vendredi 21 octobre 2011

Album du jour : Gospel - The Moon Is A Dead World


Du post-hardcore au sens « noble » du terme, affublé de l'étiquette « Screamo » par je ne sais quelle méprise... Pas celui de Neurosis, plutôt dans une définition semblable à celle du Post-Black à la Virus (« As Far As You Can Throw Me »), et ce toujours avec une dimension progressive qui fait le liant entre les (sous-)genres abordés. Une voix dissonante dans le paysage, qui se propulse aux confins du Post-Rock aux stéroïdes ainsi que du Math-Rock, en apposant les deux univers sans que ça ne fasse jamais tâche. Emo à demi-mot, car l'émotion ne se traduit que dans les instrumentations rehaussées d'un clavier qui fait des merveilles, et qui rappelle les belles heures de Genghis Tron. En parallèle, les cris du cœur se font discrets, plutôt monocordes et suffisamment lointains pour qu'ils n'empiètent pas sur la patience et le moral.
Diversifiée, variée, la musique du duo est plutôt difficile d'accès. On ne rentre pas facilement dans cet album, tant les structures peu communément usitées, bien éloignées du couple couplet/refrain, ne sont pas simples à mémoriser. Ce n'est pas faute d'additionner les motifs inédits et réellement intéressants. Le comble c'est de créer des morceaux sophistiqués et bien composés auréolés d'une très bonne production, tout en conversant toujours une part importante de mystère qui sauvegardera la longévité de l'enregistrement.
Sans jamais s'ennuyer, les 40 minutes tournent sur elles-mêmes sans qu'on remarque un seul instant le subterfuge. Pas besoin d'autre argument pour démontrer que les morceaux ont tous été réalisés, avec précision, pour durer. « Made to last », comme dirait l'autre.
Dans l'attitude globale, je retrouve une certaine fraîcheur propre à At The Drive-In, bien que les deux formations soient musicalement incomparables, et j'y entends même du Mars Volta, voire du Fall Of Troy. Dans un tout autre style, le dernier morceau me fait furieusement penser à du Cynic, quand les deux précédents me rappellent Red Sparowes... En poussant toujours un peu plus, on pourra encore et encore trouver des cousins germains à ce groupe qui fait la synthèse des courants tout en faisant preuve d'identité.
Mais s'il faut le comparer à un groupe en particulier, ce serait plus à un Lightning Bolt, avec la touche classe et distinguée héritée d'un doux cabaret devenu panthéon.
Alors, que lui reprocher ? Probablement ce manque de spontanéité discernable au premier coup d'oreille et qui confère instantanément le statut d'album culte. Ce qui est certain, c'est que du « single » « Golden Dawn » au paisible « Opium » en passant par le sensible « Paper Tiger », les nombreuses écoutes laisseront toujours matière à découverte et émerveillement, et procureront le plaisir de retrouver des airs et mélodies qu'un cerveau trop étriqué tentera tant bien que mal de reproduire.

8/10
et plus si affinités


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire