
Redécouverte, et nouvel effroi. Et pourtant, plus de surprise face à la bête que l'on connaît dorénavant sous tous les angles. Mais on aime toujours à s'y frotter, avec délectation, quand on sait le plaisir de courte durée mais intense. Aux environs d'une heure, l'immersion est totale quand les assauts de l'armée sonnent en pure perte le déclin d'une civilisation. Post-11 Septembre, le monstre des profondeurs résulte d'une psychose qui a enflée dans l'imaginaire collectif d'un seul homme :
Matt Reeves. Partisan du grand spectacle, il fera de sa thérapie une affaire sur la place publique. Pas mécontents, les spectateurs peuvent donc à loisir profiter de la verve fantasmagorique d'une sonde à influences autant touchée par ses phobies enfantines telles que
Godzilla que ses nouvelles psychoses d'adultes fournies par les médias et leur cohorte d'apprentis terroristes de l'information. Echos de bombes tapissées en explosions assourdissantes sur le sol Irakien, guerre de terreur pour anéantir l'assaillant avec les mêmes armes, le film est allégorique d'un combat perdu d'avance. L'ennemi, sournois, imprévisible, masqué, ne prévient pas, tapi dans l'ombre, jusqu'à ce qu'on lui donne un nom pour le révéler à tous ces esprits subitement apeurés, paniqué et n'ayant désormais que le songe d'une cible à abattre comme seul point de mire. Mais la fuite, plus forte que tout, fait converger ces rats enfermés dans les tunnels de leur existence vers une espérance illusoire. Domptés et pourchassés par des prédateurs uniformes contre lesquels ils ne peuvent rien, ils convient nos peurs les plus primaires à s'insérer dans un monde d'images dont les convulsions frôlant l'hystérie de masse manifestent l'état grabataire d'une société moribonde. Épileptique, elle vit ses dernières heures, caméra à l'épaule, dans un ultime refuge : le virtuel. Nous, contemplons ce que nous sommes, consommateurs de malheurs dont l'eschatologie nous est livrée sans prêche moralisateur. Simples observateurs, nous tirons nos conclusions, parmi des thématiques pourtant déjà rabattues.
L'état de siège, d'urgence, l'animalité aux abois et la lutte pour la survie... Autant de retours à l'état de Nature qui semblent être une concentration de lieux communs. Et pourtant, on se laisse prendre au jeu, toujours de la même manière, piégés dans ce trou, tant la machine infernale fonctionne à plein régime. Toujours tentés de nous laisser prendre au piège par le subterfuge aguicheur de la vraisemblance, nous nous laissons docilement ravir. On est effectivement subjugué par cette sensation de réel qui nous pénètre quand l'objecteur de réel n'est autre que l'œil naïf d'un personnage dont les modestes moyens sont logés dans un dernier élan au sein d'une place forte dont le fanion flotte comme un testament, j'ai nommé la mémoire du spectateur. Imprimée à jamais, elle prend pourtant un malin plaisir à se piquer d'un rappel qui ne lui fera d'autre mal que la vacciner pour les anthologies dramatiques à venir, et ce sans autre effet secondaire que la gueule de bois d'un cataclysme intestin dont les dommages collatéraux se ressentent plein les yeux.
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