mercredi 10 novembre 2010

Filmantia


La grande fournée


  • Inglourious Basterds : Comment se réconcilier avec les Tarantinades. Alors que Boulevard de la Mort était une sacrée déception, IB relève sacrément le niveau ; même si le couple français de Mélanie Laurent et de son acolyte projectionniste donne terriblement l'impression d'avoir été trié sur le volet. Mais dans le cinéma comme ailleurs, rien n'est rose... Et surtout pas le CV de ces (douze) salopards (comprendra qui pourra... ou aura vu ?).

  • Requiem pour un massacre : Une fresque poignante du conflit qui opposa le troisième Reich aux bolchéviques. Vu du côté soviétique, l'horreur ne se pare jamais de visage mais se fait discrète. Dans la retenue et la lenteur, les combattants russes s'enlisent à mesure que l'oppression sourde accroit son emprise sur le spectateur. D'un gamin érigé en héros, les défenses du patriotisme et de la dignité humaine s'effondrent une à une. Pas une révolution mais une œuvre de cœur et d'âme. Finalement, que demander de plus ?

  • Les chroniques de Riddick : Désolé, mais un jeu de mots on ne peut plus facile s'impose : Riddicule... Eh oui, pas le choix, il est impossible de contourner cette facilité qui est, à l'instar des dialogues, d'une pauvreté sans nom. Si d'apparence l'univers fantastique peut être séduisant ; il n'en reste pas moins qu'on a affaire à une coquille vide... Jolie, certes, avec toutes ces dénominations obscures et capilotractées, mais vide... définitivement.

  • Violence des échanges en milieu tempéré : Comment ne pas penser à Ressources Humaines après avoir digéré ce nouvel instant de bravoure du cinéma français ? Captez l'ironie s'il le faut, mais il n'en reste pas moins que ce film de est une fois de plus un sermon infligé à celui qui n'en demandait pas tant... Tant il est repu de la « bienpensée » qu'il ne met de toute manière en œuvre que dans ses rêves les plus utopiques. Sont dépeints tous les affres qu'impliquent une ascension sociale à l'aide d'une somme de clichés finement dégrossis sur le règne individualiste du plus fort. Le fait est que si l'indifférence des uns crée le malheur des autres, l'emploi du septième art à des fins moralisatrices ne résoudra pas un problème qui demeure toujours d'actualité... Et restera éternel ?

  • Will Hunting : Un protagoniste animé par les foudres du génie ne donne pas toujours un film de génie. Bien que le casting soit sur le papier en béton armé : Matt Damon, Ben Affleck, Robin Williams... Le résultat est malheureusement loin de susciter l'émerveillement et favorise au contraire l'agacement. D'une part parce que la rébellion « en toute modestie » du nouvel Einstein est peu crédible, et d'autre part à cause de l'angélisme dont fait (encore (et toujours ?)) preuve Gus Van Sant. Il faut également noter que Williams rempile pour une suite maquillée (ou plutôt barbouillée) du Cercle des poètes disparus : même profession, même rôle de coach du dimanche. Alors, ce conte « extraordinaire » laisse le goût amer du sentiment d'être la victime d'une infantilisation de masse : Une histoire vraie ou [...]Amélie Poulain viennent immanquablement à l'esprit... En bref, on aime ou on déteste selon que l'on consent ou pas à être pris pour un neuneu.

  • La femme des sables : Ce qui frappe en premier lieu est le caractère intemporel de l'image ; très difficile de définir dans quelle décennie se situe le film. Par manque d'expérience du cinéma Japonais dans nos contrées occidentales ? Possible, oui ; mais les qualités indiscutables du scénario, de la mise en scène et de la photographie en font un cas à part. En effet, l'atmosphère confinée, largement mise en place par les violons inquiétants, confère un cachet horrifique à cet essai poétique. De métaphores en instants concrets, les péripéties créent une alternance entre le sens propre et le figuré. Constamment en dichotomie, le film doit se lire, au-delà du sens strict, en fonction de ses expériences.

  • Sous le soleil de Satan : Oh mon Dieu quelle déception ! La palme 87 ? Foutaises ! D'une, l'interprétation façon vieille école théâtrale y est insupportable ; et de deux la critique implicite de l'ignorance dogmatique masque difficilement un scénario qui ne mène nulle part. Ne reste que Depardieu, qui demeure le plus « naturel » ou plutôt le plus convaincant. En dehors de ça, les péripéties sont au choix plates ou inexistantes, et aucune incitation à la réflexion n'émerge de ce long calvaire dénué de vie.

  • Sympathy For Mr. Vengeance : Et encore une belle leçon infligée par un cinéma efficace à la japonaise. Comme ses voisins de rayon (et à l'inverse des productions de Nolan ?), il ne s'embarrasse pas de verbiages pour faire avancer le schmilblick. Toute l'intensité, la beauté et oserais-je dire la « classe » de ce cinéma d'action réside dans un mutisme que la mise en scène magnifie à elle seule. Des idées de cadrage qui pleuvent, une multiplicité de plans dont la diversité n'a rien d'inutile ou d'outrancier font reluire les personnalités « émergentes » des personnages. Pour faire court, tout donne l'impression d'avoir été savamment pensé et calculé ; comme si les rouages de la machine avaient été parfaitement huilés afin qu'aucun mécanisme ne soit grippé par l'apparente absence d'originalité du scénario. En effet, s'il s'agit encore une fois d'une histoire de vengeance, et plus précisément de plusieurs, la forme respecte et sert tellement le fond qu'on ne peut que s'incliner devant un tel déballage millimétré de finesse sanguinaire offert à nos yeux ébahis. (On veut du sang !)


Le souvenir sorti des cartons :

  • Breaking The Waves : Huis-clos compartimenté en chapitres, il est un fier représentant dans la filmographie de Lars Von Trier. Un peu comme dans un Dogville (postérieur), l'accent n'est pas non plus mis sur la diversité des contrées visitées mais plutôt sur la règle théâtrale classique de l'unité de lieu. Alors que la plupart du film se déroule sur une île et autour d'un jeune couple, l'élément perturbateur va préparer puis amplifier les horizons respectifs du spectateur ET des êtres à l'écran. Par amour, puisque ce film traite avant tout de cela, le couple va être amené à pervertir sa liaison nouée par les liens sacrés du mariage. Mais ce manque d'exemplarité au regard de Dieu se fait bien évidemment au nom d'un bonheur Terrestre qui se veut réciproque et qu'ils sont tous les deux amenés, puis contraints, à éprouver par procuration. Pas clair n'est-ce pas ? C'est qu'il ne faudrait pas que je dévoile toute l'histoire, qui au final ne tient qu'à un fil comme leur amour, tragiquement amputé par le destin. Pour sûr, pour une fois qu'un film du genre fait autant preuve de sobriété et de sérénité dans le déploiement des passions, on a irrémédiablement envie de prendre part à la démonstration jusqu'à son terme.


La deuxième séance :

  • Princesse Mononoké : L'ode la plus écologiste de Miyazaki n'a pas pris une ride. Même si la technique peut paraître moins abouti que dans ses dernières réalisations, le résultat est toujours exempt de défauts et le régal omniprésent.



Billet réalisé en écoutant « The Den » de Sugartown Cabaret, en boucle, en boucle ; encore et encore... Impure Whilelmina ? Sûrement pas.


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