Le film de 1967 est
à peu de choses près un savant mélange du Salo de Pasolini et du Mépris de Godard. D'un côté, la perversité est là, latente, mais ne se fait jamais aussi grossière que dans les 120 journées de Sodome ; et de l'autre, le thème de l'adultère et de l'amour infidèle est traité avec esthétisme et raffinement. C'est bien cette dichotomie jouissive qui a fait accéder au statut de « classique » et fait aujourd'hui regretter que des films de cette trempe ne se fassent plus. Cette liberté d'esclandre et d'ostentation serait presque inconcevable dans le cinéma français d'aujourd'hui, exposé aux yeux de tous. En comparaison, ce dernier donne la fâcheuse impression d'avoir régressé dans le sens d'une morale puritaine et insipide importée des Etats-Unis.
L'interprétation par trop théâtrale et finalement « vieillote » peut dans un premier temps irriter, mais la mise en scène est suffisamment « fraîche » et inventive - à l'instar de Catherine Deneuve – pour contrebalancer. Les moments d'euphorie fantasmagoriques dignes d'un Pierrot le fou.
Classique, oui, mais jamais chiant. Cela peut avant tout s'expliquer par le fait qu'il ne s'agit pas tout à fait d'un film d'auteur. Le roman a dû être concassé en peu de temps pour n'en garder que l'essentiel. Ainsi, les plans s'enchaînent sans qu'il y ait nécessairement un lien de causalité suivi mais la diversité des situations et des environnements rend le visionnement agréable et court.
On trouve immanquablement des points communs avec le reste de sa filmographie, notamment Le journal d'une femme de chambre ou Un chien Andalou pour ne citer qu'eux. Cela n'est absolument pas étranger au fait que Belle de Jour confirme on ne peut mieux qu'il a le don de faire de la perversité et du vice des modèles de vertu cinématographique.
Pour faire court, alors que je m'attendais à perdre mon temps devant un énième film français galvaudé et surévalué, j'ai pris mon panard devant ce que j'estime être un grand film.
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