoon. La différenciation des deux partis français et kanaks passe d'ailleurs par un distingo nature/culture que ne renierait pas Malick. Grosso modo, la culture française veut écraser les traditions des « gentils » kanaks.
Autre détail, les fondues au noir brutales surmontées d'un item sonore peuvent rappeler ce qu'a produit Gaspar Noé dans Seul Contre Tous. Celles-ci accompagnent le décompte des jours, au nombre de 8. Imaginez donc voir au bout de chaque « chapitre » le même écran « J-07 », « J-06 », suivi, souvent, d'une mise en contexte digne d'une série militaro-SF style Stargate avec une ligne de texte en police « top secrète », comme on peut le voir dans Splinter Cell, par exemple.

Âpre, rigide, la mise en scène sert une narration qui déploie une violence latente, parfois mise en relief par des « coups de pression » où tout le monde se met à aboyer à tue-tête, que ce soit du côté des militaires, meuglant chacun son tour, ou des kanaks, qui s'en donnent à cœur joie dans une cacophonie anarchique.
D'ailleurs, parlons-en, de l'intelligibilité. Liée à la qualité (ou plutôt à son absence) du jeu d'acteurs, elle est ruinée par une déclamation où les mots se perdent, mangés, voire gobés. Le meilleur exemple est le supérieur du personnage de Kassovitz. Les kanaks, avec leur accent caractéristique, ne rendent pas non plus la tâche facile. Heureusement, ce ne sont pas les rôles les plus importants qui doivent pâtir d'une prise de parole javanaise. Leur chef parle bien la métropole, puisqu'on nous précise bien que c'est « un homme d'esprit », après tout...
Ce n'est pas le seul renseignement inutile qu'on nous donne, de trop. Certaines répliques auraient mérité de passer à la trappe, comme le « ça sonne » de Kasso en tendant le combiné du téléphone à son ami indépendantiste ; mais ça, c'est qu'un détail, après tout... Juste que ça contribue à agacer à côté de trucs plus énervants. Un autre exemple : quel poids donner à certains rôles plus que secondaires ? Perdu dans la masse, figurant du second rôle, je me demande encore à quoi sert Augustin Legrand dans ce qui ressemble parfois à une mascarade de bons potes qui ont pactisé au détour d'une soirée.

Au final, la bofitude m'emporte, pensant que je ne peux plus compter sur Kassovitz pour obtenir ce que j'attendais de lui, un bon divertissement à la fois instructif et bien foutu.
5/10

mercredi 30 novembre 2011

Fucking Mathieu Kassovitz : Le théorème de Mathieu



Un documentaire intéressant qui permet surtout à Mathieu Kassovitz de redorer son blason avant la sortie en salles de son nouveau film : l'ordre et la morale. On y apprend qu'il n'a pas foiré Babylon AD parce qu'il est un mauvais réal, mais parce que Vin Diesel est un gros connard égocentrique qui n'en fait qu'à sa tête et ne veut pas être dirigé, que la Fox pète dans la soie et ne respecte pas les prérogatives d'un frenchie débarquant dans la cour des miracles, que la malchance a parfois fait des siennes, et que le budget avait la peau sur les os. Au fond, il le dit lui-même, Kassovitz n'est « ni Steven Spielberg, ni Orson Welles », il est « fucking Matthew Kassovitz ». Les moments les plus désespérants et stressants pour lui mettent mal à l'aise, et on est bien heureux de ne pas être à sa place. On s'amuse avec lui quand il fait mine de relâcher la tension, et on en ressort instruit sans être entièrement tourneboulé par ces mésaventures de tournage chaotique.
6/10

Alive : Dead Poetry


Scénario inspiré de Saw, mixé au fantastique d'un Alien croisé au folklore de Stargate et à la paranoïa ambiante, véritable pandémie mondiale issue d'un virus inconnu : la modernité ? Ajoutez-y quelques bonnes paires de fesses à la Gantz, avec moins de gonflette dans les pare-chocs, un héros baroudeur à gros muscles aussi mal dégrossi que son langage, plus un minet malin à qui le destin a joué de sacrés tours, et pas de magie (L de Death Note, je te salue), secouez, secouez, agitez bien fort, et hop : he's Alive !

