 Une bande d'amerloques s'aventurent à l'Ouest pour faire fortune et jouir de la promesse d'un nouvel Eden. Sur leur chemin, leur guide leur fait découvrir un avant-goût du calvaire du Christ...
Une bande d'amerloques s'aventurent à l'Ouest pour faire fortune et jouir de la promesse d'un nouvel Eden. Sur leur chemin, leur guide leur fait découvrir un avant-goût du calvaire du Christ...
Si l'éducation religieuse mène ces hommes et ces femmes, le spiritisme n'est pourtant qu'une part immergée du film. Elle sert surtout de référentiel pour la cohérence historique, notamment lorsque leur route doit croiser celle d'un indien indigne de Dieu qualifié d'« homme-enfant ».
Alors qu'on pourrait s'amuser, ou tout du moins se distraire, de ce choc des cultures, pour dire vrai, on s'ennuie beaucoup. Dans la salle obscure, on s'assoupit. Pourtant, l'ambiance y est, quand même, grâce, notamment, à la légèreté de la bande-son qui s'adapte aux quelques moments d'angoisse, d'incertitudes, et de perte d'espoir.
Mais ce film, c'est surtout la fin ouverte la plus naze et la plus aride que j'ai jamais pu voir. Alors qu'on s'attendrait à ce que les passions se déchaînent pour un oui ou pour un non, la courbe d'intensité reste plate, tout comme les dialogues, brillant bien souvent par leur vacuité, quand ils ne font pas dans la redite. Tout le monde a soif ? Qu'à cela ne tienne, une réplique doit marquer le coup de l'image : « oh, les animaux ont soif, il va falloir leur trouver à boire ».
Au lieu de ça, j'aurais apprécié que les couples s'émiettent puis se disloquent pour former de nouvelles alliances, que les gentils de départ se révèlent être les plus pourris, etc. etc. Un western, quoi, digne de ce nom, pas Spaghetti non plus, mais plus vigoureux. Bref, avoir un peu de surprise, quoi, au-delà de la paranoïa et de la discorde qui les envahit peu à peu et qui mérite une certaine attention. Je sais bien que le spectateur n'a pas à refaire un film selon ses attentes mais doit s'y adapter... Mais je ne peux m'empêcher de ressentir du gâchis.
Pourtant, l'image est travaillée pour donner l'impression que le sable s'étend à perte de vue. Au fond, il est évident que ce film a quelque-chose, mais ce quelque-chose est fortement gâché par un manque de rythme mâtiné d'une classe, elle aussi aux abonnées absentes, qui forge les films cultes.
Détail amusant, le chapeau perdu par le grand barbu à postiche, lors d'une scène de chevauchée vers le peau rouge, et retrouvé par magie quelques plans plus loin, fait évidemment sourire, et donne un petit caché artisanal supplémentaire au film.
J'aurais envie d'aimer ce film, car je sens l'hommage en puissance aux pionniers du grand Ouest, avec un amour de la culture américaine et du cinéma de genre... Du temps et de la patience, voilà ce qu'il mérite. En tout cas, Gerry a du soucis à se faire, il a trouvé un sérieux concurrent dans le genre du Western.
5/10
 
Ce film m'a laissé sur le coup un goût amer dans la bouche, pour deux raisons que tu cites bien : l'ennui profond distillé par endroit, et la fin qui laisse complètement en plan. Mais j'ai ensuite pris le temps de digérer tout ça depuis, et j'apprécie énormément ce film depuis.
RépondreSupprimerCommençons par l'ennui : certes, le début et complètement plombant et m'inquiétait beaucoup pour la suite. Mais la réalisatrice a finalement su rendre cet ennui fécond. Après tout, les protagonistes eux-mêmes n'avaient pas énormément de moyens de se distraire. Je me suis rendu compte que l'ennui peut-être un matériau d'un film, et pas juste un dommage collatéral.
La fin est frustrante également, mais nous montre bien l'incertitude du destin qui va continuer à ballotter ces pionniers. Le dernier plan est, je trouve, d'une grande beauté. Au final, je pense avoir assisté à une grande expérience de cinéma, avec des choix de mise en scène et de rythme discutables mais d'une grande audace.
J'ai peut-être plus apprécié ce film que toi, car je n'avais justement aucune envie de voir un western classique (genre qui ne m'intéresse pas un poil, spaghetti ou non). Donc "couples qui s'émiettent, etc" non merci ; ce serait faire ressurgir le spectre hollywoodien dans un film qui cherche à l'éviter.
Et maintenant la minute "Madame Soleil" : je pronostique pour ce film un destin du type "film qui passe inaperçu aujourd'hui et gagnera l'étiquette de chef-d'oeuvre dans quelques décennies". A l'heure actuelle, à cause de la pression de l'actualité et des nouvelles sorties qui s'accumulent, il est plus facile de garder à l'esprit des films à l'esthétique plus "in your face", genre "Black Swan" ou "Inception". Un film aussi discret que "La dernière piste" est incapable de se trouver un chemin entre de tels monolithes. Je crois qu'avec le temps, tandis que les films sus-cités seront visionnés avec un esprit plus critique que le nôtre, les gens sauront goûter pleinement aux grandes qualités de "La Dernière Piste".
Prophète de malheur :D
RépondreSupprimerLe vrai problème c'est que je l'ai regardé en ayant des critères "objectifs" en tête, au lieu de regarder pour ce qu'il est : un film à ambiance (réussi).
Il fait partie de ces films que j'aurais envie de revoir pour réviser mon jugement (Enter The Void en tête) et leur donner une seconde chance, ce qu'ils méritent car ils n'ont sûrement pas l'accessibilité et l'instantanéité des films que tu cites.