jeudi 7 avril 2011

Winter's Bone : Vive les os d'hiver.

Winter's Bone est ce qu'on peut appeler un film à ambiance. Un film « semi-contemplatif » même. Qu'à moitié, car à vrai dire il n'a rien de la « beauté » culturelle qu'on vante tant parmi l'intelligentsia. Dans cette apparente laideur, l'une des plus grandes beauté réside dans une interprétation qui ne fait en aucun cas chavirer la barque à flot dans laquelle est bien malgré lui collé le spectateur.

A y voir de plus près, il est même l'unique film d'horreur à prendre vraiment du crédit au fil de l'aventure. Dans le genre, on peut penser, de loin, à un Calvaire français pas forcément super assumé qui pouvait faire se dresser les zygomatiques. En trompe-l'oeil, la satire sociale de Gummo nous fait de l'oeil en trainant à l'affront de nos chastes yeux ces proto-zombies. Et en parlant de zombies, on pense justement aux films Rob Zombie à la vue de ces « rednecks » enfournés dans ce cadre sauvage planté au milieu de nulle part.

Et le scénario alors ? Eh bien... Il tient pour ainsi dire à rien du tout. Dans le sillon germain de Fighter, l'intrigue est ficelée avec des gants de boxe. Il faut donc croire que la « petite histoire » n'est pas le point fort du film, et que pour aller plus loin encore, elle est somme toute méprisée par la réalisatrice. Au lieu de ça, elle préfère refaire le portrait d'une Amérique profonde moins bovine que dans Délivrance, mais tout aussi barjot et inquiétante. Ainsi, en s'inscrivant dans la suite affinée du succès critique de la réalisation de Boorman, Winter's Bone s'avère, en toute subjectivité mal de foi, pas franchement mémorable.

Au rang des acteurs, on retrouve une collection de seconds rôles croisés dans des séries ou dans d'autres films absents du top des charts. A la proue, l'actrice principale a au moins le mérite d'apaiser de tout son charme, et amène pour le coup une autre touche bienvenue de beauté dans cet océan grisâtre à s'en débecter. Qui a dit La Route ? On n'en est en effet pas trop loin tant la laideur superficielle sus-citée constitue leur lien de parenté. Dans cette demi-teinte pas vomitive, l'audience est globalement séduite donc, persuadée, même, mais pas convaincue.

Bon mais pas mirobolant, Winter's Bone a le mérite de faire réfléchir les psychologues et autres sociologues de tout poil en exposant le cas social d'un patient isolé et frustré. Une souris de labo ? Ni plus ni moins. Ree , c'est le prénom de l'héroïne, est le sujet d'une expérience qui tourne mal et qui pourtant laisse planer l'ombre d'un doute dans un No Man's Land où tout n'est qu'affaire d'impunité. Une allégorie de la conquête de l'Amérique ? Une représentation de ses fondations ? Une image d'épinale de la politique dominatrice qu'elle mène encore à l'heure actuelle ? Des questions, le film en pose, en laisse de côté, et en repose ; parce que sa force est avant tout de susciter l'incompréhension.

Pour sa défense, on peut arguer que je ne l'ai pas vu trois fois, et que je n'ai donc sûrement pas capté tous les axiomes qui font de ce film qu'il est ultime. Mais en engageant toute ma volonté et ma bonne foi, je sûr et certain que la bobine gagne en corps et en âme au fil des visionnement. En définitive, comme l'argumentaire crevé servi ci-présent est à revoir, Winter's Bone est assurément à voir...

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