Bien sûr, il est
question du comportement humain, du formatage que nous impose la vie
en société, et tout simplement de l'éducation reçue de nos
maîtres, les parents. A voir ce jusqu'au-boutisme dans la volonté
de modeler un être à la perfection, on subodore l'idéologie
anti-fasciste, voire socialiste du réalisateur.
Canine est une
manière détournée de lutter contre toute forme de manipulation,
consistant à abrutir, intimider puis apeurer. En poussant le
bouchon, n'y voit-on pas une manœuvre politique semblable à celle
de l'administration Bush pour justifier la guerre en Irak ? Michael
Moore, Bradbury, Orwell et consorts ; beaucoup se sont engouffrés
dans la brèche du négationnisme, du révisionnisme, du
totalitarisme (autrement dit du mal en -isme)... creusée plus encore
entre les deux tours. Distractions, brimades, désinformation...
Cercle concentrique de joyeusetés.
Élevés pour être
domptés et fidèles comme des chiens. Affectueux mais sur leurs
gardes, ils ne sortiraient jamais d'eux-mêmes du carcan familial,
trop méfiants. Pourtant ces grands gosses, dressés pour être des
éternels Tanguy, sont étonnamment bestiaux mais prompts à faire
usage des bonnes manières tout humaines avec machiavélisme et
fourberie. Ce passage simultané d'un état à l'autre rappelle la
transition de la « jungle » à la civilisation de
L'enfant sauvage de Truffaut. Jouer sur les apparences, pour
se conformer à l'autorité du père, et ainsi mieux le rouler pour
se faire la malle... La dépendance d'un bâtard a ses limites.
Pas de musique,
pas de culture, rien que du ronron aux abois pour confiner la famille
au foyer. De cette manière, certaines scènes paraissent vaines, ne
comprenant pas bien leur importance (cf. la scène des étiquettes de
bouteille d'eau du coffre) pour la suite des événements.
Pour sûr, il
appartient à la catégorie des « films à expérience »
sévèrement atteints, entre Ken Park, Salo et Gummo.
Pour l'identité visuelle comme pour le parti pris du vice. Le film
va presque aussi loin que Salo, en banalisant l'union consanguine
fraternelle, sans la distanciation humoristique d'un Sheitan.
De la chair, de la
violence crues, sans l'emphase du beau style. Juste à l'état brut,
à sec. Majoritairement réalisé en plan fixe, ce que M. tout le
monde désigne comme abominable est montré depuis l’œil innocent
de ces enfants anonymes qui n'apposent aucun filtre de pudeur sur la
réalité.
Enfin, un film
pour voir l'envers du décor de la vie en société, et en rafraîchir
notre perception à 90°.
7/10

Je me rappelle quand il est sorti au ciné et j'avais hésité à aller le voir, du coup là ça me donne bien envie.
RépondreSupprimerAu final je crois qu'il n'y a que le rythme qui peut démobiliser... Mais son originalité n'est pas à remettre en cause.
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