Se moquer de la France d'en bas était l'apanage des amateurs d'une émission qu'il était de bon ton d'encenser, alors que le fond du problème n'était que voyeurisme et raillerie en cascades. Telles des hyènes on s'esclaffait de la bétise d'autrui, et il en est de même avec le cousin Big Brother made in Facebook. Entre deux, la télé-réalité façon Loft Story est passée par là, colportant son lot de voyeurisme assumé nauséabond. Aujourd'hui, Facebook prend le relai en glorifiant l'autosuffisance, cette autosatisfaction née de l'orgueil et de la vanité. Ces péchés condamnés par les religions glissées sur des rails, sont aux racines du plus grand outil jamais enfanté par le web 2.0. Et de ce remarquable outil, l'utilisateur (que je suis) fait naître des amitiés factices qui au mieux participent d'une vague relation menée par l'indifférence, ou au pire n'ont aucune appartenance avec le réel le plus concret. Ce constat amer, désabusé et foncièrement pessimiste n'est pas isolé. Il est même le plus répandu parmi les profanes et autres intégristes les plus virulents. Parmi ceux qui n'ont jamais pris la peine de se fondre dans la masse pour en comprendre les rouages intestins, ceux qui diabolisent le mal de l'extérieur par ignorance et peur de se voir floués dans leur conviction inamovible. Pas étonnant toutefois que le contrepoids se radicalise quand Facebook regorge d'exemples d'une débauche de mises à nu recouvertes d'informations toutes plus inutiles les unes que les autres. Avant on avait Strip-tease, maintenant on a Facebook. De la « désinformation » à l'acculturation, il n'y a qu'un pas, que s'apprête à franchir plus avant une génération entière. Cette génération n'est pas la nôtre, mais celle qui va naître au coeur de la bête, et qui pourrait bien être formatée par la dictature du tout-paraître numérique. Je ne cède pas au discours alarmiste pour autant, j'appose juste une mise en garde sur une perspective d'avenir peu engageante.
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