mercredi 7 décembre 2011

Bad Lieutenant : "You know I'm bad, I'm bad, really really bad..."


Aujourd'hui, Bad Lieutenant ne choque plus pour les mêmes raisons qu'à l'époque. Le politiquement incorrect qu'il faisait suinter dans le sillage de Taxi Driver n'a plus vraiment lieu d'être à l'heure actuelle. Si on est dérangé, ce n'est pas tant pour les scènes criminelles impudiques qu'on préfère habituellement nous cacher, que parce qu'on a de l'empathie pour ce représentant de la loi « libéral » qui s'enfonce peu à peu dans la mélasse sans pouvoir s'en dépêtrer.

La figure intemporelle tragique de la chute d'un homme en son corps et âme fonctionne toujours aussi bien. On y voit un ripoux camé du soir au matin, du matin au soir, sans jovialité, sans vie, traînant sa carcasse, laissée vacante à l'écran sans qu'on sache qu'elle a été la berline qui occupait précédemment le garage du poulailler. C'est sans compter sur la religion catholique qui vient mettre son nez dans le merdier des rues sales pour aider à sortir du ghetto mental l'âme en perdition.

Vous l'aurez compris en lisant entre les lignes, le pitch est bon du début à la fin, et c'est tant mieux. La réalisation mange également aux bons râteliers, pour passer progressivement de la loi de la jungle à l'ennui urbain le plus total. Le procédé fonctionne si bien qu'on prend peur de ne pas capter le sens crucial des cinq dernières minutes. Sûrement parce qu'il n'y en a plus dans le quotidien criblé de balles du flic à la démarche vacillante. C'est là que la mise en scène prend donc plus de place et d'ampleur, pour faire part de la neurasthénie de ce type au bout du rouleau, prêt à rendre tout, la bile comme les armes. D'un rien pouilleux, ça devient beau, innocent, et gracieux.

En retournant sa veste, il avait le choix entre embrasser les pieds de la croix ou la bouche d'un M-16, et je vous laisse le luxe de découvrir ce qu'il adviendra de sa peau flasque et bouffie.  
8/10

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