lundi 8 février 2010

Metronome Charisma - Notre amour est assez puissant pour détruire ce putain de monde (Overcome)

Je ne sais pas si c'est s'emballer que parler de force dramatique pour décrire cet album. Peut-être que je m'engonce dans de l'aluminium pour me couvrir de ce que je n'ai pas compris. Car cet album, je l'ai senti mûrir en moi, et j'ai d'ailleurs eu besoin d'une période de gestation assez inhabituelle, à le triturer dans tous les sens, pour enfin obtenir le diagnostic final.

Phase terminale : ce disque est abouti, je dois en convenir, et l'avoir descendu en flèche lors des premières écoutes ne m'a pas été d'une grande aide afin de trouver la vérité dans cet océan d'écumes belliqueuses. C'est que le groupe ne nous rend pas la tâche facile : 14 morceaux pour 40 minutes environ, soit des titres qui s'enchaînent sans même s'en rendre compte, assurant donc la continuité de titre en titre, tout en troquant de temps à autres, en catimini, l'uniforme du chef contre la toge abbatiale. Un parcours de santé au son d'un piano à tendance « cliché » plage quatre, qui aurait pu baliser le terrain - s'ajoutant au titre de l'album et de certains morceaux - pour l'objecteur de conscience dubitatif que j'ai pu incarner pendant deux à trois écoutes.

Mais une fois dépassé ce stade, de la même manière qu'on a enfin compris la nécessité du chant et de ses quelques gimmicks récurrents qui peuvent agacer, on perçoit enfin l'ossature hybride, entre le ciment et le terreau, d'une fondation érigée avec force et conviction le temps d'un orage, mais pas branlante pour un sou pour autant. Plus que convaincant, le Hardcore chaotique, ou encore Mathcore, lorgnant parfois du côté du Sludge, Postcore voire Drone (pour le bouquet final) trouve son achèvement dans la détermination des futurs Year Of No Light à transformer l'essai qu'ils ont chiadé sous toutes ses coutures à la rédaction – n'écoutez que le premier morceau pour vous assurer que l'embryon est déjà dans l'oeuf et ne demande alors que maturation. Evoquant pêle-mêle les voisins belges d'AmenRa, eux-même bercés par le syndrome « Cult Of Isis » - comme dirait une (mauvaise) langue – ou encore pour votre plus grand malheur feu-Mihai Edrisch et sa sensibilité exacerbée au point d'en devenir horripilante.

Bien plus qu'un disque enragé, emporté par la fougue, cet hommage à Botch et consorts laisse le champ libre à des musiciens déjà experts en la matière qui ne savent que trop bien mêler un ciel bleu d'été éthéré aux intempéries les plus impromptues, planifiant ainsi des accalmies pas malvenues, qui aèrent par la même occasion le ciel parsemé de nuages noirs regorgeant de gouttelettes prêtes à s'exiler. La foudre frappe, pour commencer, puis s'échappe la mélancolie d'un rideau de cordes auxquelles se rattache l'auditeur en cas de perte définitive d'espoir. Alors renaît la beauté naïve, et la noirceur de l'enrobage cède à la clarté d'un édifice aux fissures comblées par le contentement de l'amateur.

Soit, une fois le brouillard dissipé :

1 - Une sombre déception lorsqu'on se limite à l'aspect brut de décoffrage, pas assez percutant pour rivaliser avec les meilleurs.

2 – Un crédit supérieur conféré à un groupe qui fait preuve de suffisamment d'invention pour que la sauce prenne : écoutez, pour preuve, le 5ème et 8ème morceaux.

3 – Une adhésion plus que motivée par la sincérité avec laquelle le groupe déballe son assemblage de frustration et pourrait-on dire d'émotion refoulée pour s'extraire en une catharsis.


Une ascèse musicale, qui rappelle, loin s'en faut et loin sans mal, qu'aucune jouissance ne s'obtient sans effort.

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