dimanche 18 avril 2010

Alice au pays des merveilles (Tim Burton)

Pas d'image : pas la peine.

Mitigé. Le cul entre deux chaises. Je pose les bases pour que vous compreniez bien mon sentiment. Déçu, désappointé, désabusé. Tim Burton a littéralement édulcoré son univers pour perdre une part de sa personnalité. Noyée dans l'univers naïf et puritain de Disney, il en ressort que le réalisateur s'est compromis, fourvoyé, oublié. Si ce n'était que cela, on pardonnerait ce mélange doux-amer qui ne frappe pas. Mais la facilité, au contraire, s'immisce dans l'affaire, et rompt définitivement le charme qui aurait dû opérer à l'écran. Du Tim Burton pur jus sans éclat, sans innovation, sans génie, et de surcroit délayé, épuré par le grand manitou totalitaire Disney. Vous voyez le tableau ?

Donnez-moi un Johnny Depp fantasque qui sonne déjà vu : Charlie et la chocolaterie en bonne place sur les starting-blocks, croisé avec le capitaine Sparrow de Pirate des Caraïbes ; soit l'alliage parfait entre les deux mondes que je dépeignais auparavant, pour le plus grand succès assurément obtenu au box-office. Donnez-moi une jeune fille innocente en proie à une crise d'adolescence qui lui fait vomir sa noblesse, mais (cependant) toujours avec chic et délicatesse, Disney oblige... Et dotée d'un agaçant doublage mille fois entendu et neutre au possible. Pour peu, il suffirait de fermer les yeux pour imaginer une héroïne de Narnia ou une Hermione dont je tairai la parenté.

Toutefois, il faut rendre à César ce qui est à César et donner du crédit à la remarquable prestation d'actrice tout aussi remarquable que la voix française de la tête d'ampoule, j'ai nommé la « maudite princesse grosse tête ». Décapante, elle contraste à merveille avec son serviteur obscur dont les froides aspérités, alors qu'elles devraient être glaçantes d'effroi, sont extrêmement fades. Pour les chocolats Vosgiens, on repassera... Aucun charisme, un stéréotype du méchant rabâché et sans personnalité... Soit, on baigne toujours en eaux territoriales, sans jamais franchir la ligne de démarcation, surtout, car il ne faudrait pas dévier d'un iota d'une résolution qui nous est grillée dès les premières minutes de film.

Le jour fatidique annoncé comme la résolution, puis attendu pendant des minutes qui semblent conséquemment longues, est résolument le fardeau comme la malédiction de tout ce film. De son emprise, il fait traîner en longueur tout un scénario dont les pauvres ramifications mettent à l'honneur le gimmick des bois morts chéri par Tim Burton. L'on ne s'ennuie pas pour autant, mais on navigue en terrain connu, en arpentant les répliques comme de douces vagues qui nous bercent et nous font dériver vers la fin, sans qu'on ne prenne jamais véritablement part à l'action commune tranquillement déroulée à l'écran. Comme on pouvait s'y attendre, un divertissement familial qui endort les foules pour qu'elles passent un « bon moment » sous méthadone, à l'abris des bombones de gaz carabinées du Tim qui a perdu sa moitié en route. Où sont les Sweeney Todd, From Hell et Sleepy Hollow ? Aux oubliettes, au cachot, dans ces douves aux visages flottant à la surface d'un château supposé maléfique dont le rouge écarlate ne fait que mettre en exergue la domination des formes familières du féérique exemplaire de Disney ; seul véritable à posséder insidieusement le malin en lui. Reconnaissons qu'il a bien joué son coup, car sa malignité insidieuse et fourbe a failli m'emporter dans la tourmente. Malheureusement, une esthétique chiadée comme léchée, aussi agréable que convenue soit-elle, ne suffit pas à métamorphoser un film en une empreinte indélébile...


1 commentaire:

  1. Décevant pour un Tim Burton. Mais bon, pas surprenant pour une production Walt Disney ...

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