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jeudi 22 mars 2012

A Dangerous Method : Quelle prise de risque ?


Le problème c'est que pour être accessible à tous, les poncifs sont régurgités tels quels, pour donner un cachet intello au film : pulsions de vie et de mort, transfert, etc etc. Certes, le film n'aurait pas eu le temps de creuser l'art psychanalytique, et ce n'est pas le but d'un divertissement qui par définition doit divertir, mais le sentiment de rater une partie importante de ce qui nous est proposé est quand même terriblement dommage, surtout quand à côté des monts et merveilles que nous promettent la psychanalyse, on est réduit à retrouver une histoire d'amour contrariée, de plus, comme si on n'en avait pas encore assez de ce topos que la littérature déploie depuis des siècles et que le cinéma a cœur de creuser en long, en large et en travers en adaptant souvent ces mêmes romans.

Ce qui fait le plus mal c'est que le film manque véritablement de rythme : tout est empâté par une musique générique qui renforce le sentiment que la forme est lambda, générique, creuse. Aucune emphase pour ne rien faire déborder, si l'image n'était pas aussi claire et exfiltrée, on pourrait accroire à du Eastwood.

De plus, les profils de personnages sont malheureusement trop typés, faisant passer Freud pour un gros pervers pro-juiverie, alors que son comparse Viennois s'inscrit au fur et à mesure aux antipodes. Dans ce sens, l'affiche est très représentative d'une situation où les deux figures sont de part et d'autre, tandis qu'une femme trouble leurs relations plus ou moins directement.

En résumé, une mise en scène trop classique qui fait patauger le fond dans une sorte de brouillard où s'alternent les formes de réflexion importantes sur les méandres de la vie vis-à-vis de la psychanalyse. Malheureusement, ne pas avoir les clés pour fouiller l'ébauche de psychanalyse déployée à l'écran n'aide pas à comprendre l'intérêt d'un film qui conte la romance SM d'un docteur avec sa patiente.  
4/10

vendredi 16 mars 2012

Take Shelter : C'est ce qu'on dira "être passé à côté"


C'est long, c'est lent, c'est terriblement moins bien que Bug (avec le même acteur mais pas le même génie), pas vraiment bien réalisé et trop prosaïque pour amener à cogiter. 

L'atmosphère développée alterne entre le prenant - desservie par une musique Ambient très réussie - et le gavant : l'abstraction de toute romance, toute poésie, tout habillage. Rêvez un peu, le temps de quelques scènes, puis rendez-vous compte que tout n'est qu'illusion. Une fois, deux fois, trois fois. Plusieurs fois, le réalisateur croit bon de faire se réveiller son protagoniste en sursaut, alors que le spectateur a compris le procédé, lourd, fastidieux, harassant. 
Avec la lassitude, vient alors le sentiment de se faire entourlouper par des scènes qui sans un thème musical de fond enivrant paraîtraient bien ternes.

La vie de cette homme touché par la fatalité génétique n'est pas bien trépidante, et ce ne sont pas ses hallucinations et délires qui transmettent le grand frisson, mais quelques écarts à la monotonie scénaristique qui font traîner un doux frisson sur la moelle épinière.

Avec lui, on s'ennuie, sans lui, aussi. L'immersion étant déjà difficile, comment faire quand un couple sénile avant l'âge bavarde à tue-tête à votre gauche, et qu'un malin un peu frénétique de la guibolle remue d'avant en arrière le siège, grinçant, sous ses pieds ?

Déçu déçu déçu. Aucune place à l'introspection et à l'originalité (un système de santé américain aux choux, une représentation des symptômes de la schizophrénie déjà vue). De la redite, sans beaucoup d'inventivité (spoil : le seul plan des "lucioles" s'échappant du sol, peut-être...). Pour dire, la seule chose que m'a permis ce film, c'est de repenser à l'interprétation que j'ai pu avoir de Melancholia. Du coup, je l'en remercie de m'offrir une notice pour la "concurrence".
3/10

lundi 16 janvier 2012

Hugo Cabret : Cabré après avoir été caressé dans le sens du poil


Harry Potter ? Non, Hugo Cabret

Un background carte postale
Paris. Ses goguettes, ses épiceries, ses bérets (pas verts, oh que non)… Celui rêvé et fantasmé de tous les américains. Celui de l'avant-guerre (2nde), le vieillot, le rustique, le pittoresque. Au cinéma, dans les jeux vidéo, partout... Paris est resté bloqué à un « âge d'or » dans l'inconscient collectif. De Ratatouille à The Saboteur en passant par Amélie Poulain... Celui qui fleure bon le chamarré, l'huile de moteur, le jasmin et les épices. Un Paris des faubourgs, pas encore trop colossal, typique du triple A français, charmant, synthétisant le rural et l'urbain. Sa population, affable et accueillante, populaire, ses commerçants serviables, ses autochtones débonnaires, goguenards, pas encore touchés de plein fouet par le formatage industriel de la Grande Amérique, et bien sûr ses femmes soumises... Oh pardon.

