Le
coup de crayon tremblotant fait penser à Sfar, et le scénario fait
quant à lui penser aux intrigues macabres des films d'épouvante de
notre enfance. Quand les humains empaillés prennent vie, on devrait
frémir... Mais c'est aux occupants du grand hôtel retapé en grande
bâtisse de se faire un sang d'encre à cause du couple bien décidé
à faire de vieux os.
A
chercher le glauque, à l'intérieur comme à l'extérieur, de la BD
comme des personnages qui s'agitent dans les vignettes, on s'habitue
finalement à ce qui s'apparente au morbide banal d'un film de Tim
Burton. Les propriétaires se succèdent et on en connaît toujours
la fin, ce qui rejoint mon impression que l'auteur emprunte des
raccourcis par souci de raconter une histoire intelligible. Quitte à
prendre des moufles pour faire glisser des perles à l'intérieur
d'une ficelle de cuisine pour en faire un collier.
Les
riches sont avares et serviles, les pauvres crèvent la faim et
traînent leur misère dans les bas-quartiers. C'est la France du
20ème, et pourtant on dirait celle du Moyen-Âge. A Bordeaux, il n'y
a que les ventrus pour cuver leur bon vin dans des sièges bien
capitonnés. Et fort heureusement, une paire de vieux croûtons tout
droits sortis du taxidermiste sont là pour leur faire payer leur
luxure révoltante... Et restaurer un peu de justice dans ce monde de
merde.
Au
final agréable mais pas indispensable, il se lit avec la conscience
narquoise de déjà connaître la fin, et se repose dans le bac aussi
sec, avec le souvenir vague d'une BD qui sort à peine du lot.
5/10


Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire