
Boxant d'apparence dans la même catégorie que le très bon The Wrestler, Fighter joue pourtant dans une catégorie bien plus joviale. Du drame, bien sûr, il y en a, mais ce n'est jamais larmoyant comme dans le film avec Rourke. Il est plutôt là, latent, transformé en second degré de tout instant. La misère, les errances et les déceptions sont occultés par la volonté de ne pas totalement s'apitoyer sur son sort pour plutôt asséner un bon coup de tatane dans la fourmilière.
Comme prévu (ouï dire, interviews, récompense...), Christian Bale est impressionnant de justesse toute exubérante, jusque dans ses mimiques buccales. Une fois encore, sa transformation corporelle n'est pas accessoire, et l'acteur laisse sa doublure capitonnée au vestiaire pour pleinement s'insérer dans son costume bien serré. Sa bonhommie qui transpire l'humanité donne immanquablement l'envie d'adhérer à sa cause, même s'il arrive qu'au-delà du gai luron qu'il incarne, on voit de nouveau l'acteur possédé du Machinist. En tout état de cause, Mark Wahlberg passe à côté, et à tort, pour un acteur fade, car il est indéniable que son rôle lui impose la réserve. Du coup, on peut dire sans se tromper que ce rôle est tout taillé pour lui, à des bornes et des bornes du semi-craquage nommé Max Payne.
D'un point de vue purement esthétique, l'alternance entre les moments de gloire ou de honte affichés sur le ring détachent la réalisation habituelle de son giron pour la faire entrer dans celui de la représentation « brute » télévisuelle. Ce mélange doux-amer est bienvenu pour remotiver l'intérêt et faire vibrer l'audience devant des combats des plus réalistes. De cette manière, le confirmé en prend pour son grade et le profane ascendant amateur s'invite au fond des gradins pour tâter l'odeur du sang et de la sueur.
Et pourtant... Après la séance, on se demande quand même si la vie d'une star locale qui a viré sa cuti pour la drogue justifiait la réalisation d'un film. Dans la forme, ce dernier se focalise principalement sur les pitreries de Dicky, quand Micky se cantonne à imiter Rocky pour remporter le titre de champion du monde. Versant dans la comédie dramatique, Fighter est donc comme qui dirait un peu le cul entre deux chaises. D'un côté, le périple d'un jeune boxeur en mal de victoires fait accomplir au film son petit bonhomme de chemin de manière assez classique alors que de l'autre les frasques d'un junkie tapent sévère dans le mille pour susciter le rire. Globalement, qu'on aime ou pas, les deux s'entrechoquent donc pour créer une tablette 2 en 1, qui lave plus blanc que blanc ; parce qu'après tout, n'en déplaisent à la communauté asiatique du film, « ils font toujours ça entre eux », comme dirait l'autre...
 
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