Le Paris hivernal de Scorsese
Tâche 2 en 1 : plus blanc que blanc ?
Hugo Cabret, ou comment réaliser deux films en un. Comment introduire un hommage vibrant à Méliès sans pour autant réaliser un documentaire fondamentalement barbant, peu vendeur, et pas du tout « business ». Attendez donc de voir le tapis se dérouler, sous les pieds du petit Oliver Twist des quartiers chocs, endimanché d'une pelure pour braver la neige, les assauts du temps et du travail qui le crèvent. Préparez vos larmes, votre « âme d'enfant », pour vous émerveiller de situations de pacotille, d'allers-retours incessants pour creuser le background du Paris carte postale d'Amélie Poulain façon années 30, où l'amour donnera réponse à tout, de toute manière, et finalement rendez-vous compte qu'il ne se passe rien pendant une heure, jusqu'à la résolution de la première intrigue. Débute alors LE vrai film, celui pour quoi Scorsese a lancé la machine à vapeur, celui qui n'aurait pas été « bankable » en ces périodes de fêtes, de son amour pour Méliès, qui passe bien évidemment par l'intermédiaire d'un personnage, éminent professeur chercheur dans une non moins prestigieuse université parisienne... Et qui fait la connaissance des gosses des rues, et de leur amour immodéré et réciproque (bien que soudain), pour ce qui semble être la clé de la deuxième intrigue du film, lancée tambour battant.

Indice : le nom de ce type essayant de ne pas voir flou en regardant de la 3D commence par un M.
Vous reprendrez bien de la 3D ?
Je me disais bien que ça commençait mal, avec cet écran d'introduction placé en interstice, composé de lettres capitales grises et épaisses, servant à mettre en valeur la 3D, mais faisant monstrueusement film d'action de seconde zone... Parlons-en, justement, de la 3D. Gênante, encore une fois, elle ne met pas en valeur toutes les scènes, et donne la curieuse impression de voir des collages et aplats de papier sur un fond fixe, un peu comme dans un Paper Mario où les figures plates se superposent au décor. Reste que certains effets sont convaincants, comme la neige qui voltige, mais il subsiste (à mes yeux) toujours la désagréable impression de voir du leurre, du faux, et de ne pas vivre une expérience aussi « traumatisante » qu'a pu être la démocratisation du cinéma à l'époque. 
Je n'y vois finalement qu'un argument cosmétique pour augmenter le prix du billet, et qui par ses contraintes (les lunettes, les défauts visuels), finira inexorablement par disparaître, du moins dans sa forme actuelle, purement marketing. Il n'est pourtant pas dit qu'elle ne subirait pas d'évolution, pour devenir « instantanée », sans périphérique.

"Wesh, t'as vu cousin, j'suis trop chanmé et j'dégaine du Colgate au centième de seconde"
Le péril de vouloir trop bien faire
Des enfants stars, le cinéma en a enfanté des tas. Mais quand ces mêmes enfants ne se sentent pas assez propulsés, ils surjouent, en font trop, veulent se faire une place à prix d'or. C'est le cas de Chloe Moretz, qui colle 36 expressions à la seconde à sa carrière d'actrice. Horripilante, elle monopolise l'attention par ses singeries, quand son comparse Asa Butterfield (Hugo Cabret) se débrouille plutôt bien dans le registre « oh, je suis un pauvre petit sans racine, aidez-moi ! » vaillant et débrouillard.
Aussi, c'aurait été bien de prendre du plaisir à retrouver Sacha Baron Cohen dans un autre rôle que celui qu'il s'attribue trop souvent : le bouffon de service. En campant un chef de gare, il donne à voir une autre facette, moins fofolle, moins beauf, plus reluisante, mais toujours comique et burlesque, car on ne se refait pas. En voyant le film en VF, je n'ai pas profité de la subtilité de son phrasé, mais ai pu goûter à ses mimiques délicates et rigolodes de bout-en-train (c'est pas ma faute c'est celle de l'UGC). Et c'est fort bien, car le comique de geste est très présent, même s'il rime souvent avec répétition, de la partie de cache-cache à la course-poursuite, avec Hugo comme avec d'autres drilles sans domicile.

Train de face + 3D = "effet wow" ?
Conclusion : Une histoire d'amour cinématographique
Ce serait faire mentir le réalisateur d'omettre que tout part de la bonne intention de rendre hommage à Méliès, et plus largement, au cinéma des frères Lumière. En filant la métaphore de l'Arrivée du train en gare de la Ciotat pour la faire parvenir à la 3D d'aujourd'hui, Scorsese défend son bout de gras et alimente son argumentaire par un enrobage de film de Noël bien illusoire. Frelaté, même, j'aurais envie de dire, tant le backgroud scénaristique et contextuel fait gadget à côté de l'hommage tonitruant à l'inventeur du Voyage dans la Lune. Bilan des courses, il s'agit d'une mise en abyme panégyrique plutôt emballante si on omet la première partie du film, et qui permet surtout de rendre à César ce qui appartient à César. Plutôt qu'un film originellement conçu pour conter l'histoire émouvante (période de Noël oblige, il faut pleurer dans les chaumières) d'un orphelin à la découverte de ses origines, Hugo Cabret est donc l'expression de l'amour sans bornes d'un réalisateur pour un autre qui lui a non seulement donné une définition du cinéma admirable mais a également contribué à ce que Scorsese se fasse sa propre définition en embrassant la carrière de cinéaste.
4/10

1895 - 1930's : Un clin d'oeil à l'accident de la gare Montparnasse

dimanche 25 décembre 2011

Martyrs : "Mon nom est Christ, Jésus Christ, fils de..."


