dimanche 25 septembre 2011

Festival des Arts Bourrins : Le prix de la perte



« Les Arts Bourrins, vous êtes là !? » - Casimir, sous hélium, fan-sosie de Ronnie James Dio.

J'ai pas envie d'faire le zouave à m'étriper la glotte pour m'épandre en dictées larmoyantes sur c'que j'ai perdu en temps et patience à bouffer de la merde pendant des lustres. Les baskets bien au sec, astiquées comme il faut, à côté des buffles stoïques à la barbe philosophale renfrognée. Ca encore, j'en avais rien à foutre. Mais me rappeler au bon souvenir visqueux du Hellfest et de ses congénères dégénérés m'a fait regretter le jour où je suis né. Planter le décor d'une tente patentée au milieu d'un troupeau zélé c'est comme planter le drapeau de la pucelle dans le verger des loupiaux ; c'est fatal. A demi-sec, comme un raisin qui a mal versé, bien arrosé par la bruine et la rosée du matin, tout juste décollé des paupières après une soirée passive à se faire scruter le colon à base d' « Annie Cordy va t'faire enculer » chaloupé de bonnes flatulences auditives à peine masquées par les relents verbeux de la bière de bœufs. Bovins à Bové ou second degré ? Auto-parodie ? Abruti. Tout le week-end.

Premiers groupes : à chier. A vomir par terre mon envie de tremper ma mèche imaginaire dans le pot du festival cette année. Quelconque. Le premier qui passe. A sec. Pas téméraire je suis, couard j'aurais dû rester. En attente du prochain arrivage, patiemment, passablement asphyxié, en se tournant les pouces intérieurement, comptant les moutons au plafond pour se rassurer qu'on est en bonne et due place, en forme, pas très conforme, les pieds plantés dans le béton armé d'un gang de lascars panopliés. Armé d'une patience sans faille, on s'entérine, se ravine, et c'est reparti de plus belle. Manque la quenelle, toujours, la tripe et le chanvre piétinés par une singerie de professionnels en costards vermeils sous leurs T-shirts crados du Wacken-Hasselhof. Papys teutons ont pris le pas avec tripotée de déambulateurs à têtes d'ogives nucléaires. Foutu.

J'ai lutté, j'ai fait ce que zébu. Z'ai pas bu, pourtant, mais z'aurait dû. Une nouvelle question jaillit : l'alcoolisme est-elle inhérente au style, comme une praxis émergente au fil des années d'expérience, ou découle-t-elle de l'abus de ce même style sous sa forme live ? A trop bouffer de la misère artistique à bas prix, il faut se trouver de quoi voir trouble pour distinguer un truc dans la mêlée de riffs et parpaings mal mis au jour, sûrement sortis de l'utérus d'un rebut d'une atrocité pondeuse de Tchernobyl. Ramasse tes groupes de Death moule-fritures pas inspirés à gorges rougeâtres déployées pour capter l'O2 sous les spots lumineux en bramant des inepties pour expulser le regain de timidité.
Pour conjurer le sort, les (faux-(cilles)) russkofs étaient de la partie, aussi, avec du Grind de kolkoze koulaké par la faucille et le marteau endimanchés de quenottes, aux quenilles ? Nan, aux mimines. C'était rigolo, le premier à se prendre autant au sérieux que le public était SxE. J'épargne le reste de la clique parce que j'en ai ma claque et que je renvoie en rétrocyclette au début de ma logorrhée égarée.

En guise de bourrasque tranquille consolante et ravisseuse de deniers, je me suis réfugié vers les stands d'opium sur galette, plus ou moins grosses ou petites, plus ou moins dignes d'intérêt. Valeur refuge, quand le live sent les dessous pas lavés d'un grassouillet fan D'eath-calotte olympique. Bougre de bouse, suis-je vraiment fait pour capter les lumières aveuglantes d'une télé à peine plus réelle ? Où est la subversion dans des pantins en pantoufles pétochards et partouzards ? Consanguinité scénique, dans la profusion de familles d'une même communauté. Le tiers-mondisme de la musique dans un seul et même festival, alors que merde, il y avait de quoi se réjouir en fin de festoch' !

