dimanche 19 février 2012

GTA IV - The Ballad Of Gay Tony (CB#1)


Editeur : Take Two
Développeur : Rockstar North

Plateforme : PS3
Mode : un joueur
Temps de jeu : 2h environ
Appréciation : moyen.



Un peu de tautologie
Pour commencer, il est amusant de constater qu'on s'étonne toujours qu'un moteur graphique qu'on considérait comme "tuant la gueule" puisse vieillir, même si nous aussi, on vieillit... Et qu'on devrait donc être au fait de ce genre de choses. Et pourtant, c'est un fait, les textures ne sont plus aussi belles qu'avant et le niveau de détail est plus faible que dans mes souvenirs. Le temps fait son effet, certes, mais il est aussi bien difficile d'essuyer le revers de la concurrence. 

GTA Meets Batman
http://deadendthrills.com/?tag=open-world

De l'exutoire au complexe du vide
A force d'itérations conservant la recette qui a fait le succès de la série sans jamais vraiment changer d'orientation narrative, les louanges d'antan peuvent laisser place à la lassitude. Voir une formule de jeu bac à sable "bad guy", politiquement incorrecte, qui prône la liberté d'action mais qui par ses ambitions démesurées ne peut se tenir à son programme mégalomane, du fait des limitations techniques d'une console, imposant un minimum de fluidité et de beauté graphique. 

En cela, Rockstar contraint par conséquent le joueur à ressentir un vide paradoxal. Dans une ville (New York) censée être bouillonnante, grouillant de vie, le joueur est comme touché d'un mal rare, celui du membre fantôme, d'une amputation, à son insu, qui lui fait ressentir l'environnement gigantesque dans lequel il évolue comme un immense désert de poussière, habité de poupées de chiffon qui se promènent au gré du vent et qui contribuent à renforcer l'emprisonnement du joueur dans sa solitude vidéoludique. 

Si seulement l'épisode créait plus souvent la surprise en permettant de rentrer dans des bâtiments, comme le proposait San Andreas, pour customiser son personnage et s'impliquer davantage dans sa peau en le personnalisant, autant dans son apparence que dans ses compétences. Mais non, il fallait que GTA IV saute le pas de la nouvelle génération, quitte à faire un pas en arrière en termes d'avancées ludiques, pour maladroitement suivre la voie du "réalisme". 


A game design aride, gameplay aride
Comme on le sait depuis longtemps déjà, GTA touche à tout, se frottant  à beaucoup de genres pour tenter de parfaire son jeu "parc d'attractions" : jeu de combat, jeu de course, TPS, simulation de vie etc., mais les heures passées à la manette n'effacent pas le sentiment qu'il fait le job en demi-teinte, en vrai dilettante. Prenez les combats MMA (Mixed Martial Arts) qui font leur apparition dans cette "extension" de GTA IV. Sans technicité, ils se résument à appuyer frénétiquement sur deux touches, sans trop réfléchir, jusqu'à faire face à des adversaires qui se sont lâchement équipés d'armes blanches. C'est amusant, un temps, comme un mini-jeu dans une compilation de WarioWare, mais ces phases utilisent un gameplay qui reste le même tout au long de l'aventure, et qui met rudement à l'épreuve  ses tripes pour en dévoiler ses failles. Et quand on y est confronté, impossible de passer à côté de l'évidence : c'est mou, très mou, et le pire c'est qu'on n'a pas encore passé le cap de la nouvelle génération de consoles avant de s'en rendre compte.


Ca bande mou
GTA V sera l'occasion de faire une légère retouche graphique, mais qu'adviendra-t-il du gameplay ? En l'état actuel, il est certain qu'il se fera bâcher s'il ne corrige toujours pas ces gros problèmes de baisse de framerate très récurrent et plus globalement de gameplay mollasson et lourdingue à 20 FPS (troll) qui mériterait de prendre de la graine d'Uncharted. 

A vouloir trop donner dans le beau, l'animation en est pataude, rigide, très peu fluide et même frustrante. Les gunfights en pâtissent forcément, même s'ils sont clairement conçus pour ne pas trop mettre les nerfs du joueur à rude épreuve. De là à dire que le dernier intérêt de GTA réside en son insigne réputation de bon film de gangster, c'est beaucoup dire, et on n'est pas non plus du côté d'un Heavy Rain.  

La narration en temps réel le montre bien : il m'est toujours impossible de suivre une conversation embarquée en anglais et de conduire en même temps. Les sous-titres au bas de l'écran ne sont pas une solution : faudrait-il que GTA soit doublé ou Rockstar préfère-t-il compter sur l'américanisation du monde dont ils parlent tellement ?


Welcome to the American Dream
Car c'est aussi ça, GTA. Un discours politique progressiste et démocrate très satirique qui cache un jeu ; à moins que ce soit l'inverse (oO?). Le grand rêve américain y est toujours épinglé avec les pincettes dans les poches. La crise mondiale s'annonçait, avant l'heure, dans ces discours sur le chômage, la petite délinquance et le grand banditisme. GTA choisit le camp de la caricature pour révéler un malaise, appuyé par des phrases anodines mais pas assassines lues et entendues ça et là, comme "ne travaille jamais dans les ressources humaines, on te traite comme de la merde" (dans un mail, au fin fond de l'Internet du jeu, en l'occurence). Si la parodie du banditisme est bouffonne, amusante, elle est aussi grave, en filigrane, et redonne à GTA son intérêt, en nous rappelant pourquoi on l'aime, finalement. "Plutôt crever que travailler à Burger Shot" (équivalent de McDo). 

Comme d'habitude, je serai présent pour l'arrivée du cinquième rejeton légitime d'une longue lignée de diablotins du capitalisme.

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