Alors oui on ne tient pas le manga mature par excellence... Pas encore dans ce Seinen de plus, qui brille surtout par le style graphique, plus que le design somme toute générique, que l'on tient de Takahashi, mangaka bien proche d'un autre Tsutomu : Nihei.

Ca part mal, pourtant la psychologie se fait sentir, et l'on aime à pénétrer la caboche de ces prédateurs à distinctions variables. C'est à peu près le seul élément remarquable qui se distingue du lot, à cause d'une intrigue trop convenue, du manque de lisibilité dont il pêche parfois durant les scènes de remue-ménage (comme on a l'habitude de le constater dans les seinen à castagne), mais surtout de la traduction qui avec ses quelques erreurs de grammaire n'aide pas à atténuer le caractère caricatural de cette quête de la justice et de l'amour perdu. Une bonne petite lecture vite enfilée, sans plus.
5/10

dimanche 27 novembre 2011

Treize jours : Une éternité ?


Film hollywoodien politique et historique, 13 jours traite d'un sujet dont le gouvernement américain préférerait se passer : la situation d'instabilité entre l'URSS et les US pendant la guerre froide, au moment où les premiers ont voulu positionner leur force dissuasive à Cuba comme les Américains l'ont fait en Turquie.

Dans la pratique, les travers du film hollywoodien sont là : musique à tendance patriotique avec soulignement des moments les plus importants, rendu « années 90 » acceptable pour un film du début des années 2000... mais là où le bât blesse le plus, c'est dans la réalisation au bord du clip, du spot TV, où le moindre petit mouvement de rien du tout est amplifié sans aucune raison.

L'intrigue peine à prendre de la vitesse ? Pas de problème, on fera de gros plans brusques sur des éléments insignifiants, comme un verre posé avec emportement, pour redynamiser le tout et donner l'impression qu'il se passe des choses. Heureusement, la deuxième partie de film, réellement tournée vers l'action, s’accommode davantage de cette réalisation saccadée plutôt douteuse.

De même, j'ai du mal à comprendre ces scènes en noir et blanc, qui ne représentent même pas des flash-backs mais juste des événements hors-champ, plus officieux et déplacés du « tumulte » de la maison blanche.

Cette même deuxième partie fait preuve de plus d'intelligence dans les dialogues, démontrant que les situations de crise intra et extra-nationales sont difficiles à gérer humainement et collectivement. De l'intelligence, certes, mais pas assez de diversité en dehors des joutes verbales pour éviter de m'ennuyer. Les plans s'enchaînent à un rythme soutenu pour respecter le temps imparti, mais j'aurais peut-être apprécié, et sûrement eu besoin, de quelques moments de pause et de poésie d'auteur pour respirer un bon coup et prendre du recul vis-à-vis de ce climat tendu qui a certainement le mérite de retenir l'attention quand le suspens est à son comble.
5/10

lundi 21 novembre 2011

Une trop bruyante solitude : Presse-papiers à peste silence


Dommage que le supposé dessin torturé soit factice : derrière les traits courbés en paquets anarchiques se cache un photoréalisme déconcertant. Une vue sur une terrasse : un verre de coca et sa bouteille, dans des proportions parfaites, presque identiques à une photo. Un balayeur en gilet fluo et casquette, à peine gommé par les filtres noirauds qui emportent le tout.

Dans mon imaginaire, le monde noir décrit dans l'asservissement par le quotidien devrait être déformé, conforme à l'idée que je me fais de la perception d'un type qui dit avoir noyé 35 ans de dur labeur au cul d'un presse-papier dans la bière, au point de pouvoir en remplir une « piscine olympique ». J'aurais plutôt vu une réalité à peine déformée, à tendance expressionniste, un intermédiaire entre la réalité couleur charbon de ces planches et le conte enfantin cauchemardesque de Faust (d'Ambre aussi), par exemple.

Il faut donc apprécier de voir briller du vernis « Pure white gloss » derrière la couche de crasse pas très ragoutante. A dire vrai, on est plutôt face à un spécimen de Van Gogh du bicolore, marqué du sceau de l'impressionnisme, faisant perler les gouttes de pluie incrustées au dessin comme des grains de riz, pour donner du détail et du mouvement et amenuiser l'épaisseur du trait fuligineux.

Point noir, la finition laisse à désirer. Une case a particulièrement retenu mon attention. Le bandeau narratif prévu en bas de case a été reporté sur la suivante, avec les stigmates visibles des lettres sans l'apport du fond blanc qui permet l'accès aux inscriptions.

Au moins, cela rappelle que ce genre de BD est avant tout l'œuvre de passionnés qui veulent faire progresser le Neuvième Art en proposant une passerelle vers le roman, biographique, décadent et allez, disons, « nihiliste ». L'amour des livres est transmis avec une force de persuasion que peu de BD sont capables de reproduire. En faisant de la lecture une source de vie pour le protagoniste abonné à la misère, la transmission de la nécessité de goûter aux lettres est sincère, en tout point, même si on peut lui reprocher d'user de grosses ficelles simples à tendre dans les one-shot. Une autre génération que ces jeunes, par exemple, qui raillent le vieux à qui ils ont ravi la place. Un acte militant que lire, quand l'argent envahit tout, et détruit tout. Un choix de vie que la pauvreté pour garder une âme humble, mais cultivée.

Le manque de renouvellement des répliques et des situations pourrait agacer, mais tout est fait pour installer le lecteur dans la même démarche que la gueule sale que l'on suit du regard, pour nous confiner à un état de douce somnolence, d'abrutissement par l'ivresse de mouvements de mots répétitifs. Ça sonne sûrement faux et galvaudé de dire ça, mais alors que l'on sait déjà à quoi l'on goûte, on ressort abasourdi mais grandi de cette expérience, de cette nouvelle histoire de vie chienne, abandonnée par la destinée et roulée dans la farine animale.  
6/10

dimanche 20 novembre 2011

Wanda : Un poison nommé W.


Soumise et insoumise. Battante et fragile. Du pareil au même… Dans ce film qui fait s’entrechoquer les contradictions… D’une société qui peine à libérer la femme de l’emprise de la phallocratie, au foyer comme à l’extérieur. Wanda ose, Wanda se rebelle, Wanda s’émancipe, ou du moins y croit dur comme fer.

Du féminisme, on n’en voit que peu, ou alors sous une forme jusqu’au-boutiste. De celui qu’on exerçait après 68, pour le pire, en somme. Wanda est un énergumène, un phénomène, un « bonhomme » (dixit les sous-titrages du DVD), car Wanda n’en fait qu’à sa tête, voguant au gré des flots, sans perspective d’avenir. Une punk du sexe, de l’aventure au jour le jour, à griller les hommes comme elles s’enfilent les cigarettes.

L’éclat remarquable du film tient principalement dans la manière discrète et sobre de filmer la dérive d’une femme qui n’a pour seule estime d’elle-même que le doux visage qu’elle veut bien laisser paraître avec quelques fanfreluches d’hygiène de convenance. Les situations impromptues, se ramassant à la pelle, se suivent et ne se ressemblent pas. Un road-trip cyclique, parcouru de péripéties, est valorisé par le détachement de la caméra qui en dit pourtant long sur la psychologie embrumée du personnage. Solennellement, le film dresse des pans d’une vie amochée, triste et finalement assez stérile. La fertilité mise au placard par Wanda, il ne reste plus que son corps sans vie, vide, zombifié. Pas de musique, ce serait trop d’émotions, trop de vie. Juste une femme, avec ses histoires, d’amours, d’emmerdes, de tracas du quotidien, à la traîne.

