mardi 23 février 2010

Chungking Express (Wong Kar-Wai)

Il faut parfois s'avouer vaincu. Face à une adversité cinématographique qui nous désarme, par le brouillage sensoriel opéré sur le spectateur, hypnotisé par un récit sans queue ni tête. Et après tout pourquoi y chercher un sens quand on sait que la vie n'en a pas ? Alors on se raccroche à des comportements, des façons de se conduire en société pour ces personnages aux portraits bien distincts. Une certaine puérilité, solitude et sensibilité semble nt échus aux quatre protagonistes qui se relaient par paire. Et c'est bien là que le bât blesse. Alors qu'on s'attendrait à suivre une criminelle et un flic en désespoir d'amour dans une idylle naissante, on est percuté par un nouveau couple exposé en miroir : une rêveuse excentrique croise la route d'un flic conventionnel aux patrouilles régulières.

En sus de ces quelques traits remarquables, le topos de l'amour semble définitivement ancré en chacun des protagonistes, qui sont soit menés par le chagrin, soit touchés par une affection en devenir. S'articulent alors les rapports d'échange entre homme et femme, codés et sensuels à la manière d'un In The Mood For Love, duquel on retrouve l'acteur Tony Long Cheu Wai.

A croire qu'il est abonné aux « comédies » (au sens premier de l'étymon) sentimentales au lyrisme à fleur de peau, tant la poésie de Wong Kar-Wai y transpire réciproquement. Eh oui... Un réalisateur ne se refait pas, et comme Tarantino a son égérie en Uma Turman, le réalisateur réinvestit les mêmes ingrédients toutefois de manière plus éparpillée pour laisser une plus grande place à un onirisme décousu. Perméable aux influences occidentales, « California Dream » résonne à longueur de bande, entre un titre de Reggae, une perruque que n'aurait pas renié Marylin Monroe et d'autres clins d'oeil lancés à la face du Nouveau Monde et tout du moins à la vieille Europe.

Pour revenir à l'essentiel, notons que le plus troublant est que le premier duo, contre toute attente, ne se mêle jamais aux existences du couple de la seconde partie de film, à l'inverse d'une mise en scène récurrente visible dans les films d'Inarritu. Ainsi l'attitude puérile et parfois absurde de Faye contamine de son innocence tout un film qui ne vit plus par et pour lui-même mais par l'animation des personnages qu'il contient. A notre image, ils sont l'exact reflet de nos désirs, de nos attentes frustrées et de nos espoirs manqués, toujours sous le joug de l'ineluctable changement.

De la trempe de ces films qui imposent de les regarder une seconde fois pour tenter d'épuiser un substantiel sens qui semble pourtant ne jamais pouvoir s'estomper.

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