mercredi 9 novembre 2011

Poulet aux prunes : Tajine aux lardons


Poulet aux Prunes... Une histoire de plat bizarre, déjà, avec une recette sucré-salé qui fait mal à manger par où elle passe... Dure à avaler, quand en plus de ça elle sert de support à un scénario qui emmène vers des contrées orientales désorientées et surréalistes où les scènes les plus « wtf ??? » paraissent des plus normales et crédibles. Un vieux fou prof de violon enfermé dans sa tour d'ivoire reçoit un disciple qu'il écoute patiemment avant de le traiter de petit con sans âme ? Parfaitement normal !

Mais le plus important c'est que l'histoire de suicide promise fait mordre à l'hameçon, au point d'espérer assister à un recueil filmique des 36000 façons de mettre fin au calvaire de ne plus pouvoir vivre de sa passion... Et qui dit passion dit... Amour ! Le grand, en A, pour une femme qui belle de jour prend bien la lumière des spots et sourit de toutes ses belles dents blanches avec le fard qui ne coule pas et les yeux qui ne biglent pas d'un iota.

Et c'est là que le bât blesse, car une succession de scènes invraisemblables tissent mal une histoire d'amour que je redoutais de tout mon cœur pour son aura fumeuse à tout va. Amours contrariées, théories blêmes sur le sens de la vie... Cohabitant avec un Jamel Debbouze fantasque et trop à l'étroit dans son costard d'apothicaire de l'étrange pour ne pas en sortir le temps d'une scène... Entière. Impossible d'y croire, le guest fait peur et rompt l'immersion, qui pouvait passer encore, si elle n'était pas fréquemment bouleversée par des flash-backs sympathiques mais eux aussi issus de l'étrange imaginaire de réalisateurs que je ne comprends pas. Parler d'une fille qui n'a aucune incidence sur le scénar' juste pour dire qu'elle a troqué ses grolles de minette bonne à manger la carotte à l'école contre les boots sauvages de la piété damnation ? Ouais, c'est sympatoche, ça respire la coolitude Snatch ou Pulp, mais kézacko ? Qu'est-ça vient faire ici ? D'où ?

Il ne faut donc pas miser sur le scénario pour se faire plaisir. Pour ça, je compterais plutôt sur les décors ponctuellement dévisagés pour ressembler à une BD ou pis, un cartoon, où les existences dramatiques deviennent comiques et donnent un coup de peps au malheur qui accable le bonhomme moustachu aux yeux exorbités, Mathieu Amalric. Juste, pas Leblanc, mais juste dans un rôle qu'il incarne au poil, ce chat au regard Persan embrasse son rôle comme sa femme violenterait un chat après lui avoir fait connaître le premier trait de lumière.

Bout de femme pimpante, Faringuisse d'un film, fraîche dans les mémoires après un Pulp Fiction pas si vieux car après tout nous ne vieillissons pas, jusqu'au jour où il faut rendre les comptes, assure la mégère en bonne et due forme et se fait finalement autant détester que plaindre, mal casée qu'elle est dans un foyer où elle a voulu s'engouffrer pour finalement prendre conscience qu'elle se consumerait à petit feu.

Blagues potaches, humour fin, lourd ou larmoyant, le client est servi, à la sauce du chef qui arrose correctement il faut dire. Le principal problème c'est que je suis particulièrement déçu d'une fin qui ne sait pas retomber sur des pattes qui ont été propulsés dans la stratosphère puis portées disparues sans qu'on ne demande son avis au scénariste, qui a bien dû voir traîner deux-trois touffes de poil qu'il aurait pu recoller en un coup de colle UHU. Huhu, ouais, parce que ce film n'est pas seulement comique, il est une blague en lui-même, renversant ainsi le fond sur la forme pour boucler la boucle.

En ce sens, c'est accompli. En terme de cinéma inspirant et ébouriffant, c'est mitigé. L'angélisme manichéen « Amélien Poulainiste » partagé entre les ténèbres les plus enclavant et la lumière aveuglante me renvoie à Persepolis, et ce ne sont pas les quelques éléments appréciables de réalisation, dans certains enchaînements de plans, quelques fois de toute beauté, qui gommeront ses aspérités en tout genre.

5/10

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