Fi
de l'originalité, voilà un film dont le scénario repart en
quête... du Graal, de l'anneau ? Non, ici de l'Aigle d'Or. Pour le
fil conducteur, on est donc en terrain connu. Tout le film tient
d'ailleurs sur ce gimmick, sans jamais dévier. Dans le fond comme
dans la forme, c'est ni plus ni moins un péplum bâtard. En le
regardant, on pense à Gladiator, certes, mais aussi au
Seigneur des anneaux, à Valhalla Rising ou encore à
Braveheart. Des influences de tous horizons qui partagent une
même idée de la contemplation cinématographique.
Fleurissent
des plans dans les plaines pour une mise en valeur de la Nature,
autant pour la flore que pour la notion même de nature : humaine ou
originelle. Cet amour de
la contemplation par le prisme de la caméra (mélange
nature/culture, vous me suivez ?) conduit donc tout droit à
l'esthétisation d'un environnement hostile et barbare.
Ce
travail d'esthète, qu'on aurait vite envie de qualifier de superbe,
est la plupart du temps à la limite du maniérisme. Concrètement,
le réalisateur use de poncifs précieux comme le halo
de lumière blafard aveuglant pour symboliser l'entrée au Paradis,
ou bien les « visions » (dixit Valhalla Rising) du
centurion protagoniste (« sir » en VO) aux contours
vaporeux, au ton délavé (vintage, dira-t-on) et au prisme visuel
déformé. En clair, on dirait du Virgin Suicides plus
accentué pour conférer un aspect onirique.
Pourtant,
les combats font l'effet d'être filmés caméra à l'épaule, de
telle sorte que ça dynamise l'action, mais que ça donne également
le tournis en plus d'accoucher d'un résultat plutôt brouillon...
Les
dialogues sont simplistes mais ne dérangent pas, même s'ils ont la
fâcheuse tendance de souligner le trait ricain de l'ensemble,
notamment par la langue parlée par les romains, qui n'est autre que
l'anglais ; à l'image de la série Rome avec laquelle le film
partage assurément plus qu'un idiome.
L'univers
est phallocrate, voire misogyne. Les femmes, pour le peu qu'on en
voit, sont reléguées au rang d'objets de désir des « sauvages »,
les ennemis désignés des Romains. Une cohérence historique,
dira-t-on, pour une vision pourtant pas aussi contrastée et
pragmatique que celle de Rome.
Le
thème musical est mystique, éthéré : l'Electro Ambient chevauche
des arrangements légers mais réussis comme on peut en entendre dans
les Westerns. Ce genre n'est pas étranger au film, puisqu'on y
retrouve un peu de son rythme méditatif, quasi-hypnotique, laissant
traîner le suspens, sans toutefois rivaliser avec les meilleurs.
Bilan
des courses, le film de MacDonald
(Kevin, pas Ronald, mouhahahaha) fait déjà vu, mais se
laisse regarder tranquillement, sans anicroche, jusqu'à une fin « à
la cool » relevant d'un teen-movie, un poil décevante
compte-tenu du reste, qui se maintenait à un bon niveau.
6/10

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