dimanche 16 octobre 2011

Drive : Be Quiet and Drive


Dès les premières minutes, on détecte les hypothétiques évolutions du scénario comme un panneau de signalisation planté au milieu de la route. Ca ne présage rien de bon, mais c'est fortement contrebalancé par une mise en scène qui fait rapidement oublier la pauvreté scénaristique.

A en juger par l'affiche, on n'est pas dans le défouloir d'un Transporteur, d'un Fast & Furious, ou d'un Taxi (ahem). Plutôt avare en scènes d'actions, le film ménage l'excitation pour rendre ces mêmes scènes marquantes. Plutôt qu’enchaîner course poursuite sur course poursuite avec quelques gunfights, le réalisateur joue au jeu du chat et de la souris en maniant les crescendo et decrescendo attendus, les envolées ratées et les moments de grâce ; comme un vrai film d'auteur, en fait.

En faisant passer l'ultra-violence physique au premier plan, il rompt violemment avec une atmosphère calme et sereine souvent au bord de l'explosion. Pourtant pas gratuite, cette violence se déploie par légitime défense, servant par la même à défausser ce que cette petite brute sèche taciturne, mais belle gueule, contient de refoulé, d'inexprimé, en bref, de sauvage. Born to be wild.

Une force tranquille dans les traits impassibles du héros, passif-agressif né qui m'évoque un Dexter qui n'a pas terminé son apprentissage des civilités. Des montagnes Russes, caricaturalement, c'est ce que j'ai ressenti dans l'enchaînement des plans. Russe comme... Niko Bellic de GTA, qui côtoie des mafieux authentiques au caractère bien trempé et identifiable entre mille.

Drive est empli d'une classe qui égale celle de Taxi Driver, par la carrière de justicier amoral, œuvrant dans l'ombre, qu'embrasse l'anti-héros, mais aussi dans son cachet artistique qui fait de lui, dès le générique pimpant de rose bonbon et d'Electro pop guindée, un film à part.

Si son scénario ne me paraissait pas aussi faiblard et ne gâchait pas autant mon plaisir, je grimperais aisément aux rideaux pour le défendre corps et âme contre tout barbare s'agitant à mes pieds. Pour le reste, c'est un très bon compromis entre ciné d'action attracteur de chaland et cinéma de binoclard cérébral. 
7/10


2 commentaires:

  1. Autant je suis relativement d'accord avec le consensus qui énonce que "The Artist" est un grand film, autant, pour celui-là, je suis un peu seul contre tous... Disons que j'ai été très déçu.

    J'ai l'impression d'avoir été un peu arnaqué. Tout le monde vend le film comme un mélange de cinéma d'action et de cinéma d'auteur, et ça, je trouvais ça intéressant. Mais le "binoclard cérébral" (que je suis) n'a finalement pas grand chose à se mettre sous la dent. Scénario pas inintéressant mais basique (tu l'as dit), et question "atmosphères, tout çà", pas grand chose qui se démarque d'autres films de ce genre. La seule scène que j'ai trouvé vaguement belle est celle où le driver règle son compte à Nino.

    Nous ne partageons finalement pas la même définition de cinéma d'auteur. Pour moi, ça nécessite bien plus de choses qu'une simple affaire de nuances et transition entre calme et chaos. Drive n'est pas un film d'auteur : il lui manque à la fois un scénario plus fouillé et un style moins passe-partout.

    J'ai ouï dire que Refn avait fait plusieurs films beaucoup plus originaux que ce Drive. Je subodore une grosse dose de pressions de producteurs pour en faire un film plus immédiatement consommable.

    RépondreSupprimer
  2. On n'est donc finalement pas en phase :'(

    Pusher, de Refn, est qualifié de génial par tout le monde, mais il a un côté totalement différent, en comparaison, en étant très verbeux et "réaliste", presque documentaire. L'image est dépouillée, la réalisation fait amateur, les dialogues font brut de décoffrage "t'inquiète cousin", mais il a une aura et un charisme qu'on peut pas vraiment lui reproche (ou elle, puisque c'est une trilogie en réalité).

    Je veux bien avouer que tu as raison sur ma propension à le qualifier de film d'auteur. Ce n'en est pas un, certes. Je ne crois pas avoir insisté trop dessus... Juste qu'il me paraît vraiment différent de ses cousins du genre. A part Taxi Driver, je ne connais pas nécessairement de film où la violence est à ce point contenue puis expulsée en un éclair de violence...

    Bon, après tout, j'ai peut-être des goûts d'chiottes, même si je ne ferais pas de Drive mon film préféré. J'ai pas vraiment pu saquer The Artist, et n'y vois pas du tout un grand film... Je pense d'ailleurs qu'avec le temps cette idée se perdra. On en parlera comme d'un bon film qui a su s'inspirer de ses aïeux, mais on ne le citera pas comme référence d'un genre ou au moins très bon représentant.

    RépondreSupprimer