Mais il était humainement impossible de se garder un espace de tolérance dans le coin de la tête pour se résoudre à emporter la déception sur l'autel du sacrifice. Qu'une envie : fuir, fuir, fuir, de toute part. Au revoir Prön Flavurdik, tu es le seul qui m'aura vraiment manqué ; à ma collection de perles canards WC, qui aurait de toute manière dépareillée, tant tu m'aurais émerveillé. Découvertes restées vertes et pas mûres, tant pis pour la braguette, c'est tintin. J'en oublie volontairement parmi les captations de présences avinées et stan-starisées par la culture YouTube de la choré parfaite du vrai parfait. Même pas le groupe de reprises de Black Sab' n'aura réussi à m'esquisser un semblant de satisfaction brute et sincère. Avec deux grammes dans chaque parcelle de mon bulbe rachitique qui me sert de capsule cramoisie pour emmagasiner les blagues et autres répertoires de lieux communs à éructer en soirée ou bonne société, j'aurais peut-être pu subvenir, sous peine de frôler le sur-régime, avant de renvoyer sur les pétunias mon dégoût de la soupe à la rouille (Metal, ok ?).

« Les Arts Bourrins m'a tuer ». Les 14 euros m'ont pris pour un bourri ; j'aurais dû tenter le concours de cris, éclair lumineux dans le ciel gris de la Normandie.

Ah oui ! Et puis, à part ça, j'ai quand même aimé 17 Seconds Left, parce que c'est des gentils, et Last Breath Before The End, parce que c'est des Caennais et qu'ils ont trois grattes pour faire du Deathcore semi-bien branlé qu'ils savent même pas que c'est du Sludge. Sans déc'.

Cette fois, c'est bon, je vais me coucher, en tout bien tout honneur, avec ma cousine la fée Mélusine.

3 commentaires:

  1. Merde alors, ton métabolisme semble avoir fabriqué de puissants anticorps "repousse-festi" ! Depuis le Hellfest ?

    Petite question : à la lecture de ta prose (un chouïa) alambiquée je n'ai même pas été foutu de comprendre si tu as raté Pron Flavurdik, ou si tu as assisté au concert, mais que l'ambiance diarrhéique du festi en général t'a empêché d'apprécier. Précisions ?

    Quelque chose me dit qu'on ne verra pas ta tête sur les terres clissonnaises courant juin... Merde, avec qui je vais headbanguer sur Children of bodom ? :)

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  2. En fait, on s'est barrés avant que Pron et Retromotion jouent. Il restait quatre groupes à l'affiche, dont Como Muertos et Gorod, pour les deux derniers.

    On était tellement las qu'on a préféré se barrer plutôt que devoir rester jusqu'à la fin tardive et par la même occasion devoir coucher sur le camping à l'ambiance terriblement conforme à celle du Hellfest. "Beeeeuuuuuaaaaarggghhhhh, Mimi Matiiiiiiii !!!!" avec réparties interminables pendant des heures et des heures...

    En fait, si je faisais les fests en chambre d'hôtes, pépère, je crois que j'adorerais ça. C'est juste le camping et les mauvais groupes "clone de" qui me font du mal.

    Le Hellfest me tente encore, cette année. En voyant l'affiche, je me suis demandé si je ferai pas l'effort de me déplacer, mais ça risque d'être compliqué avec cette dernière année et le stage...

    Ahlala... N'empêche c'est triste de voir CoB parmi les têtes d'affiche ; et je ne parle même pas de Trivium et de Dimmu (dont je ne connaissais même pas la reformation).

    Heureusement, le bas de l'affiche est toujours là pour me consoler. Par contre, le prix des billets m'a l'air d'avoir augmenté, encore une fois. Au prix normal, on sera pas loin des 150 euros, nan ?

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  3. Exact, vers les 155 € d'après quelques calculs d'apothicaires faits sur le forum. Mais je les paierai sans problème, grâce à une première salve de noms qui me fait également saliver (grosse surprise pour Colour Haze et Dÿse).

    PS : Jean-Marc Morandiniiiiiiiiiiiiiiiiii !!!

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