Poulet
aux Prunes... Une histoire de plat bizarre, déjà, avec une recette
sucré-salé qui fait mal à manger par où elle passe... Dure à
avaler, quand en plus de ça elle sert de support à un scénario qui
emmène vers des contrées orientales désorientées et surréalistes
où les scènes les plus « wtf ??? » paraissent des
plus normales et crédibles. Un vieux fou prof de violon enfermé
dans sa tour d'ivoire reçoit un disciple qu'il écoute patiemment
avant de le traiter de petit con sans âme ? Parfaitement
normal !
Mais
le plus important c'est que l'histoire de suicide promise fait mordre
à l'hameçon, au point d'espérer assister à un recueil filmique
des 36000 façons de mettre fin au calvaire de ne plus pouvoir vivre
de sa passion... Et qui dit passion dit... Amour ! Le grand, en
A, pour une femme qui belle de jour prend bien la lumière des spots
et sourit de toutes ses belles dents blanches avec le fard qui ne
coule pas et les yeux qui ne biglent
pas d'un iota.
Et
c'est là que le bât blesse, car une succession de scènes
invraisemblables tissent mal une histoire d'amour que je redoutais de
tout mon cœur pour son aura fumeuse à tout va. Amours contrariées,
théories blêmes sur le sens de la vie... Cohabitant avec un Jamel
Debbouze fantasque et trop à l'étroit dans son costard
d'apothicaire de l'étrange pour ne pas en sortir le temps d'une
scène... Entière. Impossible d'y croire, le guest fait peur et
rompt l'immersion, qui pouvait passer encore, si elle n'était pas
fréquemment bouleversée par des flash-backs sympathiques mais eux
aussi issus de l'étrange imaginaire de réalisateurs
que je ne comprends pas. Parler
d'une fille qui n'a aucune incidence sur le scénar' juste pour dire
qu'elle a troqué ses grolles de minette bonne à manger la carotte à
l'école contre les boots sauvages de la piété damnation ?
Ouais, c'est sympatoche, ça respire la coolitude Snatch ou Pulp,
mais kézacko ? Qu'est-ça vient faire ici ? D'où ?
Il
ne faut donc pas miser sur le scénario pour se faire plaisir. Pour
ça, je compterais plutôt sur les décors ponctuellement dévisagés
pour ressembler à une BD ou pis, un cartoon, où les existences
dramatiques deviennent comiques et donnent un coup de peps au malheur
qui accable le bonhomme moustachu aux yeux exorbités, Mathieu
Amalric. Juste, pas Leblanc, mais juste dans un rôle qu'il incarne
au poil, ce chat au regard Persan embrasse son rôle comme sa femme
violenterait un chat après lui avoir fait connaître le premier
trait de lumière.
Bout
de femme pimpante, Faringuisse d'un film, fraîche dans les mémoires
après un Pulp Fiction pas si vieux car après tout nous ne
vieillissons pas, jusqu'au jour où il faut rendre les comptes,
assure la mégère en bonne et due forme et se fait finalement autant
détester que plaindre, mal casée qu'elle est dans un foyer où elle
a voulu s'engouffrer pour finalement prendre conscience qu'elle se
consumerait à petit feu.
Blagues
potaches, humour fin, lourd ou larmoyant, le client est servi, à la
sauce du chef qui arrose correctement il faut dire. Le principal
problème c'est que je suis particulièrement déçu d'une fin qui ne
sait pas retomber sur des pattes qui ont été propulsés dans la
stratosphère puis portées disparues sans qu'on ne demande son avis
au scénariste, qui a bien dû voir traîner deux-trois touffes de
poil qu'il aurait pu recoller en un coup de colle UHU. Huhu, ouais,
parce que ce film n'est pas seulement comique, il est une blague en
lui-même, renversant ainsi le fond sur la forme pour boucler la
boucle.
En
ce sens, c'est accompli. En terme de cinéma inspirant et
ébouriffant, c'est mitigé. L'angélisme manichéen « Amélien
Poulainiste » partagé entre les ténèbres les plus enclavant
et la lumière aveuglante me renvoie à Persepolis, et ce ne sont pas
les quelques éléments appréciables de réalisation, dans certains
enchaînements de plans, quelques fois de toute beauté, qui
gommeront ses aspérités en tout genre.
5/10
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