Première partie de vengeance ultra-violente. STOP. Deuxième partie bouche-trou. STOP. Pourquoi aller plus loin ? En deux temps trois mouvements j'ai résumé le grand problème de ce film qui ne gagne son nom qu'à travers des scènes rapiécées qui n'éclairent pas vraiment une histoire de vengeance bien classique, ma foi efficace, avec moult gore et violence, et caricaturalement mal joué.

Les actrices font vraiment second couteau, quoiqu'on en dise, et l'effort qui est investi dans la constitution de scènes choquantes ne sert pas un message plus profond, mais ne fait que réduire le film au rayon des usines à gore dégueulasses où les scènes chocs prennent le pas sur le soin accordé à la direction d'acteurs. Heureusement mieux réalisé qu'un Saw clipesque et teenager, il manque quand même cruellement de portée. Assister à des scènes de passage à tabac pendant une demie-heure pour combler le vide, ça pourrait installer un malaise, certes, mais c'est surtout très chiant, la démarche étant identifiée au bout de 5 minutes... Pour ça, il suffit de voir comment V pour Vendetta fait pour suggérer la torture, ça suffit amplement... Mais là, non, bien sûr, il faut faire de l'esclandre visuelle, pour imprimer dans la tête du spectateur la violence du monde actuel. Mouais...

L'apologie de la vengeance, au premier degré.
L'anti film de vengeance, au second degré.













C'est toujours un temps qui ne sera pas utilisé à développer une narration qui tient sur un timbre poste. Voir le réalisateur s'exprimer en interview sur la brutalité du monde est absurde et hors-sujet. Il ne réussit qu'à transmettre le curieux sentiment qu'il a conçu une explication à son film après s'être rendu compte qu'il avait accouché d'un monstre défiguré.
La seule véritable interprétation primaire qu'on peut en tirer c'est que les méchants blonds caucasiens martyrisent (c'est le cas de le dire) les minorités visibles de la France (« chinoise » et « arabe »). Là, d'accord, on peut aisément comprendre la démarche du réalisateur, même si elle est horriblement grossière et grotesque. Dans la débauche de macabre et de couleuvres, on n'est d'ailleurs pas loin d'un Hostel, lui aussi jouant dans la cour fermée des films à deux balles.

La voix de l'au-delà
Dans une débauche d'effets visuels traumatiques ultra-sérieux à peine imaginables, le moindre écart sensiblement caustique fait tout de suite emprunter au film une mauvaise route. Entendez le seul pseudonyme de « Mademoiselle » pour désigner l'oracle de Matrix enturbannée (bah oui, ça fait tellement plus mystique) et succombez au doux rire intérieur. Ajoutez-y les quelques élans d'accent canadien, la machination d'organisation secrète qui réalise des expériences que les nazis n'auraient pas renié, tout ça au sous-sol d'une maison excentrée aisément retrouvable en cherchant un peu. Car oui, la première héroïne a réussi à retrouver la maison de sa geôlière grâce à un simple article publié dans un journal, vantant les exploits athlétiques de la petite fille de la famille. C'est ce genre de détails tellement gros, accompagné d'un cachet « je montre tout, tout, tout, vous saurez tout » qui font perdre l'envie de croire en la bonne intention d'un réalisateur qui par contraste prend sa mise en scène très au sérieux. Ce décalage produit très vite un résultat grotesque, à l'image d'une fin terriblement mal à propos. « Bon... Comment foutre une dernière mandale au spectateur ? Ah oui je sais ! Le truc auquel j'ai pensé quand j'avais 17 ans et que j'en voulais au monde entier ! La cohérence, la peur du ridicule ? Bah on s'en fout, Mad Movies appréciera ! Et puis, de toute manière, c'est la société qui est contre moi ! ».

Alors, qu'en reste-t-il ? Un film esthétiquement "beau" car tourné avec de bons moyens, proprement réalisé (un comble), choquant parce que foncièrement malsain et abject, mais dans le fond terriblement vain... Si peu figuratif d'un malaise social que les scènes insoutenables ne font rien d'autre que justifier leur propre fin gratuite. Le réalisateur avait peut-être en lui une conception plus précise et personnelle de ce qu'il voulait signifier à travers ces scènes, malheureusement le courant a bien du mal à passer... Que quelqu'un me donne alors la carte pour me repérer dans ces contrées vides de sens... Oh, Romero, mon doux Romero, où es-tu passé ?
4/10

C'est une pub ? Nan, c'est un teen-movie.

dimanche 20 novembre 2011

Mon gras et moi : Un Mars, et puis s'en va


Un graphisme rose bonbon vous accueille de toutes ses dents carriées par les excès de sucre. Au premier plan, une grosse. Au second, la passion pour la boustifaille, sous toutes ses formes, à la folie. La boulimie, on appelle ça. Quelle nouvelle !

