jeudi 29 mars 2012

Festen : Un vrai régal


Visuellement, on n'est pas loin des confessions intimes d'un Tarnation. Et comme dans icelui, les névroses sont plaquées en plein jour, sans retenue. Dans la thématique des secrets de famille, aussi, on reconnaît une certaine parenté avec le Pardonnez-moi de Maiwenn, qui aurait eu tort de se priver de s'en inspirer plus que de raison.

A l'image, le luxe fasciste d'une élite bourgeoise contraste avec l'académisme-zéro de la réalisation. Que ce soit dans les angles à 45° ou les prises de vue improbables, beaucoup d'éléments concourent à feindre l'amateurisme dans ce cinéma de nouveau genre, ayant pour parti pris un certain réalisme cru, pour révéler l'âpre vérité. Dans les grandes lignes, de la comédie humaine, où se tirent dans les pattes des esprits enserrés, âmes accablées par les blessures suintant de la bile acide comme récidive du préjudice qu'ils ont subi.

Les manières de dénoncer la perversion porcine des magnats de la bienséance de façade font bien évidemment penser au Salo de Pasolini. Dans le cas présent, dans les mots uniquement, la face crade de l'être ne daignant pas accorder de scènes explicites. Pas de caca et de sexe chez ces Francs-Maçons de bonnes mœurs où le « bien » paraître est un mot d'ordre. Pari osé mais réussi que de faire tenir toute la tension dans le suggéré et le demi-mot, navigant à flux tendu sur un bateau ivre entre le non-dit et l'explosion verbale salvatrice.

En d'autres termes et pour faire court, c'est un choc filmique et narratif. Je m'étonnerai toujours de remarquer qu'à partir de rien (un simple repas de famille), il est possible de réunir autour d'une table toutes les qualités requises à la réalisation d'un (excellent) film. Des émotions, du rythme, de la fantaisie, de la malice, et finalement une merveilleuse mise en scène des secrets de famille qui aboutit à une mixture de Génie.  
9/10

5 commentaires:

  1. Un de mes films "références". Mon premier contact avec le cinéma danois, avant Lars Von Trier.
    Thomas Vinterberg a aussi réalisé Submarino, sorti récemment. Je ne l'ai encore vu, et toi ?

    Et puisqu'on parle de cinéma danois, j'aime aussi beaucoup, dans un tout autre genre, les films de Anders Thomas Jensen (Les Bouchers Verts, Adam's Apple, menés par l'imposant Mads Mikkelsen !)

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  2. Il fût un temps où je voulais voir ce film. Puis, un jour, au réfectoire, un camarade de classe s'est mis en tête de raconter la totalité du film à la cantonade. Tout le monde buvait ses paroles, et moi je le traitais de tous les noms dans ma tête. Je regrette de pas lui avoir dit un truc genre "n'en dis pas trop, j'ai envie de le voir", mais j'ai fermé ma gueule. Et vu que c'est un film qui m'a l'air d'être "95% fond, 5% forme", je crois que cet imbécile a tué le film à tout jamais pour moi. Libre à toi de me contredire.

    Ca m'apprendra à faire des efforts de socialisation...

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  3. @Marion : L'affiche de Submarino m'a donné envie de voir le film (je sais c'est con), mais je n'ai pas encore franchi le pas. J'ai pas vu un seul film que tu cites, et d'ailleurs il faut toujours que je vois After The Wedding, quand j'aurai fini de perdre mon temps sur des jeux vidéo :D
    Sinon j'ai vu Revenge, que j'avais bien apprécié.

    @Darwfospierre : Ouais... T'as raison, mieux vaut ne pas avoir de relations sociales, ou pas de mémoire. Tu peux aussi cumuler les deux, comme moi.
    Si tu sais fermer les yeux (pas facile pour voir un film), tu peux te prendre au jeu. Et puis ça m'étonnerait quand même que tu te souviennes de toute la trame.
    Tente, campeur !

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  4. Le dernier film de Thomas Vinterberg (The Hunt) sélectionné pour Cannes 2012 !!

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  5. J'étais même pas au courant d'un nouveau film de ce réalisateur. Je me brancherai davantage sur mes RSS à l'avenir ; histoire d'avoir plus d'infos sur la sélection de Cannes par exemple.

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