vendredi 19 février 2010

Serpico (Sidney Lumet)


Quelques lignes fugaces pour un film qui ne m'a pas marqué outre mesure. Et pourtant le sujet avait de quoi m'enthousiasmer sur le papier. Un flic modèle un brin excentrique fait ses armes sur le terrain de la petite délinquance et de la pègre avant de se confronter à la corruption intestine aux forces de police. Drapé de l'uniforme de l'homme de la rue, l'inspecteur Serpico passe partout, et a plus d'une fois d'y laisser sa peau. Toutefois, animé par le devoir et l'idéal policier, il s'engouffre dans un système pourri jusqu'à la moelle où il ne peut compter sur rien ni personne. Corps et âme, il lutte pour venir à bout de la corruption jusqu'à obtenir gain de cause et se retirer dans l'anonymat le plus total.

Voici, dans les grandes lignes, et pour vous griller la fin, l'histoire contée par Sydney Lumet. Mais là où le bat blesse, c'est dans la manière dont le réalisateur mène son film : le rythme y fait franchement défaut et certains plans auraient gagné à être raccourcis tandis que d'autres auraient pu prendre de l'ampleur. Totalement subjectif, certes, mon avis s'appuie néanmoins sur des faits tangibles. En effet, volonté ou non de plonger le spectateur dans un univers grouillant de paroles, certaines répliques et autres dialogues auraient pu être coupés au montage tant ils ne font pas avancer le schmilblick. Le soucis du « trop en dire », de peur d'étouffer le spectateur, ne semble pas être venu à l'esprit du réalisateur, qui semble préférer une bonne mise en scène à l'ancienne où la parole prend allure de décor et de berceuse marine. A flots, le spectateur se laisse charrier par les vagues, même s'il lui est bien souvent nécessaire de sortir la tête hors du hublot pour respirer l'air frais. Perdant alors substantiellement une partie du film, il est frustré mais toujours envouté par cette trogne de flic-hippie campé par Al Pacino.

Heureusement que la prestation du bougre est à saluer pour sauver le film du naufrage des années. Ce poids, alourdissant tout film qui prend de la bouteille, peut tirer un paquebot vers le fond sans crier gare... Et bien malheureusement, Serpico semble être de ceux-là. Même si l'on s'accroche aux armatures pour ne pas tomber dans les flots polaires d'une narration parfois stérile, l'Arlésienne semble sombrer sans qu'on ne puisse rien y faire.

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