Le tout est constitué de sketchs d'une page à l'humour Titoufant. On tourne très vite en rond, entre les problèmes existentiels personnels de la demoiselle rouge-gorge ou de ses relations conflictuelles avec son petit ami svelte comme une anguille.

Les fautes d'orthographe sont une raison de plus de se dire que l'ensemble a été fait à la va-vite, façon comic-strip du web, pour promouvoir la grossitude, qui a sans cesse besoin de se faire accepter, à peine tolérée est-elle par nos sociétés... Mais ça ne suffit pas à faire une bonne BD qui mérite parution. Une dernière page nous intime de visiter le blog de l'auteur... Et on se dit finalement que ces bulles auraient mieux fait de se cantonner au Net. J'ai rien appris et j'me suis à peine amusé. What else ?
4/10

mercredi 9 novembre 2011

Poulet aux prunes : Tajine aux lardons


Poulet aux Prunes... Une histoire de plat bizarre, déjà, avec une recette sucré-salé qui fait mal à manger par où elle passe... Dure à avaler, quand en plus de ça elle sert de support à un scénario qui emmène vers des contrées orientales désorientées et surréalistes où les scènes les plus « wtf ??? » paraissent des plus normales et crédibles. Un vieux fou prof de violon enfermé dans sa tour d'ivoire reçoit un disciple qu'il écoute patiemment avant de le traiter de petit con sans âme ? Parfaitement normal !

Mais le plus important c'est que l'histoire de suicide promise fait mordre à l'hameçon, au point d'espérer assister à un recueil filmique des 36000 façons de mettre fin au calvaire de ne plus pouvoir vivre de sa passion... Et qui dit passion dit... Amour ! Le grand, en A, pour une femme qui belle de jour prend bien la lumière des spots et sourit de toutes ses belles dents blanches avec le fard qui ne coule pas et les yeux qui ne biglent pas d'un iota.

Et c'est là que le bât blesse, car une succession de scènes invraisemblables tissent mal une histoire d'amour que je redoutais de tout mon cœur pour son aura fumeuse à tout va. Amours contrariées, théories blêmes sur le sens de la vie... Cohabitant avec un Jamel Debbouze fantasque et trop à l'étroit dans son costard d'apothicaire de l'étrange pour ne pas en sortir le temps d'une scène... Entière. Impossible d'y croire, le guest fait peur et rompt l'immersion, qui pouvait passer encore, si elle n'était pas fréquemment bouleversée par des flash-backs sympathiques mais eux aussi issus de l'étrange imaginaire de réalisateurs que je ne comprends pas. Parler d'une fille qui n'a aucune incidence sur le scénar' juste pour dire qu'elle a troqué ses grolles de minette bonne à manger la carotte à l'école contre les boots sauvages de la piété damnation ? Ouais, c'est sympatoche, ça respire la coolitude Snatch ou Pulp, mais kézacko ? Qu'est-ça vient faire ici ? D'où ?

Il ne faut donc pas miser sur le scénario pour se faire plaisir. Pour ça, je compterais plutôt sur les décors ponctuellement dévisagés pour ressembler à une BD ou pis, un cartoon, où les existences dramatiques deviennent comiques et donnent un coup de peps au malheur qui accable le bonhomme moustachu aux yeux exorbités, Mathieu Amalric. Juste, pas Leblanc, mais juste dans un rôle qu'il incarne au poil, ce chat au regard Persan embrasse son rôle comme sa femme violenterait un chat après lui avoir fait connaître le premier trait de lumière.

Bout de femme pimpante, Faringuisse d'un film, fraîche dans les mémoires après un Pulp Fiction pas si vieux car après tout nous ne vieillissons pas, jusqu'au jour où il faut rendre les comptes, assure la mégère en bonne et due forme et se fait finalement autant détester que plaindre, mal casée qu'elle est dans un foyer où elle a voulu s'engouffrer pour finalement prendre conscience qu'elle se consumerait à petit feu.

Blagues potaches, humour fin, lourd ou larmoyant, le client est servi, à la sauce du chef qui arrose correctement il faut dire. Le principal problème c'est que je suis particulièrement déçu d'une fin qui ne sait pas retomber sur des pattes qui ont été propulsés dans la stratosphère puis portées disparues sans qu'on ne demande son avis au scénariste, qui a bien dû voir traîner deux-trois touffes de poil qu'il aurait pu recoller en un coup de colle UHU. Huhu, ouais, parce que ce film n'est pas seulement comique, il est une blague en lui-même, renversant ainsi le fond sur la forme pour boucler la boucle.

En ce sens, c'est accompli. En terme de cinéma inspirant et ébouriffant, c'est mitigé. L'angélisme manichéen « Amélien Poulainiste » partagé entre les ténèbres les plus enclavant et la lumière aveuglante me renvoie à Persepolis, et ce ne sont pas les quelques éléments appréciables de réalisation, dans certains enchaînements de plans, quelques fois de toute beauté, qui gommeront ses aspérités en tout genre.

