Dexter est une série « pomme chips » plus que respectable. Un épisode, puis deux, puis trois, puis toute une saison enfilée, jusqu'à l'écoeurement... De la saison 2 qui par la force des choses donne à réfléchir entre deux big macs ingérés au coin d'une rue sordide où le « Ice truck killer » pourrait très bien sévir sur une femme de très petite vertu. Des questions assaillent le jeune consommateur infesté au Nutella : ne suis-je pas en train de regarder un énième plaidoyer en faveur de la peine de mort qui s'assume plus ou moins ? Ou suis-je encore une fois en train de regarder une itération du mythe du vengeur masqué, entre Zorro et Batman, derrière lesquels trône l'inébranlable droit à la self-defense dans un pays républicain bâti sur une montagne de sang ? Pas que les petits français de Plus Belle la Vie soient exemplaires, non, loin de moi l'idée... Mais Dexter est de ces séries qui laissent un petit arrière-goût de merde après qu'on ait pris grand plaisir à en manger en toute frénésie.
Alors, dans le fond, je suis un disciple de bien mauvaise foi, mais je ne peux m'empêcher de penser que Dexter est un phénomène générationnel bâti sur un buzz comme peut l'être How I Met Your Mother de l'autre côté du Rubicon. Les rebelles cyniques et pervers regarderont Dexter, tandis que les conformistes populaires se gausseront devant le nouveau Friends. C'est schématique et manichéen, mais ça a le don de trancher une série qui s'enorgueillit d'à la fois démocratiser, et surtout déculpabiliser l'immoralité pour en faire un produit de supermarché « bright and smile mais pas trop » que tout petit voyeur peut consommer entre amis avec le sourire narquois de l'autosuffisance.
A ce pamphlet parfaitement objectif on pourrait rétorquer qu'il ne faut surtout pas occulter l'humour noir qui gît profondément dans les entrailles de la bête. Et je ne pourrai qu'acquiescer, tant le postulat de base est énorme pour passer au premier degré. Cependant, c'est parce qu'on sait aussi que les couleuvres ont toujours tendance à mieux passer lorsqu'elles font plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre que l'on ne peut que se détourner d'une série qui attire les adeptes du « on veut du sang ! » stérile et anémique. Et puis, ce n'est surtout pas sa forme, qui par essence ne privilégie pas le comique, qui fera dire que Dexter est la nouvelle comédie noire en vogue ; même s'il est évident que le contraste entre le protagoniste vide d'émotions et l'entourage grouillant et purulent de bons sentiments a le mérite d'être cocasse.
Alors, parce que j'ai moi aussi tendance à tourner en rond comme une série qui banalise les meurtres en série pour en faire une routine aliénante, je conclurai en disant que le nouveau produit « classe » ne démérite pas par ses qualités de mise en scène et de maintiens du rythme et du suspens. Toutefois, c'est parce que cette série mise pas mal sur l'évolution contrainte des moeurs et le leitmotiv provoc' du « parce que tuer c'est cool » pour assurer son succès qu'elle ne mérite peut-être pas la trop grande attention que les strass et paillettes du bouche à oreille, qu'il soit réel ou virtuel (Internet), lui accordent.
C'était un message de Familles de France.
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