dimanche 25 décembre 2011

Martyrs : "Mon nom est Christ, Jésus Christ, fils de..."


Première partie de vengeance ultra-violente. STOP. Deuxième partie bouche-trou. STOP. Pourquoi aller plus loin ? En deux temps trois mouvements j'ai résumé le grand problème de ce film qui ne gagne son nom qu'à travers des scènes rapiécées qui n'éclairent pas vraiment une histoire de vengeance bien classique, ma foi efficace, avec moult gore et violence, et caricaturalement mal joué.

Les actrices font vraiment second couteau, quoiqu'on en dise, et l'effort qui est investi dans la constitution de scènes choquantes ne sert pas un message plus profond, mais ne fait que réduire le film au rayon des usines à gore dégueulasses où les scènes chocs prennent le pas sur le soin accordé à la direction d'acteurs. Heureusement mieux réalisé qu'un Saw clipesque et teenager, il manque quand même cruellement de portée. Assister à des scènes de passage à tabac pendant une demie-heure pour combler le vide, ça pourrait installer un malaise, certes, mais c'est surtout très chiant, la démarche étant identifiée au bout de 5 minutes... Pour ça, il suffit de voir comment V pour Vendetta fait pour suggérer la torture, ça suffit amplement... Mais là, non, bien sûr, il faut faire de l'esclandre visuelle, pour imprimer dans la tête du spectateur la violence du monde actuel. Mouais...

L'apologie de la vengeance, au premier degré.
L'anti film de vengeance, au second degré.













C'est toujours un temps qui ne sera pas utilisé à développer une narration qui tient sur un timbre poste. Voir le réalisateur s'exprimer en interview sur la brutalité du monde est absurde et hors-sujet. Il ne réussit qu'à transmettre le curieux sentiment qu'il a conçu une explication à son film après s'être rendu compte qu'il avait accouché d'un monstre défiguré.
La seule véritable interprétation primaire qu'on peut en tirer c'est que les méchants blonds caucasiens martyrisent (c'est le cas de le dire) les minorités visibles de la France (« chinoise » et « arabe »). Là, d'accord, on peut aisément comprendre la démarche du réalisateur, même si elle est horriblement grossière et grotesque. Dans la débauche de macabre et de couleuvres, on n'est d'ailleurs pas loin d'un Hostel, lui aussi jouant dans la cour fermée des films à deux balles.

La voix de l'au-delà
Dans une débauche d'effets visuels traumatiques ultra-sérieux à peine imaginables, le moindre écart sensiblement caustique fait tout de suite emprunter au film une mauvaise route. Entendez le seul pseudonyme de « Mademoiselle » pour désigner l'oracle de Matrix enturbannée (bah oui, ça fait tellement plus mystique) et succombez au doux rire intérieur. Ajoutez-y les quelques élans d'accent canadien, la machination d'organisation secrète qui réalise des expériences que les nazis n'auraient pas renié, tout ça au sous-sol d'une maison excentrée aisément retrouvable en cherchant un peu. Car oui, la première héroïne a réussi à retrouver la maison de sa geôlière grâce à un simple article publié dans un journal, vantant les exploits athlétiques de la petite fille de la famille. C'est ce genre de détails tellement gros, accompagné d'un cachet « je montre tout, tout, tout, vous saurez tout » qui font perdre l'envie de croire en la bonne intention d'un réalisateur qui par contraste prend sa mise en scène très au sérieux. Ce décalage produit très vite un résultat grotesque, à l'image d'une fin terriblement mal à propos. « Bon... Comment foutre une dernière mandale au spectateur ? Ah oui je sais ! Le truc auquel j'ai pensé quand j'avais 17 ans et que j'en voulais au monde entier ! La cohérence, la peur du ridicule ? Bah on s'en fout, Mad Movies appréciera ! Et puis, de toute manière, c'est la société qui est contre moi ! ».

Alors, qu'en reste-t-il ? Un film esthétiquement "beau" car tourné avec de bons moyens, proprement réalisé (un comble), choquant parce que foncièrement malsain et abject, mais dans le fond terriblement vain... Si peu figuratif d'un malaise social que les scènes insoutenables ne font rien d'autre que justifier leur propre fin gratuite. Le réalisateur avait peut-être en lui une conception plus précise et personnelle de ce qu'il voulait signifier à travers ces scènes, malheureusement le courant a bien du mal à passer... Que quelqu'un me donne alors la carte pour me repérer dans ces contrées vides de sens... Oh, Romero, mon doux Romero, où es-tu passé ?
4/10

C'est une pub ? Nan, c'est un teen-movie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire