Baffi ou bouffon ? Pourtant, pas d'humour, juste du premier degré.
Car c'est une sacrée blague qu'on nous sert là, en proposant une
remise au goût du jour du mythe du capitaine Achab (Moby Dick), tout
en l'adaptant à une quête vengeresse contre un dragon... blanc.
Grossièrement, les ficelles du roman sont exploitées par
transposition à un univers heroïc fantasy dans la veine du Seigneur
des Anneaux, avec un esprit « Geeké » par l'ombre de
Monster Hunter. Ajoutez à ça que le « héros »,
plutôt zéro charisme, a une gueule sortie des faubourgs de Prince
Of Persia.
Les acteurs jouent les seconds couteaux, grimaçant des émotions
qu'ils ont du mal à singer. Les dialogues sont minables et
l'intrigue inexistante. Le rythme est pourri par des longueurs
interminables où la peur ne règne même pas une seule seconde, le
réalisateur préférant se focaliser sur la nenette bonnasse en
diable, mais à la poigne de fer, que les « matelots »
doivent bien évidemment se déchirer, de l'œil ou du chibre, parce
que oui, un marin, n'empêche, ça a aussi ses besoins ras la touffe.
La misère ambiante, fatigante, donne le sentiment que tout le budget
a été mis sur la modélisation inégale des dragons, au détriment
du scénario, mais aussi des décors, qui paraissent ni plus ni moins
absents, sous couvert d'un gimmick arty-ficiel d'une montagne
recouverte de son manteau neigeux et des caprices de flocons
envahissants. Bien tenté, mais il ne suffit pas de vouloir donner
l'illusion du beau, il faut aussi consentir quelques efforts pour
qu'on y croit, au lieu de se perdre dans des cadrages bateaux et
simplistes.
Au lieu de s'ingénier à installer un climat anxiogène en
dissimulant la bête « monstrueuse », le réal préfère
casser tout le charme et le mystère en la filmant frontalement dans
un nombre infime de scènes (3, à tout casser), mais suffisamment
démonstratives et explicites. Ainsi, le torchon ne joue pas dans la
cour de la subtilité, même s'il cherche à y concourir : les
flash-backs lumineux façon « nostalgie », le cadre
enneigé qui serait propice à l'énigme, les quelques tentatives de
traits d'esprit dans la bouche de philosophes soiffards du dimanche.
Rien d'intéressant, rien de profond, alors qu'il aurait été
judicieux de mettre du cœur à l'ouvrage pour retranscrire la
psychose, la névrose, le regret et l'obsession de types embarqués
pour une looooongue aventure au bout d'eux-mêmes... D'une heure et
demie ; et s'emmerder quand même avec un format de durée qui est
celui de la comédie, ça, c'est fort. Seul un revirement final moins
téléphoné réveille de la torpeur dans laquelle le spectateur
s'installe, en cassant net la succession d'évidences et de
platitudes stéréotypées qui misent bout à bout forment tant bien
que mal un « film ».
2/10