Du
post-hardcore au sens « noble » du terme, affublé de
l'étiquette « Screamo » par je ne sais quelle méprise...
Pas celui de Neurosis, plutôt dans une définition semblable à
celle du Post-Black à la Virus (« As Far As You Can
Throw Me »), et ce toujours avec une dimension progressive qui
fait le liant entre les (sous-)genres abordés. Une voix dissonante
dans le paysage, qui se propulse aux confins du Post-Rock aux
stéroïdes ainsi que du Math-Rock, en apposant les deux univers sans
que ça ne fasse jamais tâche. Emo à demi-mot, car l'émotion ne se
traduit que dans les instrumentations rehaussées d'un clavier qui
fait des merveilles, et qui rappelle les belles heures de Genghis
Tron. En parallèle, les cris du cœur se font discrets, plutôt
monocordes et suffisamment lointains pour qu'ils n'empiètent pas sur
la patience et le moral.
Diversifiée,
variée, la musique du duo est plutôt difficile d'accès. On ne
rentre pas facilement dans cet album, tant les structures peu
communément usitées, bien éloignées du couple couplet/refrain, ne
sont pas simples à mémoriser. Ce n'est pas faute d'additionner les
motifs inédits et réellement intéressants. Le comble c'est de
créer des morceaux sophistiqués et bien composés auréolés d'une
très bonne production, tout en conversant toujours une part
importante de mystère qui sauvegardera la longévité de
l'enregistrement.
Sans
jamais s'ennuyer, les 40 minutes tournent sur elles-mêmes sans qu'on
remarque un seul instant le subterfuge. Pas besoin d'autre argument
pour démontrer que les morceaux ont tous été réalisés, avec
précision, pour durer. « Made to last », comme dirait
l'autre.
Dans
l'attitude globale, je retrouve une certaine fraîcheur propre à At
The Drive-In, bien que les deux formations soient musicalement
incomparables, et j'y entends même du Mars Volta, voire du
Fall Of Troy. Dans un tout autre style, le dernier morceau me
fait furieusement penser à du Cynic, quand les deux
précédents me rappellent Red Sparowes... En poussant
toujours un peu plus, on pourra encore et encore trouver des cousins
germains à ce groupe qui fait la synthèse des courants tout en
faisant preuve d'identité.
Mais
s'il faut le comparer à un groupe en particulier, ce serait plus à
un Lightning Bolt, avec la touche classe et distinguée
héritée d'un doux cabaret devenu panthéon.
Alors,
que lui reprocher ? Probablement ce manque de spontanéité
discernable au premier coup d'oreille et qui confère instantanément
le statut d'album culte. Ce qui est certain, c'est que du « single »
« Golden Dawn » au paisible « Opium » en
passant par le sensible « Paper Tiger », les nombreuses
écoutes laisseront toujours matière à découverte et
émerveillement, et procureront le plaisir de retrouver des airs et
mélodies qu'un cerveau trop étriqué tentera tant bien que mal de
reproduire.
8/10
et plus si affinités

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