mardi 28 décembre 2010

Le locataire : Peeping Tom & Jerry.

Un locataire prostré, à la misère sociale et sexuelle. Folie et paranoïa caractérisent cet être isolé mis au premier plan à travers ses désirs et instincts réprimés... jusqu'à la folie. Cette dernière, et plus précisément la schizophrénie, est assurément un sujet rabattu au cinéma, car il ouvre un vaste terrain de jeu capable de légitimer une mise en scène débridée où le réalisateur injecte tous ses désirs les plus... fous. Et pour le plaisir, les coups de folie cinglants d'expressivité font tout l'attrait de cette fiction qui tend à se diluer dans le ronronnement quotidien du locataire, ultra-réglé et net sous tous rapports.

Côté acteurs, Balasko, Jugnot et Blanc sont engoncés dans des portraits qui ne leur correspondent pas habituellement. Ici, ils tiennent des seconds rôles tout juste bons à légitimer et renforcer les bases du cadre rêvé de la « ville lumière ». Et curieusement, La Capitale n'est pas rendue folle, tant l'obsession de la tranquillité, suintant la ruralité, est rarement contredite.

Les coups d'éclat d'un auteur inspiré sont nombreux, et transpirent à travers le locataire par le biais d'une mise en scène discrète mais astucieuse. A titre d'exemple : la quarante-troisième minute introduit une musique suave qui se superpose à l'action et est brusquement interrompue par un voisin frappant à la porte. Ainsi, ce n'est jamais que l'esprit dérangé et bouillonnant du protagoniste qui crée le désordre. Par conséquent, Le locataire n'est peut-être pas assez nerveux et incisif pour en faire un de mes films cultes ; et encore... Taxi Driver jouit bien du statut de « film culte » alors qu'il est les ¾ du temps chiant, mais cela est un tout autre débat... Toutefois, il est certain que sa malice en fait un excellent représentant du simulacre de l'universelle névrose des temps modernes.

1 commentaire:

  1. Une nouvelle preuve tout de même qu'un bon Polanski est un Polanski vieux. "Le locataire" n'a certes pas la force de "Répulsion", faute peut-être à une mise en scène qui a paradoxalement plus mal vieilli que celle de son prédécesseur. Mais ça reste un sacré film !

    Je ne te suis pas quand tu parles de "tes" films culte (sans s). Un film culte est un phénomène de société, c'est presque quelque chose d'objectif, et on peut rien y faire. Ensuite, on a tous des réticences par rapport ou tel ou tel film culte, c'est normal. Toi ça a l'air d'être Taxi Driver (parmi d'autres, sans doute). Moi, pour rester dans les mêmes eaux, je dirais... "Rosemary's baby", allez...

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