Le
bouchon lyonnais. Ou probablement le trou. L'apathie universelle de
la jeunesse, plus sûrement. Se ressasser son pessimisme comme un
fardeau de colporteur un peu trop gros pour des épaules de jeunes
urbains pas vraiment taillées pour le body-building. Au cœur du
point névralgique symbolisé par le couple formé par l'écrivain
autobiographe et sa petite
amie virginale se greffe une troupe de potes réunis par un même
regard désenchanté sur les beautés spécieuses du grand Monde.
Un
couple elliptique, pour ne pas s'installer dans la paresse d'une
petite histoire réglée pour remplir un projet de motivation
d'intrigue. On prend le train en marche, et on en saute pour ne pas
connaître le terminus de la bande.
Par
bribes, on capte des flots de pensée, mis en commun et aussitôt
submergés par le bruit. Concerts arty ou noisy dans des lieux
exigus, caves ou semi-squat (le Grrrrrrnd Zero ?), soirées films
avec avis divergents et concours de noms d'oiseaux pour cracher dans
la soupe du pain quotidien... Une culture du laisser-aller de tous
les jours pour voir accoucher un maigre RMI le temps d'un mois,
jusqu'au suivant. En attendant, un récital d'états d'âme en
soliloques sur ce qui aurait pu être un accomplissement individuel
du rêve Blanc.
Point
de rêve qui ne soit perdu, point de salut à l'horizon. Visuellement
aussi, la figuration prime sur l'onirisme. Les touches picturales
embellissent le tableau décrépit d'un dégradé
de couleurs au nombre de 3. La technique graphique se nourrit, en
négatif, du mal-être des individus pour rendre honneur au silence,
et donc à la page blanche. Un standard de noirceur cède à un autre
qui le supplante pour un court instant. La valse de la cour des
miracles tient au grand hommage artistique rendu à ces anti-héros
de tous les jours qui se succèdent et ne marquent pas de leur
empreinte les pages de Wikipedia.
Un
moment de triste banalité vraisemblable, trop peu noble pour être
un roman, pas assez épique pour être une BD à part entière. Une
succession de tranches de vie par trop connues, réunies en 120
pages, partageant les mêmes ciel, appartements, rues, histoires,
états d'âme, gris, noirs, à peine éclairés par un blanc
immaculé, sans espoir de quitter la tourmente de l'ordinaire le plus
rasoir.
8/10


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