A voir aujourd’hui, Wanda est bon, même si l’on y reconnaît tous ses descendants ; de ceux qui ont choisi de filmer les malheurs de la condition humaine sous sa forme la plus animale et « naturelle ». Pour ce qu’il représentait à l’époque pour la libération de la femme en contrepied du monopole d’une société américaine un brin trop conservatrice, il est exemplaire. En définitive, il s’apprécie non pas pour le spectacle, quasi-inexistant, mais pour retrouver la saveur d’une époque (le film date des années 70, faut-il le rappeler), autant dans le grain de l’image que dans les mœurs des types à peine loufoques dépeints à l’écran.
6/10

Monsieur personne : Sur tes plates bandes, j'écrirai ton nom


Noir et blanc bleuté. Blanc, noir, et bleu. Froid comme la ville de Large Mouth. « Grande gueule » pour les intimes, comme ces larges faciès de villageois déblatérant les ragots et calomnies pour occuper leurs vieux jours. Quand le mythe de l'homme invisible de H.G. Wells débarque dans la ville pour envahir l'ennui et le néant, c'est toute la plèbe qui se met en émois.
Une histoire d'amour se tapit sous les bandages, autant pour renseigner le passé du personnage que pour raviver la flamme du jour présent. Pour faire court, c'est un drame construit sur les bases du plus vieux fantasme de l'Homme.
Bien construit mais décidément déjà-vu, Monsieur Personne doit être lu pour son atmosphère glaciale et morne, soutenue par la patte graphique « griffonnée » héritée des comics, et qui évoque les films d'horreur à ambiance. En filigrane, le comics vit du souffle transportant un autre mythe, celui de la bourgade éculée d'un Délivrance.  
6/10

Le voyage dans la lune : Les étoiles ne devraient pas briller de mille feux


Ce n'est pas tant le court de Méliès que je juge, impressionnant de technique et de puissance imaginative pour l'époque, mais surtout sa restauration toute en couleur et drapée des arrangements musicaux de Air. Pour ce dernier, je ne vois globalement pas grand-chose à reprocher, si ce n'est quelques « phrases » qui gâchent le plaisir de la découverte en annonçant trop vite la couleur de la scène en cours. Je ne peux pas en dire autant de la couleur cracra, baveuse sûrement à raison, mais dont je ne comprends pas l'intérêt, séparant le premier plan du reste de l'image. Un objet coloré par-ci, une compagnie colorée par là... Arbitrairement, pour mettre en valeur ce qui paraît le plus important... Ca pourrait être une bonne idée, mais j'aurais largement préféré revoir la copie revue et corrigée sans les grosses marques rouges du correcteur.

Non content de retranscrire à l'écran les rêves les plus fous de l'homme, Méliès n'occulte pas la comédie et fait de cette conquête de l'espace une fourberie fantasque de boulevard en place d'un réquisitoire fastidieux contre les progrès de la Science.

16 minutes en étoile filante, drôles et belles, qui pêchent dans le cas présent à gagner en valeur ajoutée.

5/10

Minuit dans le jardin du bien et du mal


Une affaire de meurtres pour une enquête rondement menée par un journaliste blanc-bec débarqué de la cuisse de Liberty City. Enveloppez ça d'une bonne pointe de mysticisme vaudou complètement halluciné, à l'orée du fantastique, et roulez-le dans la farine de la décadente Savannah, où tout le monde est « ivre et armé » à toute heure de la journée.

Un programme réjouissant sur le papier, une affaire qui tourne au ralenti, en vérité. Ce ne sont pas les coups de boutoir d'une passion homosexuelle bien trop convenue qui détournent d'un dénouement de l'affaire bien trop prévisible.

J'ai bien peur d'y voir deux films en un. D'un côté, un thriller judiciaire dans la veine de Peur Primale avec la belle gueule de Norton, de l'autre un échantillon du Gran Torino qui jaillira des années plus tard. Dans le bouillonnement d'une communauté pluri-éthnique, dans le foisonnement des confessions et des orientations sexuelles, hétérosexualité, homosexualité, androgynie, béotiens, dévots, athées... Eastwood épouse le parti pris du réalisme, sûrement aussi palpable que dans le livre de John Berendt que je n'ai pas lu.

Le film, en tout cas, a les apparences d'une adaptation par trop fidèle, trop narrative, et finalement pas assez cinématographique. L'impression de voir un téléfilm daté sur TF1 ou France 3 est tenace. Perry Mason est cité en faire-valoir pendant la plaidoirie de l'accusé, et on n'est finalement pas loin de la réalité lorsqu'il s'agit de défendre le film. Sans prétentions, il accole les arguments clichouilles les uns aux autres pour faire aboutir le procès sans trop d'étonnements. La réalisation est globalement agréable, douce comme un film récent de Eastwood, propre et tempérée, avec quelques plans insistant un peu trop sur les réactions « en direct » du jury, de leurs mimiques faciales à leur indignation, ainsi que quelques contre-champs d'antan que pas mal de réalisateurs d'aujourd'hui auraient du mal à faire passer à cause de leur empreinte « feux de l'amour ».

D'un côté, c'est un bon moyen de faire reluire les faiblesses du système judiciaire américain, mais c'est aussi une autre façon de nous faire bayer au corneille alors que l'on connaît déjà tout, tout, tout, on connaît tout sur les ricains. Ne serait-ce qu'avec Philadelphia, par exemple, qui défendait aussi la cause des homosexuels avec la sensiblerie pleurnicharde du Grand SIDA.

Sous un autre angle, on peut aussi apprécier la démonstration pour sa nature théorique. On peut y voir une recherche de la vérité, qu'elle soit réelle, par l'expérience de la vie, ou virtuelle, par l'Art. Eastwood tarde à donner les clés du château qui permettent de ressaisir le film d'une toute autre manière.

J'avancerais la thèse que justice est faite par transcendance, qui serait donc seule détentrice de la Vérité, réceptacle et émettrice de toutes les vérités individuelles. En achevant son film sur une note fantastique, Eastwood rend facile l'élucubration de toutes les théories les plus fumeuses, pour peu qu'elles aient un minimum de cohérence avec les événements qui ont précédé. Cela me titille l'idée qu'Au-Delà ne doit pas être très loin dans le point de vue... Il faudra que j'y jette un œil.

Le premier rôle du journaliste manque de saveur à mon goût. Le mystère qu'il cultive le relègue au second plan derrière un Kevin Spacey charismatique et aussi convaincant que dans American Beauty, dans lequel il tournera par la suite. Il lui manque une âme qui pourrait le rendre attachant et le faire sortir de la banalité du stéréotype « jeune type hétéro et effacé, un brin trop professionnel et pince-sans-rire de la décontraction ». Et pourtant, le comble c'est de voir trop de bavardages, trop de personnages secondaires fantasques issus des quartiers chocs et côtoyant les beaux chics, qui divertissent un temps mais font traîner l'ensemble en longueur pour finalement faire couler le paquebot Derrick pour faire piquer un petit roupillon. 

5/10 

Ne touchez à rien : J'en prends note


Le coup de crayon tremblotant fait penser à Sfar, et le scénario fait quant à lui penser aux intrigues macabres des films d'épouvante de notre enfance. Quand les humains empaillés prennent vie, on devrait frémir... Mais c'est aux occupants du grand hôtel retapé en grande bâtisse de se faire un sang d'encre à cause du couple bien décidé à faire de vieux os.
A chercher le glauque, à l'intérieur comme à l'extérieur, de la BD comme des personnages qui s'agitent dans les vignettes, on s'habitue finalement à ce qui s'apparente au morbide banal d'un film de Tim Burton. Les propriétaires se succèdent et on en connaît toujours la fin, ce qui rejoint mon impression que l'auteur emprunte des raccourcis par souci de raconter une histoire intelligible. Quitte à prendre des moufles pour faire glisser des perles à l'intérieur d'une ficelle de cuisine pour en faire un collier.
Les riches sont avares et serviles, les pauvres crèvent la faim et traînent leur misère dans les bas-quartiers. C'est la France du 20ème, et pourtant on dirait celle du Moyen-Âge. A Bordeaux, il n'y a que les ventrus pour cuver leur bon vin dans des sièges bien capitonnés. Et fort heureusement, une paire de vieux croûtons tout droits sortis du taxidermiste sont là pour leur faire payer leur luxure révoltante... Et restaurer un peu de justice dans ce monde de merde.
Au final agréable mais pas indispensable, il se lit avec la conscience narquoise de déjà connaître la fin, et se repose dans le bac aussi sec, avec le souvenir vague d'une BD qui sort à peine du lot.  
5/10

Parano


Rien de transcendant dans un amalgame de silhouettes distordues à la Fluide Glacial et de mauvais esprit franchouillard pas très varié, ni original. OK, le FN c'est le mal, la France vire toujours plus à l'extrême droite, car après tout elle se délecte des doux stigmates du régime de Vichy. La France est faite ainsi. Et en dehors de ça ? La narration se fait abrupte, hétérogène, dispersée. Essentiellement basé sur le comique de situation, l'humour cinglant et cynique ne fait pas vraiment rire, même si beaucoup d'accents noirs font plaisir à lire et à voir.

Pour ce qui est du fil conducteur, il est plutôt à couper au rasoir. Il n'y a pas de réelle continuité entre les planches de sketchs décomposés au long des pages. Si ce n'est un type, un seul, un peu raté, moyen, pas trop con, qui regarde le monde d'un œil critique, désapprobateur, mais pas vraiment enclin à mouiller sa chemise, de peur d'y laisser des plumes. A part ça, comme j'ai pu le dire, la dénonciation du racisme fait le liant, et les nombreuses situations caricaturales appuient fortement ce comique répétitif, lourdingue, au final, tant les mots d'oiseau, à profusion, sont en adéquation avec le dessin grotesque et bouffon. C'est lassant, long, parfois amusant, somme toute agréable pour recueillir une leçon d'histoire minute chrono sur ce qu'a pu foutre la France en Algérie.
5/10

Soleil Vert : A voir sous un beau jour


Depuis la courte séquence d'introduction en noir et blanc qui tombe sans mot dire et sans qu'on y prenne garde, on peut repenser tout le film sous un angle plus grave que ce que les scènes d'actions nous ont imprimées dans la tête. Basé sur des problématiques actuelles telles que l'écologie, l'hypersécuritarisme et surtout l'industrialisation, la dystopie de Soleil Vert est belle à voir avec un point de vue qui ne porte pas de jugement fâcheux sur les moyens techniques de l'époque. Des décors aux costumes en passant par l'interprétation, tout peut pâtir de la poussière qui s'est amoncelée sur le rebord du veston de notre héros au corps musculeux ricain en diable, et à l'instinct misogyne tout british, l'agent 007 venant au rapport. Tripotée et filmée comme un objet, à tous les degrés possibles, la femme, fidèle à l'époque dont elle est contemporaine, est rabaissée, méprisée, bafouée dans sa condition, reléguée au rang d'objet, bref, destituée de ses droits civiques durement gagnés au cours de l'Histoire, la nôtre.

Parce qu'il a en son temps voulu jouer la carte du réalisme, Soleil Vert a peut-être, d'une certaine mesure, plus mal vieilli qu'un THX 1138 qui visait davantage la représentation fictive et métaphorique que la crédibilité mimétique. Si ce n'est pas un monde parallèle, c'est le monde tel qu'on le connaît, et tels que ces bonshommes, pour certains, dont le meilleur ami de Charlton Heston, l'ont connu. En résulte un univers inégalitaire où la précarité du monde des pauvres côtoie l'opulence de celui des riches. Bien en amont, le thème écologique prime sur le reste et témoigne de l'inquiétude, déjà à l'époque, de subir un avenir proche dénaturé. En ce sens, le film tient l'apparence d'un vieux croulant, mais garde en réalité une fraîcheur d'esprit inaltérable.
6/10

lundi 14 novembre 2011

L'attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l'espace !!


