
Soirée éclectique pour journée épuisante. Sans vous faire l'inventaire de ma trépidante vie, je reste dans le vif du sujet pour être plus à même de plonger au coeur de la bête. Logée au Cargö, elle a rugi de toutes ses forces dès l'entame nommée L'Atelier Composite qui laissait libre et large expression à la Princesse Rotative et à ses ouailles. L'atelier, composé de multiples court métrage, se proposait, à partir d'un minimalisme photographique, de nous conter des histoires malsaines et vicelardes comme tout père digne de ce nom raconterait à ses progénitures au moment de leur coucher. Alors, tous au lit, au son de la berceuse Zoft, qui pour le coup n'a rien de soft, et laisse même de nombreux séquelles dans l'âme de l'amateur de musique binaire tout retourné de cette expérience fraternelle. Fratrie incestueuse guitare-batterie donc, qui confirme l'adage selon lequel à deux, c'est mieux, définitivement. Pas besoin de se prendre la tête à déchiffrer davantage que les salves de notes essaimés par la guitare, et le grondement en écho d'une batterie qui claque comme un fouet achalandé contre le sol d'une mosquée concave. Ca vibre de partout, la taule se froisse et les crânes se plient de ce fracas rédempteur. On exulte, et on repère du Meshuggah par-ci, de la folie math-rock plus conventionnelle par là... Toujours en s'en prenant plein la tronche, passez-moi l'expression, avec le grand sourire béat de l'homme qui a une bonne tête de vainqueur à la présentation de sa collection de maquettes en allumettes. Du feeling à n'en plus ressentir, de l'énergie, du fracas, des blasts quand ça s'impose, du rythme et du groove, de tout ! Une révélation, point.
Puis vient la chute : l'expérience d'un maniaco-dépressif se joue sur scène, emmitouflé sous un bonnet aux allures de cagoule de la honte. Jean-Paul Dub débarque et va faire un malheur... Auprès des donzelles. Sans vouloir paraître sexiste, il faut avouer que la gent féminine était bien plus portée par la valseuse Soupe aux Chouxienne de sa papauté que la frime mécanique toute masculine. A nommer sa soirée « Speed Dating », il fallait s'y attendre... Et pour faire toutes les déceptions de la soirée dans la foulée, il faut évoquer Digital Drive, qui a eu le mérite de faire remuer les popotins et soupirer tout le dioxyde de carbone des cyniques en (mauvaise) herbe. Pas de quoi fouetter un chat, plutôt de quoi se calmer les nerfs sur les grincheux qui le précédait : Comité Défaite. Parfaitement sus-nommés, leur musique enchaîne les défaites pour révéler la beauté de leur âme humaine. Sans concession, leur musique est un joli majeur Folk dressé à l'encontre d'une industrialisation toujours plus massive de la production clubique à laquelle on a pu avoir affaire avec Digital Drive mais aussi avec le tout dernier arrivant : Quebrus. Pas que les Comité Défaite respirent l'intelligence et le syndicalisme forcené, non, on se rapproche davantage d'un Didier Super avec des convictions écolos et un esprit citoyen revendiqué, qui prendrait la peine de s'essuyer les pieds et le derrière avec sa propre production 100% molletonnée et roulée sous les aisselles. Les Comité Défaite se moquent d'eux-mêmes, se font donc rire, et le communiquent à merveille au public qui y adhère, parce que quand il y a bien « ça d'air », ça adhère.
Ouf ! On respire, quand apparaît Pneu qui remplace au pied levé l'entrebaillante incartade « Electro Hip-Hop » (selon le syndicat du Cargö) ou plutôt « Clubic Dancefloor » (selon le syndicat de police municipal du Moimème) de Digital Drive pour crever tous les plafonds. A fond les ballons, Pneu déroute autant qu'il assomme ses passagers sans laisser de roue de secours. Garez vos enfants, la caravane du Tour de France passe en grande pompe ! Pas le temps de voir défiler les minutes, le groupe assène les coups de butoir, fait du rentre-dedans concret et rédhibitoire pour débouter nos pare-chocs. La misère, nous qui avions pris tant de soin et d'économie à les échafauder... Mais tant pis, on accepte de prendre des coups pour mieux redresser notre carrosserie qu'on fera réparer par un ex-taulard Zoftien tout droit sorti du mitard Pneumatique. Parce que l'école a servi à l'apprenti pour se faire passer maître, la large victoire de la roue sur l'eau laisse un goût amer que l'on relativisera cependant en approchant la main droite de notre joue située du même côté. Ca picote, c'est tout frais, pas de doute, Pneu a fait son effet.
En somme : une sommité qui a pu perdre de sa pression par un Zoft qui ne s'est pas dégonflé et a tenu course en tête jusqu'à l'arrivée du champion en titre. De beaux souvenirs, un duo de choc, ils étaient faits l'un pour l'autre, parce que deux et deux font quatre, et que tous réunis ils formeront la plus belle écurie du monde.
Une fois de plus, merci PTD !
Je dirais même plus : PTD, c'est dans l'R ! (du temps)
Sans oublier l'essentiel : environ une demie-heure de prestation par groupe, une alternance entre une scène placée au coeur du public et la scène du Club et surtout, du bruit à s'en rompre les tympans en compagnie de nos garagistes favoris.
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