
Fait notable, une « nouvelle » façon de concevoir le cinéma, en tirant parti des nouvelles technologies de la communication et de la diffusion (YouTube, Chat, Camescope...), côtoie les codes éprouvés, lessivés et essorés du cinéma Hollywoodien. Ce mélange poisseux fait regrettablement bringuebaler en permanence le film d'un bord à l'autre. Se tirant la couverture, ces deux pôles qu'on peut juger antagonistes ont du mal à faire passer la pilule hallucinogène d'une (re)création du réel à l'intérieur de la sphère du septième art. Ainsi, Redacted s'inscrit dans la veine de films horrifiques et « catastrophe » comme Rec., Le projet Blair Witch ou encore Cloverfield. Déjà trop connu par le spectateur pour le surprendre, ce procédé d'illusion du réel ne suscite déplorablement plus le même émoi chez tout consommateur compulsif d'images qui exige toujours plus de surenchère pour rassasier ses attentes de grand spectacle. Cependant, De Palma mise sur la vérité nue, dépouillée de tout artifice mais pas de toute aspérité. Crue, son rôle devrait être d'édifier pour faire évoluer les consciences, ou pour le moins créer la polémique.
Malheureusement, même en s'immergeant le plus possible par l'autoroute de la version originale, la distance (critique) reste toujours de mise, et le parti pris d'une alternance entre plans professionnels et amateurs ne maintient pas longtemps le mirage aux yeux et à l'esprit du dupé qui lâche bien vite prise face à la supercherie.
Bien dommage, car la variété des moyens employés pour filmer et donc donner vie au « bloody » désert Irakien faisait montre d'un exercice de style salutaire. Regrettable, car cela ne parvient pas à sauver un film dont le propos est aussi grave et épineux. Hétérogène ou incohérente, ces qualificatifs désignent autant la mise en scène que l'intrigue qui, sans véritablement lasser, fait preuve d'invraisemblances, de verbiages et paradoxalement de longueurs qui ne font décidément pas de cette réunion successive de « clips » martiaux un véhément réquisitoire contre la guerre (tiens, original !) sous toutes ses formes, pour pleinement accrocher l'attention et le crédit du témoin-voyeur de ces subreptices barbaries.
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