5/10

dimanche 30 octobre 2011

The Artist : Ou comment faire du mauvais neuf avec du vieux


Minimalisme ne rime pas toujours avec simplisme. Fort heureusement. Et qu'arrive-t-il lorsque les deux se confondent ? Deux mots : The Artist.

Dans son propos, The Artist ne s'élève jamais bien haut, même lorsqu'il gagne en corps et robustesse scénaristique. Une question me vient alors à l'esprit, devant cette tentative échouée de faire aussi classe que les films américains ancestraux. Quel est le véritable intérêt, en terme de valeur ajoutée, de faire un film singeant les techniques du « glorieux » Hollywood des années 10, si ce n'est pour en faire une piqûre de rappel, maquillée en hommage, vis-à-vis des spectateurs nourris au Star Wars et Twilight ?

Dans les faits, les quelques instants brillants de réalisation retombent bien vite dans les méandres d'une narration perdue dans une léthargie de l'audace, se réfugiant dans la mobilisation de clichés du film muet mélodramatique, au lieu d'œuvrer pour un renouvellement profond du genre qui serait véritablement un des plus beaux hommages rendus au genre. Constituée de bonnes intentions, la relation sentimentale est « belle » à voir, mais fatigue quand même sous ses traits prévisibles.

D'OSS 117 à The Artist, Jean Dujardin fait un bon Sean Connery de substitution a la classe et au flegme prédestinés pour la cour anglo-saxonne. En toute logique, il peut donc jouer dans un film en noir et blanc où il aura à assumer un rôle de Don Juan du 7ème Art au physique de crooner.

Comme George Valentin, le héros que Jean Dujardin occupe, le réalisateur veut offrir du « beau », cassant par avance toute tentative de critique véhémente à l'encontre de sa progéniture. Antipathique, il se valorise au travers de son héros et conspue les pourfendeurs de la « moue », de la mimique faciale forcée, bref, du « passé ». Bon argument qui permet de se vautrer dans la vacuité narrative, au lieu d'innover et de se servir des codes pour faire un film actuel, vibrant d'actualité ; un peu à la manière de Drive...

Au lieu de ça, Hazanavicius (ouf !) sert un pastiche des plus insipides, sympathique si on laisse de côté le fait qu'il est quasiment impossible de ne pas penser à autre chose quand la majorité des situations paraissent des plus communes et rabattues en matière d'intrigue sentimentale. « Qu'est-ce que je vais faire en rentrant ? Faut vraiment qu'j'fasse du sport », soupirs, voilà ce que ça m'inspire. Rien de plus. Mention spéciale au chien qui a le mérite de tenir le meilleur rôle, quand même.
4/10

mardi 6 septembre 2011

Douches froides : Pas mieux


C'est l'histoire d'un type un peu paumé qui s'abandonne à lui-même, comme tant d'autres. On y contemple son laisser-aller, son air un peu couillon, son attitude par trop naïve, trop jeune, en pleine construction identitaire...
Comme dans Le libre arbitre, il est question de judo, et donc de self-defense, mais le plus important c'est que le réal fait aussi état des tabous de notre société et s'en sert comme gouvernail d'une destinée placée sous une mauvaise étoile. S'y côtoient l'exhibitionnisme (les sexes sont montrés sans pudeur), les parties à 3, l'alcoolisme, l'anorexie, les dérives du sport professionnel... Pute ? Pas tant que ça... Évidemment, on n'échappe pas vraiment à l'écueil des plans « chocs » faciles avec ces thèmes, mais leur traitement est assez subtil pour ne pas en faire un porno social du plus abject et dénué d'intérêt.
Parmi le lard, la copine du brave type est une belle caricature de la nymphomane ascendant libertaire bobo-cool filière ES. Pour rattraper le tir, les échanges sont communément réalistes, même si certaines exclamations et sursauts de discours sonnent faux, école de l'amateurisme théâtral oblige, on parle bien de comédie « françoise ».
La réalisation est sobre, sans effets superfétatoires, et laisse la part belle aux émotions extérieures et sous-cutanées. De ce côté-là, rien à reprocher, donc, mais rien à saluer non plus.

Mais revenons à ce mec un peu con. Pas très dégourdi, il découvre un peu trop tard que prêter sa meuf, c'est pas bien, ça rend jaloux, et ça n'attire que des ennuis, en plus de filer de l'urticaire. Et là, je vous ai tout dit. Plus besoin de voir le film ; magnifique non ? « Ouh l'enfoiré ! Arrête de spoiler » !

Tout ce ramdam de comédie adolescente déliquescente est arrangé de manière à mobiliser l'empathie du spectateur. Pourtant, j'ai du mal à m'y résoudre tant ce mec ressemble au cliché du banlieusard et/ou fils d'ouvrier neuneu au possible. Rien d'autre qu'une vision bien middle-class/upper-class de la France d'en bas, celle de la plus crapoteuse, du bas-peuple qui éructe dans la mélasse avec des rêves petit-bourgeois instruits par la télé et la BM du voisin d'en face, toutefois sur un modèle moins outrancier et « tiré d'une histoire vraie » que Bas-Fonds.

Le problème c'est que la copie ressemble un peu trop aux petits films de la belle société qui veut faire du Woody Allen en culotte courte, où les amours d'adolescence peuvent parfois tourner à l'orgie dans une effervescence de phéromones et de testostérone, juste pour se donner un caché cradingue et gaucho.

Fondamentalement, même si j'en fais des tonnes, ce n'est pas un film auquel on peut jeter la pierre. Dans ses moyens, il peut paraître détestable, mais ses fins sont honorables, ne serait-ce que par l'envie de transmettre des valeurs universelles connues et ignorées de tous, mais rappelées avec force par cette démonstration de l'Art cinématographique. Afin, finalement, de signifier que la vie n'est pas un long fleuve tranquille tout blanc ou tout noir, autrement dit que la recherche du bonheur sous toutes ses formes (amour, accomplissement personnel, ataraxie) est longue et tumultueuse, et comporte ses déboires. Mais c'est justement parce qu'il comporte ces ambitions et qu'il prétend s'élever au-dessus de la masse qu'il est d'autant plus dommage de constater qu'il est tiré vers le bas... La vie abîme, on le sait, et le cinéma se charge de nous le rappeler, avec plus ou moins de succès.
4/10  

vendredi 22 juillet 2011

L'autre monde : Je rêvais d'un autre... justement.


Une affiche racoleuse, une sélection à Cannes qui force le scepticisme, un « par le réalisateur de Qui a tué Bambi ? » qui laisse dubitatif... Et quelques critiques éparses, associées à l'enrobage Geek qui donne quand même envie de laisser sa chance à cette pelure.
De la sacrée bouillasse Plus Belle la Vienne, plus bas que terre, quand l'interprétation amateur dégouline de nos yeux et nos oreilles. Parce qu'en plus de ça, la musique est d'aussi bon goût que le reste du film : du kitschouille Ambient au synthé façon le Grand Bleu.
Pour ce qui est de l'autre monde dépeint à l'écran, soit le réal n'est pas un gamer, soit il a vraiment envie de se faire battre. Les images de synthèse sont charmantes, montrant un croisement jamais vu entre l'épure d'un Tron et le lugubre d'un Blade Runner saupoudré d'une pointe d'Immortel, mais où est la vraisemblance d'un tel jeu planté dans le monde contemporain ? Qui pourrait prendre ce fatras lisse et dépouillé d'images de synthèse pour des images de jeu, hormis s'il a découvert l'existence des « Morpeuge » ascendants « Meuporg » dans la seconde ? Au lieu de ça, le film d'animation explore une voie intéressante pour le MMO : la communication orale IG, à l'aide d'un brouilleur de voix. Avec mon oeil de crevard, j'y vois une alternative peu imaginative au « tout écrit » inadapté à un film.
Dans la facilité, à l'instar du montage pas travaillé, aux enchaînements secs et cassants, avec aucun rythme en début de course, un schéma bon élève mais bâtard du thriller, et tout ça servi par un manichéisme de maternelle (« ouh les gens en noir y sont fous et suicidaires ») ou de télé-poubelle, au choix...
Il fait beau, le soleil brille pour la jeunesse dorée et amoureuse de la vie, des corps et du bonheur. Puis le temps se gâte, ça se couvre, viennent la bruine et les malheurs... Sonne l'heure, les jours s'en vont, je demeure...
Fautifs, les Jeux vidéo coupent de la réalité, brouillent les identités, rendent asocial, cultivent la morbidité et rendent crétin par leur concept intrinsèquement ridicule. En d'autres termes, les JV (et a fortiori Second Life) rendent fou, et par conséquent sont un vrai danger ; attention !

Et merde, j'ai encore perdu deux petites heures de ma vie... Au moins ça m'aura permis de me remémorer le fameux Ben X lui aussi pas vraiment réussi dans sa catégorie, liant maladroitement autisme et jeux vidéo (m'enfin y'avait Sigur Ros en BO... c'est déjà ça).

Jeunes réalisateurs sans talent biberonnés à la cinéphilie du 20h de TF1, allez vous pendre...
3/10
Et rien que pour moi/vous/toi, le bonus Kurt-a-Geek :

mercredi 29 juin 2011

De l'eau pour les éléphants : Pas d'procès pour les méchants !


