mercredi 16 novembre 2011

Intouchables : Touche-atout dans une paire de manches


Drôlerie, Intouchables est surtout un duo comique aux ressorts diamétralement opposés, qui fait mouche, qui en jette et en impose.

D'un côté, un jeune enthousiaste dilettante des banlieues qui jouit de la vie sans se soucier du lendemain, qualifié d'assisté par le premier venu, fusse-t-il riche ou non. De l'autre, un paraplégique plein aux as dont la fortune ne se mesure même pas. Jets privés, maison luxueuse, œuvres d'art coûtant les yeux de la tête, tout lui sourit, et pourtant sa « poisse » le confine au stoïcisme, à la quête du sacré, de la pureté dans la noblesse de l'Art, et bien sûr d'un compagnon de vie qui saura lui redonner du baume au cœur et une joie de vivre infantile qui l'a déserté.
Il pourrait être facile de balancer du cliché à la pelle, sur la douleur qui tenaille l'handicapé au quotidien, le fossé qui sépare définitivement le riche des beaux quartiers du pauvre de la cité, mais le réalisateur préfère se concentrer sur ce qui différencie deux cultures distinctes pour souligner l'écart qui s'amenuise au fil du développement du rapport d'humain à humain.

On n'évite quand même pas de tomber dans les travers qu'on peut qualifier de populistes de critiquer la culture dite « bourgeoise », parmi l'opéra, la poésie, l'art abstrait, qui ferait certainement grincer des dents les plus éminents critiques professionnels, détenteurs du bon et du beau.

Calé dans son siège, sans en attendre trop qu'un moment de plaisir simple et non coupable, le comique est toujours assez frais et distrayant pour passer outre mesure. Ce qui frappe, surtout, c'est le rythme avec lequel le binôme est mené. Suffisamment bien dosé pour déclencher le rire franc sans discontinuer et surtout sans se lasser, assez bien fichu pour faire retomber les zygomatiques le temps d'une pause plus intimiste où les deux compères se rapprochent et se liguent d'amitié, le film est définitivement bien écrit, savamment réfléchi pour aller chercher la spontanéité d'Omar et attraper le spectateur au rire, sans trop jouer sur la corde sensible du pathos, pourtant marqué à l'occasion par quelques mélodies qui feraient presque décrocher une larme.

En redoutant le pire, le résultat s'avère forcément d'une teneur supérieure aux attentes. Surpris, je me suis laissé gagné par la naïveté et me suis embarqué dans leurs conneries de grands gamins, même si leur réunion est sur le papier fortement improbable, n'en déplaise au cachet « inspiré d'une histoire vraie » qui fait toujours remuer les foules pour vendre de l'ivraie. Toutefois, pour un temps, j'ai relégué le costume de cynique au placard pour me laisser aller sans prétention à une histoire qui peut servir de moteur à une réflexion sur l'amitié et les rapports sociaux prédestinés à être marchands.
7/10

2 commentaires:

  1. Idem

    Très populo mais avec un humour largement supérieur au marasme ambiant des comédies françaises. J'ai moi aussi passé un bon moment. Qu'un film me fasse rire et je suis prêt à fermer les yeux sur les clichés éhontés (ce que n'a pas réussi "Bienvenue chez les Ch'tis" par exemple)

    RépondreSupprimer
  2. Avec du recul, j'ai presque honte de lui accorder autant de crédit... Mais bon, soyons bon prince...

    RépondreSupprimer