Film d'extraterrestres, de zombies et de demoiselles de Rochefort qui s'accordent à la comédie musicale et à la synthèse du noir et blanc et de la couleur. A quoi ça rime ? A un divertissement débridé où les effets spéciaux kitsch au possible renseignent sur la propension à rendre hommage aux ancêtres, entre La guerre des mondes, The Thing première version et la nuit des morts-vivants. Chairs décomposées de liquide visqueux apparenté au liquide séminal, ce n'est pas l'asepsie mentale des zombi mais l'amour qui tient le plus beau rôle dans l'affaire, traversant de part en part un sujet très sérieux (oui oui une invasion c'est très sérieux normalement) pour l'assoupir dans la léthargie cucu la praline de tourtereaux qui se chantent la ritournelle pour conjurer le sort.

Faut-il préciser que le mot « comédie » dans l'expression « comédie musicale » prime avant tout ? En fait, le décalage atteint un seuil critique tel qu'il est parfois difficile de ne pas penser au Grand détournement – à plus forte raison quand on sait que c'était diffusé sur Arte ce soir même (cf. "Derrick contre Superman"). Si les situations ne sont pas foncièrement nouvelles (on peut le comprendre puisqu'il s'agit de parodier), la quête de l'originalité qui est mise en œuvre avec force donne envie de lui accorder une belle place parmi les courts qui sous couvert de ne pas se prendre au sérieux font la nique aux longs.  
6/10

samedi 29 octobre 2011

Album du jour : Devin Townsend Band - Accelerated Evolution

Mélodies faciles d'Ultra Vomit ? Ah non, Devin, sur sa dernière piste intitulée "Slow Me Down". Lequel ? Le Devin qui jouait dans Strapping Young Lad ? Ouais, un peu, tant il reste des stigmates de City dans ses poussées vocaliques rageuses. Mais aussi beaucoup, beaucoup du Devin tonton du Townsen Band actuel, plus calme, plus consensuel, mais aussi plus chiant et prévisible. Malheureusement on en fait vite le tour de ce Devin pas très divin, qui se servait de son projet perso comme d'un intermède au trop violent Strapping, pour faire son petit bonhomme de chemin en tant que petit routier du progressif, avant d'apposer le "band" après que son premier groupe à succès ait périclité.


Un guitar-hero du Postcore, voilà ce qu'il m'évoque, avec ce "Deadhead" vachement connoté Sludge de sensible, et ses quelques démonstrations techniques dignes de Steve Vai, son mentor officieux. Le meilleur morceau, presque, ou le plus abouti pour être plus exact, parce que le reste trempe soit dans la mièvrerie joyeuse de claviers dégoisant leurs notes aussi belles que la pochette (qui devait déjà être moche à l'époque) relève d'un haut niveau de graphisme assisté par Photoshop, soit dans la sensiblerie transcendantale agréable mais "déjà entendue". En somme, ces aparte personnels lui permettaient d'expérimenter pour le Alien de son vrai groupe, qui ne tarderait alors pas à arriver. Celui-là même constitue d'ailleurs le dernier vrai album du groupe, à mon avis, soit dit en passant.

Dans les pires moments, le demi-Dieu exaspère avec des mélodies juvéniles nasillardes, dont les parties vocales vont jusqu'à évoquer le Metallica d'aujourd'hui. Dans ce registre, "Traveller" est le pire d'entre tous. La batterie suit à la trace avec une percussion d'Hélène et les garçons, dans le pire des cas, quand le refrain doit être martelé pour rentrer dans les petites têtes. Mais ces chutes de studio ne feront jamais des hymnes, malheureusement... De là à dire que l'hyperactivité de Devin devrait s'accorder un temps de vacances, il n'y a qu'un pas... Que je ne marquerai pas car j'aime moi aussi faire mon caca en quantité et le partager (un peu).

