
Mais pour ce qui est de sonder l'Humanité, le film se charge à merveille de la fouille au corps, en représentant caricaturalement tous les types les plus tordus de la fosse américaine. La comédie prend évidemment le pas sur le réalisme, quand ce conglomérat de dealers, de pervers, de salopes, de fougueux, de victimes, de coincés, j'en passe et des meilleurs, entre joyeusement en collision au sein d'un microcosme dont les stores clos par des chewing-gums fourrés dans les serrures emprisonnent un peu plus ce petit monde consanguin sur lui-même.
Et pourtant, qu'est-ce que ce monde nous est familier, tiré par les cheveux comme il est, mais perdu dans une ville moyenne que nous ne connaissons que trop, celle de la précarité et des échecs de l'humanité face à de trop grandes attentes, issues de l'extérieur comme de notre for intérieur. L'idéal à bout de bras, plongé dans un récital de répliques et anecdotes toutes plus saugrenues et cultes les unes que les autres, confère à ces jeunes oubliés une richesse inestimable que le monopole des beaux-quartiers qui les a enfantés ne peut pas même imaginer. Cette richesse, c'est aussi l'amitié, rien que le fait de pouvoir compter sur une épaule sur laquelle se reposer, une figure morale sur qui rebondir pour confronter sa propre personnalité à autrui, et ainsi évoluer vers, peut-être, un utopique meilleur. Mais alors les illusions, quand elles s'agglutinent autour de l'indécrottable couple d'acteurs inimitable, ne peuvent longtemps résister à leurs regards acerbes, qui gagnent en puissance et intensité à mesure qu'ils interagissent et mêlent leurs existences déchues. Exit les espoirs d'amours juvéniles signés dans l'éternel, adieu le repli sur soi pour se complaire dans la lamentation de sa propre condition... Ne subsiste que l'unité d'un duo de choc autour duquel gravite des personnages secondaires qui constituent les instruments initiateurs d'un comique tenu de main de maître par un pot de terre et un pot de fer devenu pot pourri. Le nombril jeté aux oubliettes, tout tient comme vous l'aurez compris dans la fusion de cette paire de destins qui n'est pas sans rappeler que le monde fonctionne bien en binôme, ne serait-ce que par la forte propension à la représentation de nos parties érogènes à l'intérieur du film.
Souvent ras la ceinture, le message satirique est pourtant largement frais. Bien qu'échappé des années 90, il retentit à nos oreilles non pas comme un écho lointain mais comme le murmure d'une frange de la société en sempiternel déclin qui ne trouve son exutoire qu'en l'entraide et l'interaction sociale seuls à même, si ce n'est d'atteindre le bonheur, d'y tendre devant l'éternel.
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