jeudi 22 mars 2012

A Dangerous Method : Quelle prise de risque ?


Le problème c'est que pour être accessible à tous, les poncifs sont régurgités tels quels, pour donner un cachet intello au film : pulsions de vie et de mort, transfert, etc etc. Certes, le film n'aurait pas eu le temps de creuser l'art psychanalytique, et ce n'est pas le but d'un divertissement qui par définition doit divertir, mais le sentiment de rater une partie importante de ce qui nous est proposé est quand même terriblement dommage, surtout quand à côté des monts et merveilles que nous promettent la psychanalyse, on est réduit à retrouver une histoire d'amour contrariée, de plus, comme si on n'en avait pas encore assez de ce topos que la littérature déploie depuis des siècles et que le cinéma a cœur de creuser en long, en large et en travers en adaptant souvent ces mêmes romans.

Ce qui fait le plus mal c'est que le film manque véritablement de rythme : tout est empâté par une musique générique qui renforce le sentiment que la forme est lambda, générique, creuse. Aucune emphase pour ne rien faire déborder, si l'image n'était pas aussi claire et exfiltrée, on pourrait accroire à du Eastwood.

De plus, les profils de personnages sont malheureusement trop typés, faisant passer Freud pour un gros pervers pro-juiverie, alors que son comparse Viennois s'inscrit au fur et à mesure aux antipodes. Dans ce sens, l'affiche est très représentative d'une situation où les deux figures sont de part et d'autre, tandis qu'une femme trouble leurs relations plus ou moins directement.

En résumé, une mise en scène trop classique qui fait patauger le fond dans une sorte de brouillard où s'alternent les formes de réflexion importantes sur les méandres de la vie vis-à-vis de la psychanalyse. Malheureusement, ne pas avoir les clés pour fouiller l'ébauche de psychanalyse déployée à l'écran n'aide pas à comprendre l'intérêt d'un film qui conte la romance SM d'un docteur avec sa patiente.  
4/10

1 commentaire:

  1. Tout à fait d'accord. L'étudiant en master Psycho appréciera sans doute, mais pour le spectateur lambda dont je fais partie, y'a vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent.

    Décevant de la part du Cronenberg. Il ne fait même pas du Eastwood (qui reste d'une élégance rare même dans le classicisme le plus outré), il fait du film odeur naphtaline à la James Ivory.

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