Coup d'gueule, merde, je croyais retrouver le plaisir que m'avait procuré Infinity ou Terria. Pourquoi je peux pas m'empêcher de penser au postérieur et guignol Ziltoïd The Omniscient en écoutant ce résidu de premier degré ? La preuve par Ziltoïd que même lui, à un moment, a souhaité lâcher du lest pour ne pas trop avoir le sentiment de tourner en rond... Du coup, j'me dis aussi, rétrospectivement, que le gueuleton devient croûton, pépé radoteur qui possède son style mais parvient avec peine à le décliner suffisamment pour justifier le nombre de sorties effréné. C'est bien moyen, bien poussif, bien décevant, même si c'est joué par un gars qui sait faire de grandes choses. Un album à réserver aux effeuillés de Rock Hard qui se paluchent sur du sympho. 

5/10

L'OVNI de l'album, le single, qui surnage quelque-peu par son riff simple mais cool :

vendredi 21 octobre 2011

Album du jour : The Fall Of Troy - Doppelganger


J'ai eu beau l'écouter en boucle, je suis incapable de dire quel morceau prend l'ascendant sur l'autre, quel titre se démarque clairement du lot en dehors du single "FCPREMIX" formaté Campus américain aucunement représentatif de l'album, compact, mais archi-bourré d'influences. Ce qui fait défaut au groupe, c'est la capacité à lever le pied pour faire respirer un peu leurs morceaux qui s'emballent trop vite, sans jamais quitter le tempo de la furieuse joie de vivre. At The Drive-In, Mars Volta, Adebisi Shank, The Blood Brothers, And so I Watch You From Afar, Daughters... L'école des mecs qui mettent tout leur talent au service du bien-être et de l'énergie décuplée au centuple pour ragaillardir l'auditeur dans ses baskets trouées et malodorantes.

jeudi 20 octobre 2011

L'Apollonide : La liberté de s'ennuyer


De la rebellion bobo au cachet pseudo-intello. Le style de Bonello me semble constitué de trouvailles synesthésiques intéressantes comme d'erreurs de réalisation. Des incohérences historiques par-ci, beaucoup de lenteurs par là... L'unité de lieu est respectée, mais pas celle de temps. Perdu dans l'espace-temps, la collusion des siècles ne se fait pas attendre.
Glanez à gauche une perception romantique des maisons closes du 19e, analogue à celle de la série Maison Close de Canal, plaquez-y à droite un rythme Soul « Jackie Brownesque », ou un laïus british pop pour incarner le marivaudage salace de la femme, et arrosez le tout d'une prétention artistique qui mise plus sur une canaillerie branchouille Parisienne que sur un esthétisme d'auteur forcené.

Shadows : Searching for her...


Si on surfe sur la nouvelle vague, on en est aux prémices, car la bête ressemble plus à un A bout de souffle ou à un 400 coups qu'à un La chinoise. En clair, tout est d'une simplicité confondante, rien n'est obscur et ne paraît outrageusement intello. Et pourtant, il y a du plaisir à voir se remuer la caméra, pour le réalisateur comme pour le spectateur. En filmant trois frères et sœur croupissant dans la ville, Cassavetes donne la parole à la pensée antisociale née des bas-fonds, des tripots et du jazz qui les fait sonner. Mingus en tête de file, la fanfare sonne juste, et les improvisations des acteurs ne paraissent pas tant exubérante que naturelles et « réalistes ». Le réalisme, après tout, c'est ce que poursuit le réalisateur en filmant d'une nouvelle manière, sans contraindre l'acteur à une place donnée, le laissant libre de mouvement et d'expression dans l'espace.