
Un plaisir jaloux, intime et raccoleur, de temps en temps, quand souffle la brise de la paresse. Pas de quoi fouetter un chat par une nuit de brouillard, ou avoir honte de fréquenter la basse-BD. Le comics, ce rejeton retors, comique et vulgaire conspué par ses grand-frères, traque le lecteur dans les bas-fonds pour l'exhorter à arpenter la nuit ténébreuse en sa compagnie. Parce que Wormwood est foncièrement noir, sale et a fortiori dégueulasse, noirci jusqu'à la moelle par une adolescence attardée qui trouve son ressort dans la perversion des formes de l'imagination. Chiennes de créatures, nourries par le feu de
Ben Templesmith, qui tire à vue sur un univers qui rappelle fortement
Hellspawn, pour ses couleurs miroyantes qui pètent de partout tel un feu d'artifices du quatorze juillet. L'indépendance de la BD est proclamée, la Bastille est prise d'assaut pour surmonter le bon goût et le sérieux. Tous en selle, les héros de Wormwood sont un asticot, un humanoïde un brin grincheux et une donzelle humaine dont la mèche n'est pas la seule à connaître la rebellion. Voilà de quoi torcher un premier trio, plaque tournante des bermudes qui fait pivoter un récit fantastico-comique dans un univers merveilleusement empâté. Une centaine de pages de bonheur qui parcourent de long en large tous les poncifs du genre, entre le méchant s'apprêtant à gouverner le monde, l'anti-héros comique aux répliques qui font mouche, son indispensable bras droit qui l'épaule dans ses pérégrinations et plus encore...
Des choses déjà vues, donc, pour la plupart, mais tellement plaisantes à ressaisir pour la centième fois, tant le florilège est servi bouillant afin que le lecteur s'en brûle joyeusement la langue. A en saliver, quand même, de ces démons entortillés de manière à rappeler l'Alien de Giger, le colossal Minotaure échappé de la mythologie grecque ; le poulpe de Futurama (cherchez consciencieusement l'intrus qui se cache à peine), j'en passe et des meilleures... Un superbe casting élitiste pour un all-star comic à l'esthétique irréprochable qui n'a jamais autant donné envie de plonger dans les Enfers de la moitié répudiée du neuvième Art.
Les poings qui frappent fort :
L'époustouflant graphisme aux couleurs qui font toute la différence : consultez les illustrations finales pour vous en convaincre
L'humour omniprésent, latent ou patent : l'excellente bad-joke with portable à la fin du recueil, entre autres...
La richesse et la « fertilité » du background infernal : connoté mais suffisamment varié pour être souligné.
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