Depuis
la courte séquence d'introduction en noir et blanc qui tombe sans
mot dire et sans qu'on y prenne garde, on peut repenser tout le film
sous un angle plus grave que ce que les scènes d'actions nous ont
imprimées dans la tête. Basé sur des problématiques actuelles
telles que l'écologie, l'hypersécuritarisme et surtout
l'industrialisation, la dystopie de Soleil Vert est belle à voir
avec un point de vue qui ne porte pas de jugement fâcheux sur les
moyens techniques de l'époque. Des décors aux costumes en passant
par l'interprétation, tout peut pâtir de la poussière qui s'est
amoncelée sur le rebord du veston de notre héros au corps musculeux
ricain en diable, et à l'instinct misogyne tout british, l'agent 007
venant au rapport. Tripotée et filmée comme un objet, à tous les
degrés possibles, la femme, fidèle à l'époque dont elle est
contemporaine, est rabaissée, méprisée, bafouée dans sa
condition, reléguée au rang d'objet, bref, destituée de ses droits
civiques durement gagnés au cours de l'Histoire, la nôtre.
Parce
qu'il a en son temps voulu jouer la carte du réalisme, Soleil Vert a
peut-être, d'une certaine mesure, plus mal vieilli qu'un THX 1138
qui visait davantage la représentation fictive et métaphorique que
la crédibilité mimétique. Si ce n'est pas un monde parallèle,
c'est le monde tel qu'on le connaît, et tels que ces bonshommes,
pour certains, dont le meilleur ami de Charlton Heston, l'ont connu. En
résulte un univers inégalitaire où la précarité du monde des
pauvres côtoie l'opulence de celui des riches. Bien en amont, le
thème écologique prime sur le reste et témoigne de l'inquiétude,
déjà à l'époque, de subir un avenir proche dénaturé. En ce
sens, le film tient l'apparence d'un vieux croulant, mais garde en
réalité une fraîcheur d'esprit inaltérable.
6/10
Vu il y a quelques années, et quasi-complètement oublié, je dois dire. Dommage, j'avais le souvenir d'un assez beau film.
RépondreSupprimerLe seul problème étant que ce film est devenu tellement culte que son twist final (comme celui de Citizen Kane et de la Planète des singes) fait maintenant partie intégrante du patrimoine artistique international (oserais-je dire). La fin est connue de tous, et ce qu'on ait vu le film ou pas. Il est devenu quasi-impossible de voir le film "à la béotienne" et d'être surpris et édifié par la scène finale...
As-tu eu ce plaisir ?
En fait je l'ai revu dans le cadre d'une nuit de la SF marathon qui a fini en apothéose avec 2001 L'odyssée de l'espace. A vrai dire je me souvenais pas bien de la fin exacte, juste de la scène où le vieux va faire son suicide assisté. Du coup le "Soilent Green is made of people" est plutôt cocasse, c'est certain.
RépondreSupprimer