Beaucoup de tapage pour un film formaté, dans le fond, jusqu'au bout des ongles. Complètement d'accord, le cadre est original et franchement aguicheur. D'ailleurs, la bande-annonce était assez bien faite pour donner envie de voir une histoire dont le contexte paraissait au moins sortir de l'ordinaire. Pas que je pouvais m'attendre à du neuf sous le soleil de l'amour... Avec les bretelles du petit minet sorti de Twilight, je pouvais être sûr de me taper une resucée du Titanic de Cameron, à peu de choses près...
Et en bon blasé, je me suis quelque-peu retrouvé en terrain connu dès l'entame, qui avec sa musique lénifiante (qui ne quittera jamais le film mais s'adaptera aux situations) et son story-telling initié par un vioc', me rappelaient soudainement ce que j'aurais préféré oublier, une horreur d'ennui et de vide : L'étrange histoire de Benjamin Button. Encore une fois dans les sentiers battus, dès que le damoiseau a commencé à fricoter, du regard puis des doigts, avec la femme blonde platine du boss méchant pas beau tout rouge, même quand il faisait mine d'être courtois tout en laissant échapper un regard sombrement vilain ou une phrase assassine sur la facticité des relations sociales (« tout n'est qu'illusion !»).
Avec ça, j'y ai quand même vu quelques éléments surprenants, en bien comme en mal. Pour partir d'un bon pied, le parcours itinérant du cirque, effectué de ville en ville sur les rails, permettait de varier les situations tout en conservant l'indispensable cohérence que l'on attend toujours au tournant. Pour le plaisir, j'y ai rapidement aperçu un certain Freaks. Très très vite fait, car après tout la bobine était un poil mal léchée, à l'image de la barbe de quelques jours qu'arbore le minot, mais restait tout de même suffisamment propre sur elle pour soutenir au premier plan la romance made in Disney.
Pour ne pas dégoûter, il ne fallait surtout pas trop de « freaks », juste un nain, mais surtout pas de femme à barbe ou d'obèse, juste une évocation fugace, car après tout il fallait conserver l'esprit Narnia des animaux « oh il est mignon ». Sale mélange propre/sale, à l'instar de la gestion des images de synthèse, laides comme un pou dans certains passages : le train en marche et son « écran bleu » sur la végétation extérieure, et sans trop en dire, la scène de charivaris sous le chapiteau où les animaux sont à la fête, mais en carton-pattes, ou plutôt en plastique ? Dommage dommage... Ca casse le réalisme et par conséquent l'immersion.
Pour le meilleur, j'ai retrouvé Christoph Waltz dans son rôle de « bastard » dans lequel je l'avais laissé après avoir vu le Tarantino des 12 salopards. A côté de ça, les acteurs restaient sobrement à leur place, sans en faire trop, ni trop peu, assurant le minimum syndical pour rester en phase avec un résultat somme toute convenu et je dirais même plus : consensuel. En clair, rien ne dépasse vraiment de cette mixture tiède, mi-chaude mi-froide, chaque élément « bankable » est à sa place et ne brille en aucun cas. Par conséquent, j'en tire un constat un peu plus que mitigé, mais pas consterné pour autant.

PS : Je n'ai pas lu le bouquin, et je ne m'en porte pas plus mal (ai-je tort ?).
4/10

jeudi 9 juin 2011

Detective Dee : Il faut toujours se fier à son instinct

D'abord, les premières minutes donnent déjà le ton de la suite. Le grain de l'image est vintage, semblable à celui des péplum, et n'augure rien de bon. Ensuite, on remarque alternativement une disparité entre la «fraîcheur» de l'image et son côté «usé», en fonction de si oui ou non le plan est pourvu des pathétiques effets spéciaux qui renforcent l'impression de voir un Bollywood ou une série Z diffusée en 2ème partie de soirée sur M6, au choix... Pour vous faire une idée, on n'est pas loin des films de Bruce Lee et des 36 poings vengeurs de Shaolin en terme d'esthétique kitsch.
Si je me souviens bien, je n'ai jamais vu une réalisation aussi hétérogène. Les plans foireux (comprenez amateurs) et luxueux (professionnels en slow-motion) se succèdent sans queue ni tête. Cela donne un aspect déplorablement brouillon à l'ensemble, et ne captive pas mais donne toujours matière à prendre du recul, toujours plus... jusqu'à décrocher. Parce qu'il n'a même pas ce rythme « foufou » que les convertis vantaient tant. « On en sort épuisé », « cela ne s'arrête jamais ». Que nenni, les scènes de parlotte et d'action se succèdent académiquement (ah un peu d'ordre dans ce monde de brutes !) pour ne pas noyer une intrigue fatalement simplette digne d'un jeu vidéo (film de « geek » ?). Toutefois, les dialogues portés au service de l'action (comprenez épurés) apportent quand même leur lot de surprise, et de rigolade, volontaire comme involontaire. C'est notamment le cas quand un cerf (mal modélisé, évidemment) prend la parole et se couvre lamentablement de ridicule, et ce même en VO... De très loin, on y retrouve donc un peu du Miyazaki de Princesse Mononoké pour ce côté fantastique, mais aussi pour le contraste réussi accordé à des lieux qui se distinguent nettement par leurs reliefs.
C'est donc ce qui manque clairement à ce divertissement : de l'occidentalisation. Alors que certains y voient un avantage, j'y vois une tare. Pourquoi ne pas prendre exemple de l'autre côté de la force : le Japon ? Pourquoi ne pas s'inspirer de Johnnie To par exemple, qui fait tant rimer Asie et Occident ? Au lieu de ça, ce genre de spectacle « bioman » (Les Inconnus) a tant été parodié dans nos contrées, qu'il est impossible de ne pas se placer dans la posture du cynique. Après tout, peut-être que le ridicule ne tue pas en Chine... Qu'il n'existe tout simplement pas... Ou je serais plutôt partant pour dire qu'il n'est pas le même. Comme l'occident a pu à l'inverse s'inspirer de l'Asie, on y retrouve en toute logique de la graine de Kill Bill dans l'exhubérance des combats et de certaines poses qui ne passent étrangement pas pour « cool » comme ça pouvait être le cas dans le film de Tarantino.
En somme, c'est un nanar qui s'assume très peu en tant que tel. Quelques scènes sont volontairement drôles, mais la plupart des plans se rendent ridicules par la trop grande importance accordée aux chorégraphies des combats, façon Power Rangers, ou tout simplement à cause du grand décalage vis-à-vis de ce qui constitue le « beau » ou l'« artistique » à mes yeux d'occidental. En cela, il suffit de regarder l'accoutrement du blond peroxydé déguisé en Link du côté obscur de la force, pour verser une petite larme de rire puis de deuil pour enterrer ce qui aurait pu être un bon film. Néanmoins, par son caractère exotique fondamentalement insaisissable, DD peut s'avérer respectable. Il est toujours possible de le qualifier d'OVNI de génie si on admet que la force de Tsui Hark réside dans sa capacité à mélanger les genres pour faire partir son film dans tous les sens tout en le faisant retomber sur ses pattes. En tout cas, personnellement, j'ai choisi mon camp. C'est quand même à se demander comment Positif a pu l'approuver... Un film d'avant-garde ? On est mal barré...
3/10

mardi 17 mai 2011

The tree of life : Ou le blockbuster de la grenouille de bénitier


Sur le papier, un casting aux petits oignons, un budget qu'on imagine blindé, une longue période de maturation pour un résultat qu'on espère à la hauteur, un grand nom à la réalisation, le souvenir de la Ligne rouge... Et du Nouveau monde. Ah, ça sent déjà moins bon...
Et là, le film. Ca commence pompier, avec des chants religieux, ça s'améliore légèrement au creux, et ça finit largement en emphase. De la BA, il ne reste rien, ou quasiment rien. De ce film sur l'éducation, qui paraissait déjà vu mais augurait du sympathique jaillit une envahissante allégorie de la vie, transcendée par la grâce, ou avilie par la (triste) nature. Je n'invente rien, ce sont les termes employés en adjonction des chants dégoulinants de bons sentiments voluptueux. Et cela ne s'arrête jamais, tout au long du film c'est un prosélytisme insoutenable pour un retour à la foi de ce Sean Penn que nous sommes tous, occidentaux, perdus dans notre cité de verre, attendant avec espoir un retour à la verdure pour reprendre racines familiale et spirituelle.
A priori dans la finesse, la narration use de procédés éhontés d'un lourdingue... De manière récurrente, sont répétées les mêmes allusions gonflantes au père et à la mère, qu'ils soient munis d'une majuscule à l'initiale ou non. C'est sur ce relent avarié de puritanisme américain que repose tout le twist du film, qui s'appuie sur l'évocation du « tuteur » de chaque être, de ce qui l'élève ou qui lui permet de s'élever. Toutefois, alors même qu'on croyait que cette éducation allait à vau-l'eau, qu'il y aurait un renversement de situation, et qu'on assisterait donc à l'application du procédé un peu archétypal employé dans Black Swan, mais somme toute attractif de l'ange qui se transforme en démon, il n'en est rien, et tout retombe à plat au moment même où la sauce commençait à prendre.

Avec un oeil saturé de cinéma traditionnel et formaté, on peut y voir un essai rafraichissant pétri d'images d'Épinal à la 2001, tout en se masturbant insensiblement les neurones puisque la trame ne nous stimule pas suffisamment pour nous distraire de notre monologue intérieur. Mais franchement, non, je préfère ne pas me laisser endormir par ce déballage d'images de clip tout autant propices à la contemplation qu'aliénantes, car il est impossible de me faire sortir de la tête que c'est trop de souffrances sous anesthésie locale pour pas grand-chose. En d'autres termes, il n'y a rien de neuf sous le soleil avec ce cours de catéchisme, ce sermon séduisant aux entournures, qui a pour seule caractéristique remarquable d'être aussi fourbe et perfide que le loup dans la bergerie qu'il jette aux orties dans sa bobine : la figure du père démoniaque mise en opposition de celle de la mère, angélique. S'appliquant à vouloir faire du Gus Van Sant, Malick ne fait rien d'autre que laisser un mauvais arrière-goût d'une compilation mal maîtrisée de Jurassic Park, pour le passage halluciné de la genèse où des dinosaures à la modélisation grotesque surgissent sans crier gare, d'Océans pour ses jolis plans sous-marins, et de Virigin Suicides pour l'American dream faisandé, entre autres...
Ayant l'impression d'avoir été le dindon de la farce, de s'être fait administrer une blague à l'insu de notre plein gré, on en ressort avec l'envie d'en découdre. Un comble pour un film qui se veut mystique et paisible, non ?
3/10